Cela n’aura échappé à personne : la visite du président angolais à Paris, les 29 et 30 avril, a couronné des mois d’efforts des autorités françaises pour sortir la relation franco-angolaise des méandres dans lesquels « l’Angolagate » l’avait plongée, Laurent Fabius, qui n’a pas ménagé sa peine, n’étant pas parvenu à convaincre Eduardo Dos Santos de venir en personne assister au Sommet Afrique-France de l’Élysée, début décembre 2013.
Le ministre français des Affaires étrangères et du développement international (MAEDI) n’a d’ailleurs pas boudé son plaisir en obtenant que le chef de l’État angolais vienne en personne au forum économique organisé par la Direction des entreprises et de l’économie internationale (DEEI) sous les lambris du Quai d’Orsay, le 29 avril, en fin d’après-midi. Eduardo Dos Santos avait déjeuné à l’Élysée avec le président François Hollande, qui a été invité à se rendre en Angola dès cette année, la dernière visite d’un président français remontant à 2008, avec une courte escale de Nicolas Sarkozy qui se rendait en Afrique du Sud.
Quelque 70 hommes d’affaires français, mobilisés par le Medef et le Cian (Conseil français des investisseurs en Afrique), se sont pressés à cette réunion à laquelle Laurent Fabius a tenu à assister jusqu’à la fin, selon un participant.
Les entreprises françaises sont sur les starting-blocks pour bénéficier d’une relance des relations économiques et commerciales avec ce pays riche en pétrole -Total, très investi, y compte près de 10 % de ses réserves-, et qui s’est montré coopératif dans la gestion de la crise centrafricaine en acceptant d’aider financièrement un État centrafricain exsangue, à la demande de Paris. Quatorze d’entre elles avaient d’ailleurs accompagné Laurent Fabius le 31 octobre 2013, dans son dernier déplacement à Luanda*, un mois avant le Sommet Afrique-France.
Le potentiel est jugé important dans ce pays en développement rapide, riche en matières premières et en quête de diversification, dont la croissance économique, boostée par le pétrole, a été de l’ordre de 4 % l’an dernier et pourrait dépasser 5 % cette année. Or, malgré ce contexte porteur tant pour les produits de consommation que pour les équipements et l’ingénierie française, les échanges commerciaux franco-angolais se traînent et ont même décliné ces trois dernières années. Ils ont été, il est vrai, plombés par la crise économique en Europe, mais aussi les développements judiciaires des poursuites lancées à Paris contre des hommes d’affaires et politiques, liés à des ventes d’armes d’origine des pays de l’Est, au début des années 90, non autorisées à l’époque par l’État français.
En 2013, les exportations de la France vers l’Angola, dont le premier poste est constitué par la minoterie/amidon/malterie (20 %), ont ainsi reculé de 15,2 %, passant sous la barre des 500 millions EUR (461,2 M EUR), faisant de l’Angola son 74ème client. Les importations en provenance de l’Angola, à plus de 99 % constituées d’hydrocarbures, ne se sont pas mieux tenues : avec un recul de 1 %, elles ont atteint 923,1 M EUR, faisant de ce pays le 56ème fournisseur. Mais au final, le déficit commercial au détriment de l’Hexagone s’est creusé de 18 %, à -461 M EUR. Airbus aimerait bien y vendre quelques appareils et Air France y ouvrir de nouvelles lignes, ils ne sont pas les seuls…
C.G
*Relire sur www.lemoci.com :
–Angola : Laurent Fabius veut relancer les entreprises françaises
-Angola : les 14 entreprises qui suivent Laurent Fabius à Luanda