Malgré la levée des restrictions à l’entrée sur son territoire, l’empire du Milieu connaît toujours une situation sanitaire tendue qui peut faire hésiter les voyageurs d’affaires. International SOS, spécialiste de la gestion des risques en matière de santé et de sécurité, estime toutefois qu’il est possible de s’y rendre sans crainte, à condition de bien préparer son séjour.
« On a du mal à reconnaître la Chine d’il y a 5 ou 6 semaines, observe depuis son bureau hong-kongais le docteur Ahmed Fahmy, directeur médical pour l’Asie du Nord chez International SOS. Dans les grandes villes de la côte Est comme Pékin et Shanghai, la vie a progressivement repris son cours depuis l’annonce de la fin de la politique zéro-Covid fin décembre. » Un constat qui contraste avec les images de chaos dans les services d’urgences et les récits de pénuries de médicaments relayés par les médias internationaux au mois de décembre.
Depuis, les autorités chinoises ont reclassé la Covid-19 de la classe A des maladies infectieuses à la classe B (qui inclut également la dengue ou la grippe aviaire). « La situation se stabilise dans les grandes villes, relève le médecin. Il y a toujours de l’attente dans les services d’urgences, mais les délais moyens dans les hôpitaux privés sont passés de trois ou quatre heures à une heure. Les pénuries sur les autotests et les médicaments comme l’ibuprofène et le paracétamol sont en train de se résorber. »
La Chine a aujourd’hui la même note de risque que la France
En outre, les variants du coronavirus qui circulent actuellement en Chine, dont le BF.7, sont tous des sous-variants d’Omicron. Même s’ils sont particulièrement contagieux, ils présentent des tableaux cliniques beaucoup moins sévères que les précédents. Toutefois, attribuer, comme le fait International SOS, une note de risque de 2/5 à la Chine, soit la même qu’à la France, a de quoi étonner les voyageurs d’affaires.
« Cela tient aux autres composantes de notre appréciation du risque, tempère Alexandre Mollet, son responsable sécurité sénior. Hormis le risque naturel, avec par exemple une moyenne de sept typhons par an, les autres sont très peu présents : la criminalité, le terrorisme et les mouvements sociaux demeurent rares. » Reste que, si International SOS n’émet plus de « restriction majeure à se rendre sur place », elle conseille d’étudier la faisabilité de chaque déplacement, en particulier à l’intérieur du pays.
D’une part parce que les autorités locales, en cas de flambée épidémique, peuvent à nouveau mettre en place des mesures de restriction et d’autre part, parce que le système de santé y est toujours sous pression. L’approche du Nouvel An chinois, célébré cette année le 25 janvier, fait également craindre un déplacement d’Est en Ouest de la vague de contaminations. En Chine, cette fête est traditionnellement l’occasion pour des millions de travailleurs de rentrer visiter leur famille dans les provinces de l’intérieur du pays.
Un système de santé toujours sous pression
« Nous conseillons à nos clients de prendre contact avec nous dès qu’ils ont un problème médical, renchérit Ahmed Fahmy. Dans les hôpitaux, y compris privés, les taux de remplissages sont de 100 % et l’absentéisme des soignants, également touchés par la maladie, ralentit les soins ».
Sur place, « la réaction des expatriés et des cols blancs est au soulagement », note pour sa part Alexandre Mollet. Ce qui n’empêche pas les entreprises étrangères implantées sur place de continuer à faire appel à International SOS pour des séances d’information des salariées sur la Covid-19 ou des supports en matière de santé mentale. A l’instar de leurs homologues chinoises, elles sont en effet encouragées à développer leurs procédures de prévention et de contrôle.
Ce retour à la normale pourrait cependant être perturbé par une course aux mesures de rétorsion comme le montre la récente décision de Pékin de suspendre la délivrance de visas aux ressortissants japonais et coréens en raison de l’imposition par Tokyo et Séoul de tests PCR aux voyageurs en provenance de Chine. Une procédure également adoptée par la France début janvier…
Toujours est-il que la Chine s’apprête à entrer dans l’année du lapin d’eau, qui combine traditionnellement la sérénité à l’adaptabilité.
Sophie Creusillet