Après la bonne entente affichée lors de la rencontre de Deauville, le 19 octobre, par la France, l´Allemagne et la Russie, le Sommet Union Européenne (UE)-Russie du 7 décembre, à Bruxelles, s´annonce au mieux. D´abord, parce que ces trois pays ont promis de s´engager ensemble dans la réforme du système monétaire international pendant la présidence française du G20, qui commence le 12 novembre. Ensuite, ils sont convenus de renouveler leur rencontre tripartite. Enfin, parce que la suppression par étape des visas entre la Russie et l´UE – une question largement débattue lors du dialogue à trois dans la station balnéaire normande – pourrait être actée lors du Sommet de Bruxelles.
Certes, des divergences demeurent. « La France pourrait supprimer les visas pour les Russes, mais d´autres Etats membres ne sont pas sur la même longueur d´onde », rapportait Alexandre Orlov, ambassadeur de Russie en France, lors d´un séminaire organisé par le Sénat et Ubifrance, le 21 octobre. Le président Medvedev a donc proposé une feuille de route, mais « là où l´Union européenne ne veut pas d´engagement précis, nous voulons un calendrier sur cinq ans », précise Alexandre Orlov.
Cette exigence du partenaire russe serait pour Moscou la contrepartie de l´assouplissement de sa législation sur le régime juridique des étrangers. La loi du 19 mai 2010, mise en vigueur depuis juillet, crée, notamment, « une procédure simplifiée d´accès, de séjour et d´obtention des permis de travail pour des spécialistes hautement qualifiés », explique Konstantin Romodanovskii, directeur général du Service fédéral d´immigration.
A la fois plus forte à ses frontières, depuis le conflit armé avec la Géorgie, mais aussi menacé à l´est par l´émergence de la Chine, la Russie a besoin d´ouvrir son marché pour accéder aux technologies occidentales, essentielles à la modernisation de son économie, y compris de son immense industrie pétrolière et gazière.
La Russie se redécouvre européenne et Paris, qui se félicite de la bonne dynamique créée par l´Année croisée France-Russie, croit à un tournant dans la libéralisation du marché russe. L´ouverture de grandes entreprises au capital étranger pourrait être un signe. Tout comme l´entrée du plus vaste pays du monde dans l´Organisation mondiale du commerce, peut-être avant la fin de l´année.
François Pargny