Washington voit d’un très mauvais œil la sortie éventuelle de son allié de toujours au sein du bloc européen. Si les Américains n’ont jamais caché leurs craintes d’un « Brexit », ils viennent de franchir une étape supplémentaire en s’impliquant directement dans la campagne pour le « in » tout juste lancée par David Cameron après l’accord arraché aux 27 à l’issue de négociations marathon qui auront duré plus de 30h les 18 et 19 février derniers.
Jim Messina, chef d’orchestre de la campagne de Barack Obama en 2012, vient d’annoncer qu’il serait l’un des conseillers stratégiques du Premier ministre britannique d’ici au référendum sur le « Brexit », prévu le 23 juin. « Compte tenu des défis économiques actuels, la dernière chose à faire est de menacer les économies européennes et britanniques des risques d’un Brexit », s’est-il justifié. Un autre pilier de l’équipe de campagne de Barack Obama, Tara Corrigan, a elle aussi annoncé qu’elle travaillerait avec David Cameron « sur une base quotidienne jusqu’au mois de juin ».
Le locataire du 10 Downing Street semble donc tenir les promesses faites à ses homologues européens en s’engageant pleinement en faveur du maintien de son pays au sein de l’UE. De quoi rassurer, aussi, les milieux d’affaires britanniques très secoués après l’annonce du maire de Londres, Boris Johnson, de rejoindre le camp des partisans du « out ». La nouvelle a d’ailleurs provoqué une chute de la Livre Sterling, qui a perdu 2,4% par rapport au dollar, soit son niveau le plus faible depuis 2009.
L’agence Moody’s a, en outre, prévenu, le 23 février, qu’une sortie pourrait avoir des conséquences sur la note des actifs britanniques, jugeant que le coût dépasserait les gains. L’agence Fitch soulignait, de son côté, qu’une sortie de l’UE risquerait de « peser » et de différer des investissements. « Quitter l’Europe menacerait notre sécurité économique et nationale », a averti David Cameron. Ceux qui prônent une sortie n’ont à offrir que « des risques dans un temps d’incertitude, un saut dans l’inconnu », a-t-il ajouté.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles