« On lance un pilote au 2ème semestre, l’offre commerciale démarrera début 2015 ». Au risque d’affoler un peu les équipes de Bpifrance qui planchent sur la mise en place d’une nouvelle offre de financement de crédits acheteur, Nicolas Dufourcq, son impatient directeur général, a confirmé de façon précise le calendrier des projets de la banque publique dans le métier nouveau du crédit export, où il ne s’agit plus d’accorder des prêts ou des garanties à l’exportateur lui-même mais où il s’agit de financer ses clients.
Le chantier est bien avancé mais toute une série d’autorisations réglementaires restent toutefois à obtenir par la banque publique pour démarrer cette nouvelle activité, selon les informations complémentaires obtenues par La Lettre confidentielle. En outre, la banque publique veut profiter de l’élaboration de cette offre pour simplifier le contrat de prêt et la documentation habituellement volumineuse demandée par les banques commerciales.
Répondant aux questions des journalistes lors de la conférence de presse de lancement du nouveau produit de financement de trésorerie dédié aux exportateurs, « Avance+ Export »*, élaboré avec l’assureur-crédit Euler Hermès, le 9 septembre dernier, Nicolas Dufourcq a rappelé qu’il s’agissait d’offrir une solution pour combler « une faille de marché ».
« Petits tickets » de 5 à 20 millions d’euros
Cette « faille » concerne le financement de « petits tickets » que les banques renâclent à prendre, soit des montants se situant entre 5 et 40 millions d’euros et sur des durées de paiement moyennes à longues (supérieures à un an généralement). Au-delà de la « faille de marché » à combler sur les petits contrats export, Bpifrance pourrait même prendre, selon son directeur général, « des petits tickets de 100 millions d’euros sur des grands contrats si besoin ».
Alors que les crédits acheteurs soutenus par des fonds publics sont réservés aux pays en développement et émergents, soit des risques pays et des risques commerciaux nouveaux pour la banque publique, celle-ci ne se lancera pas à l’aveuglette : « on le fera avec les assureurs-crédits, Ubifrance, éventuellement l’AFD… » a indiqué le directeur général de la banque publique. « On va y aller progressivement, avec une quinzaine ou une vingtaine d’opérations pour commencer ».
Pourquoi Bpifrance se lance-t-elle dans une telle activité délaissée par les banques, qui ne financent plus guère que de gros crédits acheteurs? La réponse a été directe : « On peut se le permettre car nous sommes une banque publique, nous n’avons pas les mêmes exigences de rentabilité sur fonds propres que les banques commerciales » a indiqué le dirigeant. Selon les chiffres qui ont été fournis à cette occasion, le taux de rentabilité visé à Bpifrance est de 4 %, à comparer aux 6 % ciblés par la Banque postale ou les 10 % exigés par BNP Paribas…
Christine Gilguy
*Lire (accès libre) : Financements export : Bpifrance et Euler hermes lancent une « Dailly » export