Lors de son audition le 24 janvier devant les commissions des Affaires étrangères, des Affaires économiques et des Affaires européennes de l’Assemblée nationale, à l’occasion de la présentation du « Rapport 2016 sur la stratégie du commerce extérieur de la France et la politique commerciale européenne », Matthias Fekl a dévoilé les tendances provisoires des échanges de la France pour l’année 2016, en attendant les résultats définitifs qui ne seront rendus public que début février 2017 par le secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, « lorsque nous aurons les chiffres officiels tels qu’ils sont préparés de manière indépendante ». Comme les observateurs s’y attendaient, l’année 2016 devrait marquer la fin de la réduction du déficit des échanges de biens.
« 2016 aura été une année extrêmement difficile pour notre commerce extérieur », a annoncé Matthias Fekl après une période marquée, depuis 2011, par l’amélioration de la situation de manière continue. Le déficit avait atteint en 2011 le niveau record de près de 70 milliards d’euros (-69,6 milliards). Quatre ans plus tard, en 2015, il était ramené à -45, 7 milliards d’euros. « Ça reste toujours extrêmement élevé, trop élevé bien sûr mais la tendance est positive » a commenté le secrétaire d’Etat.
Cette évolution pourrait être stoppée. Après quatre années consécutives de réduction, le solde commercial de la France pourrait, selon les premières analyses mentionnées dans le rapport, légèrement se dégrader en 2016, approchant les -50 milliards d’euros. « 2016 sera une année beaucoup plus compliquée », a confirmé le secrétaire d’État au Commerce extérieur, le déficit commercial sur les biens « sans doute augmentera » du fait « en partie des raisons conjoncturelles notamment dans l’aéronautique avec des différés de livraisons ».
Idem pour les services, filière traditionnellement excédentaire « sur de longues périodes ». Touchée de plein fouet par l’onde de choc des attentats terroristes ayant frappé la France, le solde devrait également se dégrader affecté par la morosité du tourisme « dans le contexte post-attentat ». Et de préciser : « Je veux vraiment faire la transparence là-dessus, je donnerai les chiffres lorsqu’ils seront disponibles » a assuré Matthias Fekl.
La conjoncture au niveau mondial a aussi pesé dans la balance. Outre l’évolution du cours de l’euro et celle du prix de l’énergie, le secrétaire d’État a également évoqué « un contexte international qui évolue ». Ainsi, a-t-il prévenu, « pour la première fois depuis 2009, la croissance du commerce international sera moins rapide que la croissance mondiale ». La croissance des échanges devrait s’établir à +1,7 % selon les estimations pour 2016 de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), contre 3,1 % pour la croissance du PIB mondial d’après les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) pour 2016. Cette contraction est due « à la crise dans les pays émergents que nous constatons à la fois en Asie (Chine principalement) et en Amérique latine (Brésil principalement) », a détaillé Matthias Fekl qui a également cité le modèle des « chaînes de valeur mondiale » qui arrive « à maturité ».
V. A.