Contrairement à la plupart des autres instruments du crédit export français, la Garantie de projet stratégique (GPS) peut être actionnée pour un projet en France. A condition que l’investissement soit industriel et porteur à terme pour le commerce extérieur. Le métallurgiste Aubert & Duval vient ainsi de lever 51,1 millions d’euros pour un gros investissement industriel.
Le groupe métallurgiste Auber & Duval (A&D), gros fournisseur de pièces complexes pour des secteurs stratégiques comme l’aéronautique, le spatial ou encore le nucléaire et le médical, qui a failli mettre la clé sous la porte avant d’être repris par Airbus et Safran, vient d’obtenir un prêt de 51,1 millions d’euros (M EUR) auprès du Crédit agricole pour boucler le financement d’un gros projet d’investissement industriel sur son site de Pamiers, dans l’Ariège.
Il s’agit de l’acquisition d’une presse à matricer de 6000 tonnes, unique en Europe, pour produire des pièces critiques. Il n’aurait sans doute pas réussi à lever ces fonds sans le soutien d’une Garantie de projet stratégique (GPS) accordée par Bpifrance assurance export.
« Nous sommes sur des investissements d’un montant de 80 à 85 M EUR à très long terme pour lesquels nous constatons une certaine défaillance des banques », avait expliqué Jean-François Juéry, vice-président d’A&D, dans son témoignage lors de l’événement Bercy France Export, en février dernier. Autrement dit, sans cette garantie financière donnée à la banque par la filiale de Bpifrance en charge de gérer les garanties export de l’État, l’affaire aurait été plus compliquée à boucler. « Cet investissement va permettre à nos grands donneurs d’ordre d’exporter du Made in France » avait tenu à ajouter le dirigeant.
Dans le détail, le financement a été mis en place par le Crédit Agricole Corporate & Investment Bank (CACIB), la banque de financement et d’investissement du groupe Crédit Agricole, agissant en qualité de coordinateur ESG/RSE, arrangeur, prêteur et agent de la facilité. Le financement est en effet considéré comme « vert » puisque l’investissement comprend l’installation d’un parc de fours électriques qui vont décarboner la production de l’industriel. Il est complété par le soutien financier des pouvoirs publics : outre le crédit couvert par la GPS et l’accompagnement de Bpifrance, l’investissement bénéficie de subventions du plan France 2030 par l’intermédiaire de l’Ademe.
« L’investissement dans cette nouvelle presse à matricer de 6 000 tonnes nous permet de confirmer la position d’Aubert & Duval de leader européen dans les solutions métallurgiques de pointe pour nos clients, commente Etienne Galan, président d’A & D, dans un communiqué daté du 7 mai. L’appui de l’État à travers ce dispositif de Garantie des projets stratégiques nous a permis d’obtenir un prêt de CACIB et d’engager cet investissement majeur, dans un contexte de hausse de nos activités qui génère un besoin important de trésorerie. »
Le groupe industriel français, un des leaders mondiaux dans l’élaboration et la transformation des matériaux métalliques complexes (aciers spéciaux, superalliages, titane, aluminium), a pour spécificité de proposer à ses clients une filière industrielle complète, depuis la conception des matériaux jusqu’à la pièce brute, à même de sécuriser leurs approvisionnements et de répondre à leurs enjeux en matière de décarbonation. Son capital est aujourd’hui contrôlé à parts égales par Airbus, Safran et le fonds Tikehau Capital, une action spécifique étant détenue par l’État Français.
C.G