Selon une enquête de la Chambre de commerce européenne en Chine (CCEC, EUCCC en anglais), l’environnement des affaires en Chine inquiète les investisseurs européens. Certains lorgneraient même vers « d’autres marchés qui s’ouvrent à travers le monde », pour reprendre les termes du président de la CCEC. Ce dernier présentait le 29 mai une enquête que son institution a publiée le même jour.
Selon ce document (voir la pièce jointe attachée ci-dessous), plus d’une entreprise sur cinq implantée
en Chine envisage de s’en détourner à cause de coûts du travail en
hausse, d’une concurrence plus vive des entreprises chinoises et d’un
cadre juridique jugé discriminatoire, notamment matière de protection de l’environnement. Un vrai paradoxe puisque dans le même temps, la Chine est décrite comme « un marché stratégique de plus en plus important
pour les entreprises européennes ».
Ainsi, alors que 78% des 557 entreprises membres de la CCEC
interrogées dans le cadre de cette enquête se disent optimistes quant à une croissance de leurs opérations en Chine
au cours des deux prochaines années, seule la moitié d’entre elles (36%) table sur une
évolution favorable de leur profitabilité.
Pour grandir en Chine, 52% des
entreprises prévoient une expansion vers des régions de Chine où elles
ne sont pas encore implantées, notamment dans l’intérieur du pays où les
salaires sont plus faibles et où certaines provinces accordent des
mesures incitatives aux entreprises étrangères.
Les trois principales inquiétudes des entreprises
européennes en Chine sont le ralentissement économique du pays, pour 65%
d’entre elles, l’augmentation du coût du travail (63%), et le
ralentissement économique mondial (62%), selon l’enquête.
Concernant l’évolution du coût
du travail, 59% des entreprises interrogées se disent pessimistes pour
le proche avenir, une proportion qui monte à 75% pour celles implantées
dans le delta de la Rivières des Perles (le triangle délimité par
Canton, Hong Kong et Macao) dans le sud du pays, où sont concentrées
beaucoup d’entreprises exportatrices.
Le Bureau national des statistiques a notamment pointé à cette occasion que les salaires du
secteur privé en Chine se sont relevé de 12,3% en 2011 une fois
déduite l’inflation. La compétitivité des
entreprises locales se renforce également au niveau des prix, du marketing,des
ventes et de la notoriété de leurs marques, traduisant une
concurrence plus forte », d’après la Chambre de commerce de l’UE en
Chine. En outre, leurs concurrentes
européennes font valoir que les entreprises d’Etat chinoises ont encore amélioré leurs
relations avec le gouvernement, qui étaient déjà leur point fort.
Dans ces conditions plus
difficiles, les sociétés européennes réclament des réformes qui leur garantissent un meilleur accès au marché chinois. Il y a trois semaines à
Bruxelles, le commissaire européen au Commerce Karel de Gucht a déclaré
que l’UE allait renforcer ses capacités de riposte face au « capitalisme
d’Etat » de Pékin, qui protège les entreprises nationales. Et deux jours avant l’enquête de la CCEC, l’agence Reuters indiquait que Bruxelles se penchait sérieusement sur le cas de deux sociétés chinoises de téléphonie
mobile, Huawei
et ZTE, suspectées de profiter de subventions illicites de la part de leur gouvernement.
Sylvette Figari
Pour en savoir plus:
Lire notre Guide Business Chine 2012