Alors que quatre pays européens avaient mis en place des restrictions aux importations de céréales et d’oléagineux venant d’Ukraine, estimant qu’ils faisaient concurrence aux productions locales, les Vingt-Sept sont parvenus vendredi 28 avril à un accord. La suppression temporaire des barrières tarifaires, décidée il y a un an, est finalement maintenue et les agriculteurs des pays concernés vont bénéficier de mesures de soutien.
La Bulgarie, la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie vont devoir faire machine arrière. Ces quatre pays européens vont en effet devoir lever les droits de douane qu’ils ont mis en place mi-avril, au mépris des règles du marché unique, sur les produits agricoles en provenance de l’Ukraine voisine. L’accord conclu vendredi entre les États membres de l’Union européenne concerne le blé, le maïs, le colza et les graines de tournesol.
En cause : la décision de Bruxelles, il y a un an, de supprimer temporairement les droits de douane sur les produits alimentaires ukrainiens lors de la création des « corridors de solidarité » ferroviaires et routiers. Ces derniers devaient faciliter le transit par voie terrestre des céréales ukrainiennes qui ne pouvaient plus être exportées par la mer Noire en raison de l’invasion russe. Mais, en raison de goulets d’étranglement, une grande partie de ces grains destinés à des marchés tiers s’est retrouvée bloquée en Europe de l’Est.
156,3 millions d’euros de mesures de soutien
L’afflux de grains et d’oléagineux ukrainiens à des prix défiant toute concurrence a provoqué dans les pays d’Europe de l’Est limitrophes de l’Ukraine le mécontentement des agriculteurs locaux et un phénomène de surstockage tirant les prix de ces produits encore à la baisse. L’accord de principe auquel sont parvenus les Vingt-Sept en fin de semaine dernière prévoit la prolongation pour douze mois de la suppression des droits de douanes sur les produits alimentaires ukrainiens.
En contrepartie, pour soutenir le secteur agricole de ces quatre pays frondeurs mais aussi celui de la Roumanie, également touché, la Commission européenne a annoncé le 19 avril des mesures de soutien pour un montant de 100 millions d’euros (M EUR). Cette somme s’ajoute aux 56,3 M EUR déjà octroyés fin mars par Bruxelles aux agriculteurs polonais (29,5 M EUR), bulgares (16,75 M EUR) et roumains (10,05 M EUR).
Avant l’invasion russe, l’Ukraine fournissait la moitié des importations de céréales de l’Union européenne.
Sophie Creusillet