La démarche est suffisamment inédite pour avoir retenu l’attention des observateurs avertis : le 21 février dernier, l’ambassadeur d’Irak en France, Fareed Yasseen, a convié une trentaine d’entreprises et d’organismes français ainsi que l’Ambassadeur d’Irak au Royaume-Uni à se réunir autour d’Emma Nicholson, la présidente exécutive de l’Iraq-Britain Business Council (IBBC), une sorte de club d’entreprises d’origine britannique qui propose des services.
Ce club est en l’occurrence très select – les droits d’inscription s’élèvent à 10 000 livres – et compte 52 entreprises parmi ses membres. Fondé il y a cinq à six ans à Londres, l’IBBC leur apporte des services de mise en contact ou d’obtention de visas sur l’Irak.
Dans un mail adressé aux entreprises françaises – dont la Lettre confidentielle s’est procurée une copie – Fareed Yasseen dresse – on peut s’en douter – un portrait très avantageux d’Emma Nicholson : « une personnalité très connue en Irak, pays auquel elle s’intéresse depuis plus de 20 ans » ; « membre du Parlement britannique, puis du Parlement européen, et maintenant de la Chambre des Lords » ; et, depuis le 30 janvier, nommée par le Premier ministre David Cameron « envoyé spécial du Royaume-Uni pour le commerce avec l’Irak».
Très pragmatique, le diplomate irakien poursuit, en expliquant que le but de la réunion « est de permettre aux entreprises françaises de connaître le travail de l’IBBC, voire d’en profiter », car l’IBBC, « entre autres qualités, poursuit-il, jouit d’un outil majeur : la très importante communauté irakienne installée au Royaume-Uni, la plus importante en Europe ». En l’occurrence, sa « mailing list » visait large, ciblant tout autant le CAC 40 que les institutionnels et consultants. C’est ainsi que certains participants ont noté la présence de représentants de Schneider Electric, CS, GEP, IFP (Pierre Fournol), Medef International (Thierry Courtaigne), DG Trésor, Adit/Salveo, BOI, ACM…
Malgré la présence de Christophe Michel, un Français de l’IBBC, les échanges ont été effectués en anglais, selon un participant. Ce dernier indique qu’après avoir présenté l’IBBC, Emma Nicholson a clairement énnoncé son souhait « de mettre en commun les efforts des entreprises françaises et britanniques ». Pour l’anecdote, c’est Christophe Michel – toujours dans la langue de Shakespeare- qui a répondu ensuite le plus souvent aux questions, « la présidente exécutive n’intervenant que pour apporter des précisions », s’amuse l’interlocuteur de la LC.
La réunion aura duré deux bonnes heures. Parmi les bonnes nouvelles annoncées à cette occasion, l’IBBC serait en mesure d’aider les entreprises concernées à sortir de la liste des sociétés « black listées » par l’Irak. De même, à une question de Thierry Courtaigne, vice-président directeur général de Medef International sur les difficultés de paiement que rencontrent les exportateurs en Irak (lettres de crédit, etc.), il aurait été répondu que l’IBBC était capable de trouver des solutions, étant bien introduite auprès de la Trade Bank of Iraq (TBI).
Parmi les autres invités à cette réunion, figurait Thierry Lepercq, directeur du projet Irak chez Salvéo (groupe Adit), dont l’ambition serait de développer la mise en relation des entreprises françaises dans ce pays. L’Adit est déjà le gestionnaire du centre d’affaires français à Bagdad, qui propose des services du type location d’espaces, domiciliation, veille économique. Thierry Lepercq ne voudrait plus seulement y abriter et accompagner des grands comptes, mais aussi appuyer le travail des ETI (entreprises à taille intermédiaire) en Irak.
François Pargny