En matière d´innovation, l´Union européenne ne parvient pas à combler son retard face à ses concurrents, principalement américains et japonais, mais qui seront peut-être bientôt brésiliens ou chinois, selon les conclusions du nouveau « Tableau de bord de l´Union de l´innovation » (TBUI) 2010, publié le 1er février par la Commission européenne.
Elaboré par l’Institut de recherche économique sur l’innovation et la technologie de Maastricht, le tableau de bord évalue les performances des Etats membres de l’UE dans le domaine de l’innovation. Il couvre les 27 pays membres de l´Union, auxquels s´ajoutent : la Croatie, la Serbie, la Turquie, l´Islande, l´ancienne République yougoslave de Macédoine, la Norvège et la Suisse. Au sein de l´UE, la Suède a les meilleurs résultats, suivie par le Danemark, la Finlande et l´Allemagne. Le Royaume-Uni, la Belgique, l´Autriche, l´Irlande, le Luxembourg, la France, Chypre, la Slovénie et l´Estonie constituent, dans cet ordre, le groupe suivant.
Selon ce tableau de bord, l´UE maintient encore une nette avance sur les économies émergentes de l´Inde et de la Russie. Mais le Brésil fait des progrès constants et la Chine rattrape rapidement son retard. L´écart le plus important en matière d’innovation apparaît dans la catégorie «activités des entreprises», où l´UE 27 est en retard en termes de co-publications public-privé, de dépenses de R&D des entreprises et, par rapport au Japon, de brevets PCT (traité de coopération en matière de brevets).
« L´écart de l´Europe en matière de recherche et d´innovation est principalement dû au secteur privé », constate la Commission européenne dans son communiqué. « La priorité devrait donc être la création de conditions réglementaires ou autres qui encourageront l´accroissement des investissements du secteur privé et faciliteront l´exploitation des résultats de la recherche par le secteur des entreprises, au moyen, notamment, d´un système de brevets plus efficace », estime la Commission. L´écart est en effet particulièrement important et s´accroît rapidement en ce qui concerne les recettes de licences et brevets provenant de l´étranger.
Eurochambres, l´association des chambres de commerce et d’industrie européennes, a réagi à ce tableau de bord en demandant à la Commission européenne d’avoir une politique d’innovation plus commerciale et orientée vers le monde des affaires. Dans un communiqué du 2 février, le secrétaire général d’Eurochambres, Arnaldo Abruzzini, a déclaré que « la politique [actuelle] d’innovation en Europe, basée sur une approche conventionnelle tournée massivement vers la recherche, est dépassée ». L’association en appelle à une dynamique plus commerciale de la politique d’innovation en soulignant que les pays européens les plus innovants (Allemagne, Suède, Danemark et Finlande) sont performants en matière de commercialisation de leur savoir-faire technologique.
Venice Affre