Alors que les perturbations de la supply chain pèsent de plus en plus sur la production industrielle, l’UE, les Etats-Unis et 16 pays des cinq continents ont signé le 22 juillet une déclaration visant à améliorer sa résilience. Un objectif urgent pour les entreprises et le commerce international.
Rien de concret pour l’instant, mais une volonté commune de se coordonner. C’est, en résumé, ce qui ressort de la déclaration signée par les Etats-Unis, l’Union européenne et 16 pays au sortir du forum ministériel sur la résilience de la chaîne d’approvisionnement mondiale. Organisé par les États-Unis les 19 et 20 juillet, cet événement s’inscrit dans le sillage du sommet des dirigeants sur l’approvisionnement qui s’était tenu à Rome le 31 octobre 2021, à l’initiative de Joe Biden.
Ce texte (en anglais), qui vise « la mise en place de chaînes d’approvisionnement collectives et résilientes à long terme fondées sur des partenariats internationaux » est porté par l’Australie, quatre pays du continent américain (Brésil, Canada, Etats-Unis, Mexique), l’Union européenne et six pays du vieux continent (France, Allemagne, Espagne, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni), un pays africain (la République démocratique du Congo) et cinq pays asiatiques (Inde, Indonésie, Corée du Sud, Japon et Singapour).
Les problèmes de supply chain grèvent les résultats des entreprises
S’il ne propose aucune mesure concrète, il pose le cadre d’une coopération internationale englobant les Etats, mais aussi « les entreprises, les travailleurs, les universités, les syndicats et la société civile » et suivants quatre axes : la transparence dans la transmission d’informations pour mettre en place des systèmes d’alertes précoces, la diversification des sources d’approvisionnement, la sécurité afin d’éviter les ruptures d’approvisionnement et, enfin, la durabilité. Des ambitions d’autant plus vastes que pandémie de Covid-19, guerre en Ukraine et inflation obligent, les problèmes d’approvisionnement commencent à peser sur la production et les résultats des entreprises.
Le suédois Electrolux, le plus grand fabricant européen d’électroménager, a ainsi publié le 21 juillet un bénéfice d’exploitation inférieur aux attentes au deuxième trimestre en raison de problèmes dans la chaîne d’approvisionnement, en particulier en Amérique du Nord où son activité est devenue déficitaire. Idem quelques jours plutôt pour le néerlandais TomTom qui travaille aussi bien avec les constructeurs automobiles que les grandes entreprises de l’IT, deux secteurs particulièrement sensibles aux pénuries de micro-processeurs.
La Chine fournit à elle seul 98 % des terres rares utilisées par les industriels européens
Début juillet, l’Agence internationale de l’énergie AIE) alertait dans un rapport sur la filière photovoltaïque des dangers d’une trop grande concentration dans la chaîne d’approvisionnement des matériau et composants des panneaux solaires. La Chine, qui ne fait pas partie des signataires de cette déclaration truste en effet 79% de la capacité de production de polysilicium, utilisé pour la fabrication des modules photovoltaïques, rappelait l’AIE.
Le rôle hégémonique de la Chine dans la fourniture en matériaux rares aux industries qui en sont particulièrement friandes, de l’automobile à l’aérospatial en passant par l’électronique et la défense, pose problème. Entre 2012 et 2016, elle a par exemple fourni 98 % de l’approvisionnement de l’UE en terres rares, selon un recensement de 30 matières premières critiques opéré par l’UE en 2020.
L’empire du Milieu n’est pas le seul pays à concentrer ainsi certaines productions. La Turquie assure 98 % de l’approvisionnement en borate et l’Afrique du Sud 71% du platine et des platinoïdes (iridium, rhodium et ruthénium). Et l’UE ne fournit que 1 % de certains matériaux nécessaires à la production de batteries lithium-ion, d’éoliennes et de moteurs électriques.
Il y a donc encore loin de la coupe aux lèvres.
Sophie Creusillet