Mercredi débutera à Kiev (Ukraine) le salon InterAGRO. Pour la première fois, la France y disposera d´une section collective. Michel Barnier ayant annoncé sa venue le 31 janvier, ce sera également la première visite d´un ministre français de l´Agriculture depuis l´indépendance de l´Ukraine en 1991. A ces deux bonnes nouvelles, s´en ajoute une troisième : la France disposera de la première section collective étrangère, « mieux que l´Allemagne et l´Italie », se félicite Alexandre Brunet, l´adjoint au chef de la Mission économique à Kiev.
Alors qu´InterAGRO recevra 258 exposants sur 27 000 m2, le Pavillon France, monté par Ubifrance, accueillera 57 exposants sur 650 m2. Tous les grands noms de la filière agroalimentaire y seront, y compris les fabricants de biens d´équipement. « Le marché du matériel agricole augmente de 30 % par an et nos entreprises ont besoin de bonnes terres maintenant qu´ils se sont implantés », justifie Jean-Jacques Hervé, conseiller auprès du gouvernement ukrainien sur les questions agricoles. Dernier exemple : la coopérative Euralis a investi 25 millions d´euros, notamment dans la construction d´une station de semences à Tcherkassy. Objectif : capter 10 % du marché domestique et rayonner dans la région. De son côté, Lactalis a acquis 50 % du capital de plusieurs laiteries du groupe local Fanni, hissant ainsi sa production locale de 60 000 à 95 000 tonnes par an. Enfin Bel a annoncé en avril l´achat de Shostka, un des leaders locaux du fromage.
L´Ukraine peut devenir le grenier à céréales dans lequel les compagnies étrangères puiseront pour fournir le marché mondial. Le groupe familial Soufflet a ainsi créé un joint venture avec le trader australien ABB Grain pour la collecte et l´exportation de céréales.
A l´heure actuelle, les entreprises présentes sur le marché ukrainien sont restreintes à l´exportation, par des quotas imposés par le gouvernement pour des raisons de prix et d´autosuffisance alimentaire. Une aubaine, d´ailleurs, pour la France, dont les exportations étaient au ralenti ces derniers mois (lire notre article en ligne du 23 janvier). « Les céréaliers en France ont raison de profiter de cette situation, commente Jean-Jacques Hervé. Mais s´agissant du moyen terme, il est certain que l´Ukraine, quand elle aura modernisé son agriculture et réalisé tout son potentiel, deviendra une source principale de production et d´exportation dans le monde ». Alors que le rendement à l´hectare (ha) de céréales est de l´ordre de 2,6 tonnes et la production atteint 35 millions de tonnes en Ukraine, « ces chiffres pourraient facilement monter à 4,5 tonnes pour le rendement et 55 millions pour la production », estime Jean-Jacques Hervé. D’où, selon lui, un potentiel d´exportation d´environ 30 millions de tonnes. De quoi faire rêver les entreprises françaises non encore implantées en Ukraine.