Comme ses prédécesseurs, Emmanuel Macron se déplacera au Salon international de l’agriculture (SIA). Le chef de l’État inaugurera ainsi la 56e édition du SIA, prévue du 23 février au 3 mars à la Porte de Versailles. Pour le président de la République, ce rendez-vous annuel est incontournable, pour au moins trois raisons :
– D’abord, du fait de l’actualité. Le SIA peut être l’occasion pour Emmanuel Macron de renouer avec la France des territoires. En effet, chaque année, entre 650 000 et 700 000 Français vont à la rencontre des 1 000 exposants du salon, soit 1 % de la population nationale. En pleine révolte des « gilets jaunes », le SIA doit être le salon de « l’apaisement », a estimé Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture et l’alimentation, lors d’une conférence de presse, le 15 janvier.
A cet égard, dans le cadre du grand débat voulu par Emmanuel Macron, Didier Guillaume est favorable, « non pas à ce qu’on parle de réformer la politique agricole, mais que l’on discute de la place de l’agriculture dans la ruralité en France ».
Du défi quantitatif au défi qualitatif
Les agriculteurs ont évolué en 25 ans, a mis en exergue le ministre, qui « souhaite que l’on en termine avec l’agrobashing ». Selon lui, « ils sont passés de la pratique du XXe siècle avec un défi quantitatif à la celle du XXIe siècle avec un défi qualitatif ». Parallèlement, le SIA est devenu un salon de la « modernité ».
– Ensuite, ce rendez-vous est incontournable, parce que « la France demeure une puissance économique, avec ses hommes, son climat et sa recherche », a expliqué Jean-Luc Poulain, qui préside le SIA et le Ceneca (Centre national des expositions et concours agricoles). A l’approche du salon, Didier Guillaume a, pour sa part, confirmé qu’il était préoccupé par l’évolution de la peste porcine africaine. « Je ferai tout pour qu’elle n’arrive pas en France », a ainsi promis le ministre, car « les pertes pourraient être considérables, la France étant le troisième producteur de porcs en Europe ».
Première participation du Vietnam au salon
– Enfin, le salon, dont le thème sera cette année « l’agriculture : des femmes, des hommes, des talents », présente une incontestable dimension internationale. « La France exhibe toute sa richesse génétique, est recherchée dans tous les autres pays et pas seulement en Europe », s’est félicité Jean-Luc Poulain.
Depuis trois ans, la participation et la fréquentation internationales ont été enrichies. Le nombre de pavillons d’exposants étrangers était passé de 8 à 14 l’an dernier et, en 2019 pour la première fois, le Vietnam va participer à l’évènement.
Principale attraction, les bovins – cette année, l’égérie est Imminence, une Bleue du Nord – et plus généralement le concours général, « colonne vertébrale du salon depuis ses débuts », rappelait la directrice de la manifestation, Valérie Le Roy. « Une médaille au salon de l’Agriculture, c’est une reconnaissance et une plus-value », a renchéri Jean-Luc Poulain.
Aides européennes : D. Guillaume reconnaît des « défaillances »
Avant d’accueillir le ministre lors de la conférence de presse, Jean-Luc Poulain reprochait à l’État les retards qu’il avait accumulés dans le versement des subventions européennes à l’environnement et la conversion des exploitations. A la demande de la presse, Didier Guillaume a répondu à cette critique en deux temps. D’abord, pour préciser que « 98 % des versements avaient été réalisés pour 2016 et que ses services avaient accéléré pour 2017 ». Ensuite, pour reconnaître « les défaillances » de l’État.
« C’est anormal, mais c’est aussi très compliqué avec les règles européennes. Et nous ferons en sorte que ce soit simplifié dans la nouvelle politique agricole commune », a plaidé le ministre, en poste depuis trois mois.
Depuis juin 2018, les négociations sont officiellement lancées pour une ‘Pac post-2020’ « plus efficace » et « plus flexible ». Reste aux États membres à concrétiser leurs bonnes intentions.
François Pargny