Olivier Becht, ministre en charge du Commerce extérieur et de l’attractivité, effectue du 10 au 15 décembre son premier déplacement officiel aux États-Unis. La promotion de l’innovation française dans le spatial, le commerce et les investissements seront au centre des priorités d’un agenda qui le conduire successivement à Boston, Washington, New-York, Austin et Houston.
Leur nom ne dit pas grand-chose aux non connaisseurs de la filière spatiale française, mais elles constituent toutes des entreprises d’avenir dans un secteur en pleine mutation, notamment aux États-Unis où la migration vers les acteurs privés se poursuit : The Exploration Company (construction de véhicules aérospatiaux), Lemma (système de propulsion électrique), Space Flight (médecine spatiale), Interstellar Lab (agriculture dans l’espace pour diversifier l’alimentation des astronaute), Share My Space (surveillance de l’espace, détection de débris), Medes (Préparation des protocoles à tester dans l’espace), Watt & Well (fabrication de sous-systèmes pour fusées), Lander (cargo lunaire).
Toutes ces entreprises retrouveront le 15 décembre Olivier Becht à Houston, au Texas, dernière étape de son périple aux États-Unis, l’un des centres névralgiques du secteur spatial américain. « La demande y est forte », en lien avec la stratégie du « New Space », allusion à l’émergence en cours d’un écosystème spatial privé dont SpaceX d’Elon Musk est l’un des plus emblématiques acteur, à la suite du désengagement de l’État fédéral, indique une source diplomatique. Une visite de la station spatiale Axiom Space suivie d’une réunion avec des acteurs américains au Gilruth Center est notamment prévue.
Au-delà du secteur spatial, ce déplacement outre-Atlantique, le tout premier qu’effectue le ministre français en charge du Commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger depuis sa prise de poste l’an dernier, est important du point de vue commercial : les États-Unis sont le premier partenaire commercial de la France hors de l’Union européenne (UE) avec 110 milliards d’euros (Md EUR) d’échanges dans les deux sens, et son premier client à l’export (environ 50 Md EUR).
La France au sein de l’UE, est notamment concernée par deux dossiers commerciaux de taille : l’arrivée à échéance, en janvier 2024, de l’accord provisoire de gel du contentieux sur l’acier et l’aluminium et du contentieux Airbus/Boeing. Sans compter la préparation de la prochaine ministérielle de l’OMC (CM 13), au cours de laquelle les Européens aimeraient voir débloqué le fonctionnement de l’organe d’appel de l’OMC, gelé par les États-Unis qui s’opposent à la nomination de nouveaux juges.
Le ministre français, qui doit notamment rencontrer les 11 et 12 décembre à Washington Jared Bernstein, directeur du Conseil économique de la Maison Blanche, Don Graves, secrétaire-adjoint au Commerce, Katherine Tai, représentante au Commerce, devrait plaider pour une résolution durable des contentieux et rappeler les positions européennes.
Sur l’acier et l’aluminium, à trois semaines de l’échéance, « on n’envisage pas autre chose qu’une prolongation du statu quo » souligne une source diplomatique, en espérant tout de même une simplification du système de quotas d’importation mis en place par les Américains, compliqués à utiliser car par pays, avec des subdivisions par produits. Les Européens aimeraient notamment une flexibilité à l’échelle européenne mais l’UE doit encore publier sa position.
Quant au contentieux Airbus/Boeing sur les subventions, pas d’avancée notables en vue, « les discussions exploratoires se poursuivent ». Si l’IRA est un sujet dépassé, Américains et Européens ayant conclu un accord sur les matières premières critiques et poursuivant leur dialogue sur les subventions à la transition, d’autres thèmes seront abordés comme la coopération industrielle et technique dans le cadre Conseil du commerce et des technologies (CCT), dont la prochaine réunion doit se tenir au début de 2024.
Enfin, l’attractivité sera aussi un des sujets du ministre français, qui commencera son périple par une étape à Boston le 10 décembre, un des centres pour le secteur de la santé. Objectif : rencontrer des investisseurs potentiels américains mais aussi de jeunes talents, pour les convaincre de venir en France. Olivier Becht a notamment prévu de rencontrer Mike Shafer, vice-président senior et président de la division Pharma Services de Thermo Fisher Scientific et des chercheurs et étudiants.
Autre cible : la Tech américaine, avec des rencontres prévues, au cours de son déplacement, avec des dirigeants d’Oracle, Dell, Google ou encore Xylem dans l’eau. Les États-Unis sont très importants pour la France, notamment dans le cadre de sa stratégie de réinudtrialisation : ils sont en effet régulièrement en tête des investissements directs étrangers dans l’Hexagone.
C.G