C’est une première dans l’histoire de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de l’organisation qui l’a précédée, le GATT(General Agreement on Tariffs and Trade). C’est une personnalité issue d’un pays émergent, le Brésilien Roberto Azevedo, qui va succéder le 1er septembre prochain au Français Pascal Lamy à la tête de l’OMC.
Ce diplomate chevronné de 55 ans, qui a dirigé la représentation du brésil à l’OMC à Genève pendant 16 ans, a obtenu la majorité des suffrages des 159 pays membres de l’organisation et notamment ceux des pays émergents, face à l’ancien ministre du Commerce mexicain Herminio Blanco. Il a notamment œuvré sans relâche, parfois avec succès contre les subventions des Etats-Unis et de l’Union européenne à leurs agriculteurs.
Représentant d’un pays émergent qui n’hésite pas à user du protectionnisme pour protéger son industrie ou favoriser les investissements dans la production locale, Roberto Azevedo a sans doute été préféré au Mexicain parce que le Brésil est jugé plus indépendant des pays développés que le Mexique, perçu comme trop proche des Etats-Unis, avec lesquels il partage une zone de libre-échange (l’Alena). Le Brésil est notamment membre et l’un des leaders du G33, un groupe de pays émergents dont l’Inde fait partie, à la pointe dans les négociation avec les pays industrialisés. Il était soutenu par une majorité de pays en développement et émergents.
Roberto Azevedo a estimé que « le système commercial est affaibli par la complète paralysie des négociations commerciales » engagées il y a bientôt 12 ans dans le cadre du cycle dit de Doha et il aura pour défi de sortir l’OMC d’une paralysie à laquelle Pascal Lamy n’a pu mettre fin, faute d’avoir réussi à simplifier le processus de négociation et de décision. Chacun des 159 membres peut en effet bloquer un accord et tout traité doit être adopté à l’unanimité des membres. Depuis, les accords de libre-échanges bilatéraux se multiplient.
C. G.