Principal pôle des TIC au Mexique, l’État de Jalisco développe actuellement son industrie aéronautique et souhaite accueillir des investisseurs français. Son principal atout réside dans sa localisation proche des États-Unis qui restent le premier marché aéronautique mondial.
« Nous ne sommes pas intéressés par des entreprises qui viendraient investir dans le cadre d’une stratégie de délocalisation pour profiter uniquement du différentiel de coûts salariaux entre la France et le Mexique », affirme Ulloa Velez, secrétaire en charge du Développement économique du gouvernement de l’État de Jalisco (7,4 millions d’habitants). Une étude réalisée par KPMG a pourtant estimé que le niveau des coûts de l’industrie aéronautique mexicaine en 2010 était inférieur de 14 % par rapport aux États-Unis et de 12 % par rapport
à la France.
L’État de Jalisco dispose d’une économie diversifiée et d’un puissant secteur industriel, notamment dans les TIC dont il est le leader au Mexique (plus de 650 entreprises, 17,4 milliards de dollars d’exportations en 2010, une vingtaine de parcs technologiques et industriels dédiés à ce secteur). De fait, il a été le seul État mexicain à enregistrer une croissance de l’emploi en 2009, au plus fort de la crise au Mexique. Le français Technicolor (ex-Thomson) vient ainsi d’annoncer un investissement de 50 millions de dollars pour augmenter sa capacité de production de DVD et de CD de 2,7 à 3,5 millions par jour.
Un pont en zone dollar vers le marché nord-américain`
Le principal intérêt du Mexique, pour une entreprise française réside, outre la qualité des infrastructures et la disponibilité de main-d’œuvre qualifiée, dans la proximité avec les États-Unis qui restent le principal marché aéronautique mondial. D’autant que le Mexique est situé en zone dollar, un atout non négligeable en période d’incertitudes sur les taux de change.
Et l’échec récent qu’a essuyé Airbus aux États-Unis avec un contrat de fourniture d’avions de transport militaire ne doit pas conduire à baisser les bras. « Tôt ou tard, les Européens pénétreront le marché américain. La présence au Mexique prendra alors toute son importance », affirme Yves Darricau, ingénieur-consultant et spécialiste
de l’Amérique latine.
D. S.
Le gouvernement de l’État prend appui sur l’existence de cette masse critique dans les TIC pour développer la filière aéronautique et spatiale. Celle-ci compte déjà une trentaine d’entreprises intégrées dans le Jalisco Aerospace Council (JAC), sorte de cluster qui regroupe également des universités et des centres de recherche. « Nous sommes très actifs dans la maintenance et la réparation, mais nos entreprises offrent des capacités dans une vaste gamme de domaines : avionique, ingénierie, fabrication de composites, câbles, logiciels, etc. », explique Luis Valtierra, président du JAC. Le Mexique montre aujourd’hui une réelle volonté d’aller vers les secteurs de haute technologie, comme l’atteste la création récente de l’Agence spatiale mexicaine (AEM). « Nous voulons entrer dans des créneaux tels que la fabrication de mini-satellites et de drones », confirme Luis Valtierra.
L’objectif principal du JAC est de renforcer le tissu des fournisseurs locaux afin d’être en mesure de répondre aux demandes des donneurs d’ordres. D’où l’intérêt porté aux investissements par des sociétés étrangères, notamment françaises. Celles-ci bénéficient d’une image forte grâce à Airbus et aux investissements déjà réalisés (par Safran notamment).
« Notre stratégie de développement est basée à 80 % sur la croissance de nos sociétés et à 20 % sur la présence de nouveaux investisseurs. Mais ces derniers sont appelés à accélérer le développement de notre tissu à exercer ainsi un véritable effet de levier », précise Luis Valtierra.
Daniel Solano