« En Chine, on s’aperçoit
qu’exportation et investissement ne sont pas forcément opposés et qu’au
contraire les investissements tirent les exportations », a souligné Carole
Ly (notre photo), conseillère agricole au Service économique régional (SER) à
Pékin, lors d’un séminaire organisé par FranceAgrimer, le 26 février à Paris, au Salon
international de l’agriculture (SIA). Pour elle, ce serait notamment la
solution « pour percer dans l’amont agricole » et « un moyen
pour y parvenir serait de nouer des partenariats avec des opérateurs locaux
disposant de réseaux de distribution ».
Au total, 1 200
entreprises françaises seraient implantées dans l’ex-Empire du Milieu,
« mais peu dans l’agroalimentaire », regrette Carole Ly, selon
laquelle « la France prend un retard important dans ce domaine par rapport
à l’Allemagne et aux Pays-Bas ». A ceux qui craignent la contrefaçon, la
responsable au SER à Pékin répond que le gouvernement a commencé à combattre ce
fléau, d’autant que ce sont les groupes et produits locaux qui se sont les plus
touchés.
«Quand il s’agit de la technologie française,
les Chinois ne trouvent pas forcément que c’est cher »
Les marchandises européennes,
françaises en particulier, disposent d’une image de qualité. A l’inverse des
produits chinois, de moindre qualité quand ils ne sont pas dévalorisés aux yeux
de la population. « Alors, pour un étranger, s’allier à un opérateur local
peut, en effet, être risqué si on ne choisit pas bien son partenaire »,
convient Carole Ly. Justement, pour ne pas que leur nom soit associé à une
offre de mauvaise qualité, certains distributeurs étrangers établis en Chine
refusent de vendre sous marque de distributeur (MDD).
« Souvent, d’ailleurs, les
entreprises chinoises demandent à leurs partenaires français de leur montrer
leur savoir-faire en matière de sécurité sanitaire », note Thomas Pavie,
conseiller agricole adjoint au SER à Pékin. Le savoir-faire rassure les
consommateurs. Une confiance que le fabricant de confitures et compotes Andros,
établi dans la banlieue de la capitale chinoise, a su faire fructifier, en
pratiquant des prix élevés. « Quand il s’agit de la technologie française,
les Chinois ne trouvent pas forcément que c’est cher », commente Thomas
Pavie.
Jusqu’à présent, la France est
surtout connue pour ses vins et spiritueux, qui on représenté un montant global
de ventes d’environ un milliard d’euros l’an dernier. Elle dispose ainsi d’une
part de marché de 54 %. « Cinquième marché mondial de vins français, la
Chine est le premier importateur de bordeaux et le troisième de nos spiritueux,
après les États-Unis et Singapour, car il y a une forte valorisation du cognac
dans ce pays », explique Michel Ferret, chef du service Etudes et marchés
de filières à FranceAgrimer. Les Chinois boivent des cognac haut et très haut
de gamme, qui servent aussi aujourd’hui de base à des mélanges vendus dans des
lounges (clubs).
Des
groupes exportateurs vont s’allier avec des entreprises chinoises pour créer
des gammes de vins
« Dans la vigne, la France
commence à se positionner », observe Carole Ly, selon laquelle « des
groupes exportateurs vont s’allier avec des entreprises chinoises pour créer
des gammes de vins locaux et importés, ce qui leur permettra de jouer sur tous
les segments du marché ». De leur côté, les investisseurs chinois ont
racheté vingt à trente vignobles bordelais.
La France dispose aussi d’une
bonne part de marché dans le lactosérum, de 17 % exactement, tout comme dans la
génétique porcine. Mais dans la viande de porc, elle n’est que de 5 %. Cette part est encore inférieure dans
toute une série de domaines : 4 % dans les fromages, alors que les
Australiens et Néozélandais occupent 80 % du marché ; 3 % dans le beurre,
2,4 % dans les pommes, 2 % dans la poudre de lait, 1,2 % dans l’épicerie, 1 %
dans l’orge.
D’après une étude d’Ubifrance
réalisée pour l’Ania (Association nationale des industries alimentaires), la
Chine deviendra le premier marché mondial de l’épicerie en 2015. Dans la
viande, le porc représente 60 % de la consommation domestique. « Quelques
projets d’investissement sont bien avancés. On va vers un certain
rattrapage », se félicite Carole Ly. Dans le lait, la demande explose,
alors que les groupes chinois, comme Yili et Mengniu, respectivement 15e
et 16e mondiaux, n’exportent pas.
Dans le lait comme dans
d’autres secteurs, il ne faut pas tarder à nouer des partenariats, estime
Carole Ly. Selon elle, « l’internationalisation des groupes chinois est
encore timide, mais elle va s’accroître ». La conseillère agricole à Pékin
fait valoir que les Chinois ont un besoin pressant de matières premières et de
technologie. Or, malgré leurs efforts pour restructurer leur agriculture, leur
déficit dans l’agroalimentaire ne cesse de se creuser. Il est ainsi passé de 34
milliards de dollars en 2011 à 48 milliards l’an dernier.
François
Pargny
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