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Travailler avec l’Afrique en 2016 : des financement multiples et diversifiées

En matière de projets à financer, les besoins sont immenses. Des financements publics et privés existent. La France dispose d’un instrument financier bilatéral qui va encore monter en puissance, l’Agence française de développement (AFD).

 

Lors de l’atelier sur l’activité de l’AFD en Afrique Subsaharienne, organisé le 14 janvier 2015 au siège de Business France à Paris, Jean-Pierre Marcelli, directeur du département Afrique, a rappelé que 37 % de la population n’a pas accès à l’eau potable sur ce continent. Ce chiffre grimpe à 65 % pour l’électricité. Plus de 400 millions d’Africains sont dans une situation d’extrême-pauvreté.

Le défi est cependant en grande partie devant nous. La population de l’Afrique subsaharienne devrait passer de 974 millions d’habitants en 2014 à au moins 1,9 milliard en 2050 et 10 millions de jeunes entrent chaque année dans le marché du travail. En 2050, la région comptera 40 villes de plus de 3 millions d’habitants. Les besoins à venir son immenses : éducation et formation professionnelle, infrastructures, lutte contre le réchauffement climatique, villes durables, santé, etc. Pour faire face à ces besoins, il y a plusieurs sources de financement, aussi bien de nature publique (multilatérale et bilatérale) que privée (banques, entreprises, ONG, etc.). Au cours de la période récente, un nouvel acteur a fait son apparition, la Chine, avec des financements estimés à 20 milliards de dollars par an.

En matière de financement bilatéral la France fait toutefois bonne figure. L’AFD est l’un des trois grands bailleurs de fonds bilatéraux de la zone OCDE, conjointement avec la KfW (Allemagne) et la JICA (Japon). L’Agence propose trois types d’instruments : des prêts à conditions de marché, des prêts concessionnels et des subventions. Les prêts accordés par l’AFD sont déliés, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas conditionnés à la fourniture de biens ou de services par des sociétés françaises.

Si l’AFD n’est pas le plus important en termes de montant des financements accordés, il est celui qui a la plus grande présence sur le terrain, avec 28 agences ou bureaux.

L’AFD couvre 49 pays. De plus, 48 % des agents sont en Afrique, sur le terrain. Les directeurs des bureaux, des professionnels connaisseurs de l’Afrique, sont des acteurs clés.

À cela s’ajoute un effet de levier fort, par le biais des coopérations avec d’autres partenaires financiers. « L’Afrique subsaharienne est notre première priorité » a déclaré Jean-Pierre Marcelli. L’AFD a défini deux grands objectifs stratégiques (lutter contre la pauvreté et promouvoir une croissance durable) et six objectifs opérationnels : le renforcement du capital humain, l’essor de villes durables, la gestion et la préservation des ressources naturelles, le désenclavement des territoires, des économies et des hommes, la sécurité alimentaire et le développement rural et le développement des entreprises créatrices d’emplois.

En 2015, les financements accordés à l’Afrique subsaharienne ont atteint 2,5 milliards d’euros, dont 1,3 milliard d’euros pour les infrastructures, 326 millions d’euros pour l’éducation, 193 millions d’euros pour l’environnement et les ressources naturelles et 167 millions d’euros pour le secteur productif. Comme l’ont rappelé les directeurs des agences de l’AFD dans les pays africains lors des ateliers consacrés à chacune des trois sous-régions (Afrique de l’ouest, Afrique centrale et Afrique australe, orientale et pays de l’océan indien), l’AFD, comme le reste des bailleurs, doit tenir compte de la « capacité d’absorption » des fonds par le pays.

L’action de l’AFD est complétée par la contribution de la Proparco, filiale de l’AFD chargée d’appuyer l’investissement privé dans la région, par le biais de prêts, d’investissements minoritaires et de garanties. Celle-ci se concentre sur certains secteurs : banques et marchés financiers, climat, infrastructures, santé et éducation, agricultures et agro-industries et microfinance. Le portefeuille de projets en Afrique subsaharienne représente 1,5 milliard d’euros.

Daniel Solano

Afrique de l’ouest : un appui efficace pour les entreprises françaises

« L’Afrique de l’ouest connaît une dynamique intéressante » a déclaré Yazid Bensaïd, directeur adjoint Afrique de l’ouest de l’AFD, lors d’un atelier consacré à la sous-région, le 14 janvier (lire ci-dessus). Les projets sont nombreux, l’AFD est très bien implantée et les entreprises françaises sont très actives, malgré une concurrence féroce. En 2015, la sous-région a reçu des financements à hauteur d’1 milliard d’euros, dont 600 millions pour la Côte d’Ivoire. « Nous sommes présents dans tous les secteurs, à l’exception de l’énergie » a indiqué Bruno Leclerc, directeur de l’AFD en Côte d’Ivoire, un pays qui connaît actuellement une croissance économique de 8 % par an. L’action de l’AFD est concentrée sur la mise en œuvre du contrat pluriannuel « de désendettement et développement » (C2D), mis en place suite à l’annulation de dette.
Deux contrats C2D sont en cours d’exécution. Le premier (630 millions d’euros), signé le 1er décembre 2012, est en cours d’exécution (75 % des marchés ont été attribués). En ce qui concerne le 2e (1,125 milliard d’euros), signé le 3 décembre 2014, « l’essentiel des marchés reste à passer » selon Bruno Leclerc qui précise que leur champ est étendu. En effet, cinq projets ont été définis : éducation, formation et emploi (226 millions d’euros) ; routes (191 millions d’euros) ; eau (30 millions d’euros) ; développement agricole (77 millions d’euros) ; et appui budgétaire (70 millions d’euros).
Le Sénégal est un autre « client » important de l’AFD qui est présente par une agence régionale, qui couvre également le Cap Vert, la Guinée-Bissau et la Gambie. Le portefeuille de projets dépasse le milliard d’euros, avec une belle diversité : énergie, eau-assainissement, éducation-formation, sécurité alimentaire, etc. L’AFD finance un projet d’autoroute urbaine en PPP (deux prêts de 60 et 89 millions d’euros), la première de la région hors Afrique du sud. « Au cours des deux dernières années, l’AFD a financé 37 marchés au Sénégal, pour un montant de 121 millions d’euros, dont 19 marchés internationaux pour un total de 27 millions d’euros » selon Laurence Hart, directrice de l’AFD pour le Sénégal, le Cap Vert, la Guinée-Bissau et la Gambie.
Les financements de l’AFD ne sont pas liés à l’obligation de choisir des fournisseurs français. D’où la nécessité de soigner ses offres alors que l’environnement local est de plus en plus concurrentiel. À la pression des concurrents traditionnels et au rouleau compresseur chinois s’ajoute l’arrivée de nouveaux joueurs, comme en Côte d’Ivoire, dans le génie civil, les entreprises du BTP de Maroc et de Tunisie.
Pourtant les entreprises françaises tirent bien leur épingle du jeu. Laurence Hart a rappelé que l’AFD finançait des marchés de petite taille (entre 50 000 et 15 millions d’euros), accessibles par définition aux PME, dans des secteurs tels que l’électricité et l’eau-assainissement. En Côte d’Ivoire, les entreprises françaises décrochent 70 % des marchés d’études.

Des financements plus couteux à l’avenir

Comme l’ensemble des régions émergentes, l’Afrique subsaharienne dépend des capitaux extérieurs pour financer son développement. Dans une étude récente, Standard and Poor’s indique que les financements seront plus coûteux à l’avenir. « Nous nous attendons à ce que les pays d’Afrique subsaharienne mettront ces trois prochaines années davantage à disposition leurs revenus pour le service de leur dette. Ceci s’explique par des facteurs externes et internes. Parmi les facteurs externes nous voyons les fluctuations de taux de change (une dépréciation de la monnaie locale résulte en une augmentation du poids de la dette en monnaie étrangère d’un pays relativement à son PIB, phénomène connu sous le terme d’ « inflation de la dette ») et un resserrement de la liquidité dans le monde » explique Benjamin Young, Directeur Associé pour le secteur des notations souveraines africaines chez Standard & Poor’s Ratings Services.
Les pays africains appartenant à la Zone France seront moins affectés. « En ce qui concerne uniquement « l’inflation de la dette », les conséquences ont été plutôt contenues pour les membres des zones CFA France d’Afrique de l’Ouest (UEMOA) et d’Afrique Centrale (CEMAC), reflétant les taux de change indexés sur l’Euro. La seule exception est le Sénégal, ayant une dette en monnaie étrangère relativement plus élevée, dont une partie en dollars US » précise Benjamin Young.

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