« Le nombre de banques qui acceptent de monter des crédits acheteurs de montant modeste, moins de 10 millions d’euros, est très faible : nous n’en voyons pratiquement jamais ». Christophe Viprey le patron de la Direction des garanties publiques de Coface confirme les récentes informations de la Lettre confidentielle du Moci (1) et fait écho d’une certaine manière aux propos tenu hier par Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, lors des Assises de l’industrie, sur la difficulté à d’accès à des financements export pour les PME et ETI (voir rubrique « Ils ont dit » de cette semaine). Tout en dévoilant les solutions alternatives actuellement disponibles que les entreprises doivent à présent s’approprier.
« Ce que nous essayons de faire, c’est de favoriser l’escompte sans recours de crédits fournisseurs, pour lequel nous pouvons désormais garantir les banques à 100 % : ce nouveau dispositif est en place depuis septembre, il rencontre un bon accueil auprès des banques » assure Christophe Viprey. Ce dispositif fait partie des réformes des garanties publiques annoncées le 22 mai, au moment du lancement de Bpifrance export. « Toutes les réformes annoncées sont aujourd’hui en place » ajoute-t-il.
Le 22 mai dernier, au moment du lancement de Bpifrance export (1) plusieurs mesures visant à faciliter l’accès des PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire) à certaines aides avaient été annoncées, notamment la garantie à 100 % des créances fournisseurs des PME et ETI dont le chiffre d’affaires est compris entre 75 et 150 millions d’euros afin de leur permettre d’escompter ces créances auprès de leurs banques, citée par Christophe Viprey. Une autre réforme également promise est aujourd’hui en place : la nouvelle police d’assurance unifiée pour la garantie des préfinancement export, comme cela existait déjà pour les cautions, afin de simplifier la gestion de ces aides par les entreprises mais aussi leurs banques.
Quant à la garantie rehaussée, qui doit permettre aux banques de refinancer plus aisément de gros montants de crédits export sur le marché, elle est aussi en place après plusieurs mois d’attente liée à l’engorgement des circuits administratifs : le décret a finalement été publié il y a un peu plus d’un mois. « Mais nous n’avons pas encore de dossier en instruction ».
Sur 2013, les bénéficiaires PME et ETI des garanties Coface en hausse de 20 %
Pour sa part, la ministre du Commerce extérieur a évoqué, le 6 novembre, une mesure visant à faciliter l’accès à des solutions de financement export court terme pour les exportateurs de produits courants, qui n’ont pas les même problématique que les exportateurs de biens industriels, ne serait-ce qu’en raison de délais de paiement plus courts. Nicole Bricq a annoncé qu’une mesure serait soumise au Parlement avant la fin de cette année dans le cadre de la loi de finance rectificative pour 2013.
Une certitude : les PME et ETI, quant à elles, semblent au rendez-vous. « Sur 2013, l’assurance-crédit export grands compte est plutôt stable par rapport à 2012 et n’a toujours pas retrouvé son niveau d’avant la crise de 2007-2008, mais elle est en augmentation de 20 % pour les PME et ETI, indique le patron de la DGP. Même chose pour les cautions et garanties de préfinancements export : les clients PME et ETI sont en hausse de 20 % ».
Quant à l’assurance-prospection, son regain de dynamisme, sensible depuis deux ans grâce aux nouvelles formules mis en place pour les TPE, elle ne se dément pas : « A fin 2012, nous avions 9508 bénéficiaires de l’assurance-prospection, aujourd’hui, nous atteignons 10800 : c’est un rythme de progression très élevé, avec près de 1500 entreprises supplémentaires chaque année » se réjouit Christophe Viprey.
Sa seule inquiétude : si les banques françaises sont bien revenues sur le marché, après avoir été un temps en retrait, laissant les premières places aux banques étrangères, elles ne semblent pas avoir retrouvé de l’appétit -ou des capacités- pour de très gros « deals ». « Sur des contrats de moins de un milliard d’euros, comme celui de la Royal Caribean Cruise Line au chantier STX, les banques sont là. Mais je reste inquiet sur les disponibilités en euros pour des projets de plus gros montants de plusieurs milliards d’euros ».
Christine Gilguy
(1) Relire dans La Lettre confidentielle n°74 du 24 octobre 2013 : Bpifrance export prépare des solutions pour financer les petits contrats export
(2) Relire dans La Lettre confidentielle N°58 du 23 mai 2013 :
–Bpifrance export s’attaque au millefeuille des aides
–Bpifrance export : Les 15 nouveautés qui vont booster les soutiens aux PME pour 2013