Fleur Pellerin aurait évoqué le projet de création d’une « Maison de l’international » en Chine lors de sa visite à Pékin, et serait favorable au ticket Ubifrance/Erai pour la mettre en œuvre à Shanghai, selon des informations émanant du siège de la direction de l’agence rhônalpine Erai (Entreprises Rhône-Alpes international) à Lyon, parvenues à la Lettre confidentielle.
Selon cette source, lors d’une réunion à l’ambassade de France à Pékin le 22 avril, en présence de l’ambassadeur de France et des représentants de différents responsables du réseau français en Chine, dont les dirigeants d’Ubifrance et d’Erai en Chine, la nouvelle secrétaire d’État au Commerce extérieur aurait ainsi fait part de son soutien au projet initié par l’ex. ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq d’ouverture d’une « maison de l’international » dans l’enceinte de l’Espace Rhône-Alpes à Shanghai, installé dans l’ancien pavillon de la Région dirigée par Jean-Jack Queyranne à l’Exposition universelle de 2010.
Sollicité par la LC, le secrétariat d’Etat au Commerce extérieur n’a toutefois pas confirmé cette information. Ce dossier tient particulièrement à cœur Fleur Pellerin. Créer de telles structures à l’étranger pour assurer l’accueil et l’orientation des entrepreneurs français et réduire le millefeuille des structures d’accueil était en effet une promesse du président François Hollande à l’issue des assises de l’entrepreneuriat qu’elle avait organisées à l’Elysée, le 29 avril 2013, alors qu’elle était ministre déléguée aux PME et au numérique. Deux « Maisons expérimentales » devaient être créées dont une aux États-Unis et l’autre en Chine.
Pour accélérer la réalisation concrète de ces promesses présidentielles, et au risque de s’attirer les foudres de l’Uccife, l’Union des CCI françaises à l’étranger, finalement écartée de ces projets, Nicole Bricq avait fait émerger deux projets reposant sur des « deals » États/Régions : celui des États-Unis, qui s’appuie sur un partenariat entre Ubifrance et une filiale de l’Agence régionale de développement (ARD) francilienne, Hubtech 21, à San Francisco, et celui reposant sur un partenariat entre Ubifrance et Erai, à Shanghai. Le site américain devait être spécialisé sur les NTIC, avec une annexe à Boston orientée sur les biotechnologies, le site chinois devait être davantage orienté sur l’agroalimentaire. Les Régions francilienne et rhônalpine étaient d’autant plus partantes pour prêter main forte à l’État que ces structures à l’étranger sont coûteuses à entretenir, même si elles rendent de réels services à leurs PME régionales.
Le projet américain a dû être bouclé précipitamment sous la pression de l’Élysée, en vue de la visite d’État du président français aux États-Unis, début février 2014, alors qu’il avait été recalé par Matignon, de même que par la Direction des entreprises et de l’économie internationale (DEEI) du Quai d’Orsay et la DG Trésor à Bercy. C’est ainsi que le French Hub Tech de San Francisco, plus ou moins bien ficelé, a pu être inauguré le 12 février par le président Hollande lors de sa visite aux États-Unis. Le projet chinois, devrait, au moins, bénéficier d’une maturation plus aboutie…
Christine Gilguy
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