Des étapes ont été franchies en RCA en 2008, tant sur le plan politique qu´économique. Malgré l´importante rupture électrique fin juin-début juillet à Bangui, due à la panne d´une des deux turbines de la seule centrale du pays à Boali, un taux d´inflation élevé (+25% des prix des produits alimentaires au premier trimestre), la grève de 24 000 fonctionnaires en janvier 2008 qui réclamaient notamment le versement d´arriérés de salaires, et un ralentissement des exportations notamment de bois, conséquence de la crise mondiale, le pays devrait connaître en 2008 une croissance de 3,5%.
Dans le secteur minier, Areva et le gouvernement ont signé, le 1er août, un avenant à la convention du 28 février 2006 portant sur l´uranium de Bakouma. L´exploitation du gisement démarrerait en 2010 dans une zone pilote, avec une production optimale attendue pour 2012-2013. Dans ce cadre, 400 millions de dollars seraient versés de façon échelonnée au gouvernement durant 5 ans et l´État centrafricain obtiendrait 12% de la production prévue à 15 000 t, voire 25 000 t d´uranates par an.
En matière agricole, le secteur coton tente de se redresser. Le gouvernement a augmenté de 50% le prix au producteur, à 150 FCFA le kilo, ce qui demeure toutefois très faible, d´autant plus que les volumes ne sont pas là pour compenser : 977 tonnes ont été récoltées en 2007-08. Le grand handicap de la filière demeure le coût élevé du transport (1,85 dollar pour acheminer un kilo de coton de RCA au port camerounais de Douala alors que le cours international du coton est inférieur). Le président Bozizé entend lancer un vaste programme triennal afin de booster à 32 000 t la production d´ici 2011. Mais ce dernier requiert un soutien financier international et les bailleurs sont las, ayant déjà versé 5 millions de dollars en 2007 pour rembourser les dettes pendantes du gouvernement à l´égard des producteurs.
À noter qu´en matière agricole en général, la Banque mondiale a accordé courant août 7 millions de dollars dont 3,75 millions sont destinés à l´accès aux intrants et à la redynamisation des cultures.
Côté politique, 2008 s´est ouverte sous les pires auspices. Le 18 janvier, le Premier ministre Elie Dote et son gouvernement démissionnaient en pleine crise provoquée par la grève des fonctionnaires, et quelques semaines avant le déploiement de la force européenne de paix Eufor, chargée de protéger les populations civiles du nord-est de la RCA des débordements de violence au Darfour soudanais limitrophe. Elie Dote a été remplacé de façon inattendue par le recteur de l´université de Bangui, Faustin Archange Touadera, qui, selon les observateurs, manquait d´expérience politique.
Toutefois, en juin, le gouvernement a signé un accord de paix global, consolidant les accords de cessez-le-feu conclus jusque-là avec chacun des trois mouvements rebelles et en septembre, le Parlement a adopté une loi d´amnistie.
Bénédicte Châtel et Anne Guillaume-Gentil