Le 4 juin prochain, Barack Obama sera présent lors de la célébration à Varsovie du 15e anniversaire de l’entrée de la Pologne dans l’Otan. Côté français, on ne cache pas son inquiétude, car le président américain devrait en profiter pour pousser les dossiers des champions de l’armement aux États-Unis. L’enjeu est de taille car la Pologne est prête à investir jusqu’à 6 milliards d’euros dans l’achat de différents matériels, opposant souvent Français et Américains : 70 hélicoptères multi-rôles (versions tactique,navale et de sauvetage) pour 3 milliards, trois sous-marins et des systèmes dedéfense anti-aériens par missiles.
Du coup, la communauté française à Varsovie fait feu de tout bois pour que le chef d’État français, François Hollande, fasse aussi le déplacement à Varsovie. La patrie de Jean-Paul II et de Lech Walesa est le seulpays d’Europe à consacrer 2 % de son produit intérieur brut à la Défense et « la crise entre l’Ukraine et la Russie pourrait ccélérer les futures prises de décision », estime un bon connaisseur du dossier dans la capitale polonaise. Il ajoute que lorsqu’il parle avec ses collaboratrices polonaises dans le pays, elles lui confient leurs craintes, eut égard à la politique russe. « Si je leur dis que l’Armée russe n’ira jamais jusqu’à Varsovie, elles me répondent que je ne suis pas polonais et que donc je ne peux pas comprendre ».
Pour les hélicoptères, Eurocopter, qui serait prêt à produire une bonne partie des appareils à Lódz avec un partenaire industriel local,serait bien placé, mais les concurrents internationaux ont aussi des atouts. En l’occurrence, l’italien AgustaWestland et l’américain Sikorsky sont implantés de longue date sur place.
Pour les missiles, l’européen MDBA serait aussi confronté à une concurrence internationale, notamment israélienne et surtout américaine. Le constructeur du Vieux Continent à proposé à la Pologne de constituer avec elle une filière industrielle, mais « fort adroitement, constate l’interlocuteur de la Lettre confidentielle, Washington a proposé à Varsovie de ne pas attendre, en raison de la crise ukrainienne, et d’installer des Patriots tout de suite le long de la frontière avec la Biélorussie ».
Enfin, s’agissant des sous-marins, DCNS, avec son Scorpène, est confronté à un sérieux compétiteur avec le groupe naval allemand ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS). « L’état majors polonais est très friand de matériel allemand, convient un homme d’affairesfrançais. Nos sous-marins pourraient certes être équipés de missiles, ce qui
nous donnerait un avantage, mais est-ce justifié pour aller dans la Baltique », s’interroge ce Français, qui juge « plutôt minces » les chances de DCNS de l’emporter.
François Pargny
envoyé spécial à Varsovie