A la lecture des derniers chiffres du Fonds monétaire international (FMI) sur la croissance économique mondiale, l´idée, un temps abandonnée, d´un découplage entre Etats émergents et grands pays développés refait surface. « Que ce soit en Chine, en Inde, en Indonésie, au Brésil, nous sommes revenus à un rythme de croisière qui était en vigueur avant la chute de Lehman Brothers, en septembre 2008 », a commenté, le 26 janvier, le chef économiste de l´institution multilatérale, Olivier Blanchard.
Grâce au dynamisme des zones émergentes, le FMI a pu annoncer une prévision en hausse en 2010, de 3,9 % au lieu de 3,1 % auparavant. Ainsi, la Chine, avec un taux de 10 %, sera cette année le seul pays à afficher une croissance à deux chiffres. En 2011, année devant clôturer avec une croissance économique mondiale de 4,3 %, la croissance s´y maintiendrait à 9,7 %.
Derrière, avec + 7,7 % en 2010 et + 7,8 % en 2011, l´Inde sera un peu en retrait, tout en conservant une croissance supérieure à la moyenne des économies émergentes, qui s´établira à 6 % la première année et 6,3 % la seconde. Le risque pour les Etats-Unis (+ 2,7 % et + 2,4 %) et surtout la zone euro dont la croissance sera molle (+ 1 % et + 1,6 %) est un déplacement de l´activité vers l´Asie.
Les capitaux pourraient fuir vers la Chine. Le risque d´une bulle financière asiatique est dans tous les esprits. Entre Hong Kong et Shanghai, plus de 42 milliards de dollars ont été levés en Bourse l´an dernier, contre seulement plus de 17 milliards à New York et moins de 2 milliards à Paris. Enfin, en raison de l´appétit chinois pour les matières premières, leurs prix pourraient monter à des niveaux difficilement supportables pour les grands pays développés.
François Pargny