La filière agroalimentaire compte aujourd’hui quelques-uns des fleurons du secteur industriel public et privé local. Elle est souvent présentée en raison du succès de ses PME privées comme éligible pour être l’une des alternatives tant recherchées aux hydrocarbures. Pourtant, elle souffre de plusieurs handicaps.
Le marché algérien de l’agroalimentaire en Algérie est aujourd’hui évalué à plus de 5,4 milliards de dollars par an. Il mobilise 45 % du budget des ménages et est de loin le secteur le plus dynamique en dehors de celui du pétrole et du gaz. Il s’organise autour de PME algériennes parmi les plus en vue actuellement du secteur industriel public et privé à l’instar de Cevital, numéro 1 du secteur et plus grand investisseur privé du pays, Benamor, premier producteur de tomates industrielles, Rouïba, leader du jus de fruits, Hamoud Boualem dans les boissons gazéifiées et Ifri pour les eaux minérales.
Le secteur se caractérise par une concentration d’une part importante des investissements directs étrangers et par la présence active de grands noms français du secteur qui, outre les fournisseurs, se nomment Castel pour les boissons gazeuses, les bières et les vins, et Danone (23 % du marché) pour les yaourts et les produits laitiers. Les sous-filières qui la composent connaissent pour certaines d’entre elles de réels succès. Celle de la production du sucre enregistre par exemple de bonnes performances, y compris à l’export puisque le groupe Cevital est parvenu à en exporter pour 200 millions de dollars en 2010. Elle enregistre l’arrivée de nouveaux acteurs comme l’entreprise algérienne La Belle et le français Cristal Union, qui sont partenaires pour la construction déjà lancée d’une raffinerie de sucre d’une capacité de 350 000 tonnes par an pour un investissement de 70 millions d’euros (99 millions de dollars). Même succès pour la sous-filière des boissons et jus de fruits : 25 millions d’hectolitres en 2010 avec une croissance annuelle de 10 %, selon l’association des producteurs Apab. Pour autant, le marché reste fragile. En 2010, ses exportations en produits agricoles et alimentaires n’ont pas dépassé 300 millions de dollars dont 200 millions réalisés par le seul groupe Cevital dans l’exportation du sucre blanc. Les importations en produits alimentaires ont, en revanche, atteint quelque 6 milliards de dollars. Le déficit est criant !
Les faiblesses demeurent. Certains, comme Réda Hamiani, chef du Forum des chefs d’entreprise, pointent les entraves créées par les mesures de restriction aux importations, qui ne distinguent pas les matières premières destinées à être transformées des biens destinés à être revendus en l’état. Mais les plus importantes sont dues à la vulnérabilité de l’amont agricole. Dans le lait, par exemple, l’Algérie ne produit que 1,3 milliard de litres pour une consommation de plus de 3, 3 milliards de litres par an. Sa facture dépasse le milliard de dollars d’importation. Dans les céréales, la production en 2010 a atteint 46 millions de quintaux mais le pays en a importé près de 81 millions. Au 1er trimestre 2011, la facture d’importations de blé a explosé, frôlant la barre des 600 millions de dollars.
Anis Allik
La Bretagne soutient la filière laitière algérienne
Un accord de coopération pour développer la filière lait a été signé en février dernier à Alger entre l’institut technique d’élevage (ITE) et Bretagne international, association sous tutelle du conseil régional breton. Cet accord, fruit d’un long processus de négociation commencé en 2005, est intervenu à l’occasion de la visite de Jean-Pierre Raffarin, envoyé spécial du président Sarkozy. Il porte notamment sur la formation des intervenants dans le processus de production de lait, en particulier les éleveurs. Étalé sur trois ans, l’accord consiste dans une première phase à former un millier d’éleveurs dans les wilayas de Blida, Relizane et Souk Ahras aux techniques d’élevage et de production de lait. Dans une seconde phase, il s’agira de favoriser des partenariats entre des entreprises bretonnes spécialisées dans la filière lait, et des opérateurs algériens. L’accord sera financé pour deux tiers par l’Algérie et pour un tiers par la France. Il sera mis en œuvre, sur le terrain, par des ingénieurs et des techniciens du Groupement breton d’appui aux éleveurs laitiers (Gepal).
A. A.