A Madagascar, l’Histoire se répète souvent. Fin octobre, les bailleurs de fonds ont signifié au président Hery Rajaonarimampianina qu’ils gelaient tout financement parce que le Programme national de développement – la feuille de route de plus de 4 milliards de dollars en 2015 et 2016 dont la Lettre confidentielle s’est procurée une copie – pêchait par son manque de cohérence.
Y était également listée toute une série de projets, des routes à l’éducation, sans aucune priorité et sans tenir compte de la capacité d’absorption de l’Administration. « Ce que pointent aussi sans le dire les partenaires techniques et financiers (PTF) sont le manque de compétences au sein de l’exécutif et la poursuite de la dérive mafieuse », confie à la LC un familier des joutes politiques à Antananarivo, selon lequel « en raison de l’inertie administrative, la nouvelle version du PND ne pourra pas être présentée avant 2015 ».
Or la situation politique et sociale est délicate et le président Hery, investi le 25 janvier dernier après cinq ans de crise politique, déçoit. « Le processus de réconciliation est jusqu’à présent un échec, aucune réforme n’est engagée, les élections communales, régionales et provinciales sont reportées, bloquant l’installation de la Haute Cour de Justice. Et surtout, note un observateur politique, le président Hery manque de charisme. Il a dédaigné l’Armée, que l’on sent maintenant s’agiter, et il commence à museler la presse ».
Un cocktail qui pourrait aboutir, selon lui, à un scénario d’éviction du chef de l’État : Hery Rajaonarimampianina pourrait être destitué par l’Assemblée nationale, comme le fut, le 5 septembre 1996, le président de l’époque, Albert Zafy, victime d’une procédure d’empêchement ; ou il pourrait être chassé du pouvoir par une révolte populaire ou/et un coup d’État militaire.
Or, affirme ce familier de la Grande Ile, « une nouvelle instabilité politique servirait les menées de ceux qui veulent implanter l’islamisme sur place ». Selon lui, pendant les cinq années de crise politique, quelque 130 000 Malgaches ont été convertis à l’islam politique. Pendant cette période, l’économie a également beaucoup souffert. D’après la Banque mondiale, seules 13 sociétés privées ont investi au premier trimestre, contre 56 durant la même période de 2013.
François Pargny
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