Une offre abondante dans les principaux pays producteurs mondiaux tire les cours du blé français à la baisse, constate FranceAgrimer dans son dernier point presse mensuel, le 14 février. Alors que la demande ne faiblit pas, les opérateurs attendent une remontée des cours pour mettre leurs céréales sur le marché. Mais la concurrence russe et ukrainiennes continuent de gagner du terrain.
Malgré la réduction des surfaces cultivées en France, les stocks français de blé tendre sont pleins à craquer. « Les stocks chez les collecteurs ont augmenté de 52 % et les sorties de dépôt sont reportées à plus tard, lorsque les cours auront remontés », détaille Adèle Dridi, chargée des études économiques céréales à FranceAgrimer.
Par ailleurs, les destinations des exportations évoluent face à la concurrence : « En janvier, elles sont parties essentiellement vers des pays tiers et son en baisse à destination des pays de l’Union européenne principalement en raison de la concurrence des blés russes et ukrainiens dans les pays du Sud. La tendance vaut aussi pour le maïs : les exportations baissent à destination de l’Espagne et du Portugal, mais on note une hausse vers l’Allemagne ».
Pour le seul blé tendre, les exportations françaises hors Union européenne (UE) sont revues à la hausse de 150 000 tonnes (t) en janvier par rapport à décembre, avec des perspectives positives en Chine et au Maroc. Elles baissent en revanche de 150 000 t sur les marchés du Vieux Continent.
Le blé tendre européen subit la pression des céréales de la mer Noire
Au niveau européen, à fin janvier, les exportations de blé tendre pour la campagne 2023/2024 sont estimées à 45,9 millions de tonnes (Mt) en recul de 0,5 % par rapport à décembre et de 4,3 % par rapport à la précédente campagne. Idem pour le maïs qui a baissé de 0,3 % en glissement mensuel.
La tendance française s’inscrit dans celle de tous les pays de l’UE et nourrit la colère des agriculteurs dans les principaux pays producteurs. « Les prix des céréales de la mer Noire sont très bas, ce qui rend la situation particulièrement difficile pour les autres acteurs du marché européen », résume Clémence Lenoir chargée d’études économiques grandes cultures.
A cet égard, le marché attend les résultats du vote du comité du commerce international (INTA) du Parlement européen sur la prolongation des mesures commerciales autonomes (ATM) qui expirent le 5 juin, jusqu’en juin 2025. Une mesure qui n’est pas au goût des pays voisins de l’Ukraine.
Le vote sur les mesures autonomes attendu en mars
Mi-janvier, dans une lettre au commissaire européen au Commerce Valdis Dombrovskis et au commissaire européen à l’Agriculture Janusz Wojciechowski, la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie ont en effet déclaré que leurs agriculteurs « souffraient considérablement » depuis que l’UE avaient levé les quotas d’importation et les droits de douane sur les céréales ukrainiennes.
Ces frictions internationales nourrissent la colère des agriculteurs dans ces pays mais également en Allemagne et en France, où le salon de l’agriculture doit bientôt ouvrir ses portes. Alors que la décision de la prolongation des mesures commerciales autonomes est attendue en mars, le grand rassemblement annuel de l’agriculture française pourrait cette année se tenir dans une ambiance pour le moins tendue.
Sophie Creusillet