Le cap symbolique de 1,50 dollar pour 1 euro est franchi. Et cette dérive du dollar inquiète les industriels européens, qui craignent de perdre en compétitivité, en France mais aussi en Italie, pays dont les produits sont traditionnellement plus sensibles aux variations de prix que ceux de l´Allemagne. A un tel niveau de taux de change, « chaque nouvelle progression est insupportable » estime Nicolas Bouzou, économiste et fondateur du cabinet d´analyses Asteres, cité par l´AFP. « Le renchérissement de l´euro impose un changement permanent de stratégie simplement pour ne pas perdre de terrain » souligne Luca Cordero di Montezemolo, président du groupe Fiat et de l´organisation patronale italienne Confindustria.
A ce niveau de taux de change, il n´est pas sûr toutefois que les industriels allemands ne commencent pas à souffrir eux aussi. Déjà en novembre dernier, lorsque l´euro avait frôlé ce seuil, les industriels de l´aéronautique français, secteur « haut de gamme » jusqu´à présent relativement épargné par les délocalisations, étaient montés au créneau, faisant la Une des journaux en annonçant tout haut ce qu´ils pensaient tout bas depuis quelques mois : «Le seul moyen de préparer l´entreprise à un dollar que plus personne ne maîtrise, c´est de s´installer en zone dollar » déclarait Louis Gallois à la Une des Echos (4 décembre 2007). Des fleurons comme Soitec souffrent également. Difficile en effet de compenser de telles dérives du taux de change par des efforts sur les marges ou de nouveaux gains de compétitivité. Denis Ferrand, directeur de la conjoncture et des perspectives de l´Institut Coe-Rexecode, interrogé récemment par Le Moci, déclarait à ce sujet : « les coûts salariaux aux Etats-Unis sont inférieurs de 20 à 25 % à ceux que l’on observe dans l’ensemble de la zone euro », rien que du fait de ce taux de change. Coe-Rexecode publie régulièrement des analyses sur la compétitivité. Les yeux se tournent à présent du côté de la Banque centrale européenne, dont les observateurs attendent un assouplissement de la politique monétaire, mais qui pourrait tergiverser face aux pressions inflationnistes qui se font jour dans la zone euro.