Moins d’une semaine après sa nomination comme secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des finances, Agnès Pannier-Runacher a fait sa première « sortie » publique avec sa casquette « commerce extérieur » en remplaçant au pied levé, le 22 octobre, sa prédécesseure Delphine Gény-Stephann en ouverture du premier forum Ambition Africa, organisé à Bercy par Business France, et en intervenant aux côtés de son homologue au Quai d’Orsay Jean-Baptiste Lemoyne. Une occasion de jauger sa vision des enjeux africains pour le commerce extérieur et les entreprises, notamment les ETI et PME françaises. Voici son entretien express avec Le Moci, en marge du forum.
Le Moci : Jean-Baptiste Lemoyne, votre homologue auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, a dit qu’il fallait emmener les deux tiers des exportateurs français qui ne sont pas encore en Afrique à y aller. Quels sont vos instruments pour pousser ces entreprises à aller sur le continent africain ?
Agnès Pannier-Runacher : les instruments ont été mentionnés au cours de ce forum. Le premier point est de bien connaître le tissu économique français. Pour cela, nous avons Bpifrance qui à une vision et une compréhension du tissu industriel français et qui est capable de repérer, dans tous les accompagnements qu’elle fait en direct ou au travers des facilités de dettes ou d’investissement qu’elle accorde, des pépites françaises dont les produits et les offres gagneraient à être exportés.
Le deuxième point est de s’appuyer également sur le travail de Business France, qui a également cette vision, et celui de l’Agence française de développement, pour faire en quelque sorte du « bout à bout », c’est-à-dire faire le lien avec les marchés africains.
On parle de l’Afrique, mais il s’agit d’une somme de sous-marchés qui n’ont pas les mêmes moteurs. C’est ce lien que l’on établit pour permettre à des entreprises, qui ont le bon positionnement de produits et le bon positionnement de services, de partir à la conquête de l’Afrique et surtout de le faire avec un niveau de risque qui soit acceptable à la fois en les mettant en contact avec les bons partenaires et en mettant un certain nombre de facilités et d’instruments techniques à leur disposition.
« Un marché qu’il faut travailler dès maintenant parce qu’il va délivrer dans quelques années »
Le Moci : cela fait plusieurs années que les pouvoirs publics essayent de pousser les PME et ETI françaises à aller davantage en Afrique, leurs dirigeants traînent un peu des pieds. Êtes-vous satisfaite de la participation des entreprises françaises à ce forum ?
Agnès Pannier-Runacher : plusieurs centaines d’entreprises françaises ont participé à Ambition Africa. On parle d’ETI, on parle de PME, ce ne sont pas des grands groupes qui ont déjà trouvé les portes de l’Afrique. Je suis confiante.
Je crois qu’il faut que nous soyons conscients de nos atouts. De la même manière que nous avons pris conscience des très forts atouts de la France au sein de la French Tech, nous devons être conscients de nos atouts sur l’industrie et les services. Nous avons de très belles entreprises, un niveau de formation qui nous permet d’avoir des équipes managériales d’une grande qualité.
Nous avons peut-être une petite hésitation au passage à l’acte, et c’est ce passage à l’acte qu’il faut faciliter en regardant comment les autres y sont arrivés et quelles ont été les démarches gagnantes mises en œuvre.
Le Moci : à quel niveau de priorité est l’Afrique dans les radars du ministère de l’Économie et des finances par rapport à d’autres zones géographiques ?
Agnès Pannier-Runacher : on ne fait pas de classement des zones où réussir ! Je pense que le marché africain a énormément de potentiel, c’est un marché qu’il faut travailler dès maintenant parce qu’il va délivrer dans quelques années. Oui c’est important.
Propos recueillis par Christine Gilguy