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Où exporter en 2018 : Inde

 

 

 

 

 

 

Politiquement, la vente de Rafale dans un pays étranger est toujours bon signe. C’est le cas en Inde, où Dassault a décroché en 2016 un contrat de 36 de ces avions de combat. De fait, les relations entre Paris et New Delhi sont excellentes. Les deux capitales sont ainsi les moteurs de l’Alliance solaire internationale (Asi), nouvelle organisation internationale que doivent présider le chef d’État français et le Premier ministre indien, Emmanuel Macron et Narendra Modi, lors de leur prochaine rencontre prévue en Inde.

Lancée par l’Inde et la France lors de la Cop21 à Paris, l’Asi vise à augmenter la production d’électricité solaire dans les pays en développement.

Rendez-vous était fixé fin 2017, mais pour des raisons d’agenda interne en Inde la visite du président français a été reportée au premier trimestre 2018.

Vu les excellentes relations entre New Delhi et Paris, Dassault pour sa part ne cache pas son espoir d’une nouvelle commande pour son avion de combat. Un espoir d’autant plus raisonnable que le constructeur tricolore a établi, dès le décollage, son plan de bord pour coller au concept du Make in India prôné par Narendra Modi. Ainsi, le 27 octobre, il a inauguré avec son partenaire local Relliance, une usine dans laquelle il a investi 100 millions d’euros, à Nagpur dans l’état du Maharashtra à l’ouest. Depuis que Narendra Modi est devenu Premier ministre, localiser une partie de son offre est conseillé. Pour accroître la valeur ajoutée réalisée dans le pays, le Make in India n’offre pas une solution unique. Une entreprise peut aussi fabriquer en propre, avec un partenaire, faire aussi de l’assemblage, avec une partie des pièces réalisée localement.

François Pargny

 

Agroalimentaire
Alimenter en équipements

Dans ce secteur d’excellence de la France, il ne faut pas trop rêver. Si les obstacles tarifaires sont bien connus dans le vin, les taxes pouvant s’élever à 250 %, voire plus dans certains États de la République fédérale d’Inde, c’est l’ensemble de l’agroalimentaire qui est freiné. Du coup, il vaut mieux considérer l’amont de la filière.

La volonté des Indiens de créer de la valeur ajoutée et donc d’investir dans la conservation, la chaîne de froid ou l’emballage est réelle. Pour les étrangers qui acceptent de rentrer dans le moule du Make in India, les portes sont ouvertes. Pour sa part, le fabricant de refroidisseurs de lait Serap n’a pas attendu la politique volontariste du Premier ministre Narendra Modi pour s’implanter sur place. Depuis 2009, Serap India, à Savli dans l’état du Gujarat, a vendu plus de 1 700 tanks à lait dans la plupart des 27 États. Une réussite que l’entreprise française n’aurait pu obtenir en exportant uniquement, en raison des barrières tarifaires élevées appliquées en Inde et des coûts de production français plus élevés. La filiale, qui compte aujourd’hui 60 salariés, partage donc son activité entre fabrication et importation, livre aujourd’hui le groupe Amul, un géant de l’alimentaire, qui n’a pas hésité à croquer dans une publicité vantant des macaronis le président Emmanuel Macron juste élu, vêtu d’un costume bleu marine, les cheveux élégamment coiffés et la tour Eiffel en arrière plan.

En revanche, capter une part du gâteau alimentaire paraît difficile. Certes, les Fromageries Bel regarderaient du côté de la distribution, qui est ouverte aux investisseurs étrangers depuis 2011. Certes, des centres commerciaux ont, depuis, été ouverts, mais, d’après la Société Générale, « dans le commerce de détail, les États peuvent toujours refuser l’ouverture des points de vente étrangers ».

En définitive, d’après le Service économique régional (SER) de New Delhi, l’Inde importe surtout des « commodités agricoles », alors que « les obstacles tarifaires et réglementaires, mais aussi la complexité de la chaîne de distribution, rendent difficiles les exportations de produits transformés ». Piloté par le SER et Business France, un club Agroalimentaire, composé de 35 entreprises, a été constitué.

 

Ville durable
Devenir « smart »

Dans une trentaine d’années, l’Inde comptera 1,7 milliard d’habitants. Et ce pays gigantesque aura notamment « 500 millions d’urbains en plus », ne cesse de répéter le chef de la task force du Medef, Gérard Wolf. Nommé fédérateur de la famille prioritaire à l’export « Mieux vivre en ville » en avril 2016, il accompagnait le président du Mouvement des entreprises de France (Medef), Pierre Gattaz, à Delhi, Mumbai et Bangalore, du 24 au 29 septembre. L’occasion d’inscrire les ambitions et la marque d’une Équipe de France, aujourd’hui structuré sur place par un Club Ville durable d’une soixantaine d’entreprises piloté par le Service économique et Business France. Et de l’inscrire plus précisément dans le grand programme de développement des villes que le Premier ministre Narendra Modi a pu évoquer auprès de Pierre Gattaz. Le patron des patrons français, venu avec une soixantaine d’entreprises évoluant dans le panache laissé par la commande de 36 Rafale à Dassaut, a pu, de son côté, manifester l’intérêt de l’Équipe de France multidisciplinaire, du monde des trains à l’électricité et l’univers de la route, pour l’ambitieux projet indien « 100 Smart Cities ». En janvier 2016, le gouvernement de Narendra Modi a annoncé 1,4 milliard de dollars d’aide publique pour faire émerger les premières initiatives de ville intelligente dans le cadre de ce projet. « Tout se passe sur appel d’offres », précise Thibaut Fabre, directeur pays de Business France. La définition de smart city est suffisamment floue pour que toute l’offre française y trouve sa place et y propose une vision rassemblée au sein de l’Équipe de France et adaptée au contexte local. Jusqu’à présent, la France s’est positionnée sur trois villes : Chandigarh, Nagpur et Pondichéry.

Mais les sociétés de l’Hexagone peuvent aussi compter sur l’action de l’Agence française développement (AFD). Par exemple, cette dernière a signé fin juin une convention de subvention de 3,5 millions d’euros pour la mise en œuvre de l’initiative MobilizeYourCity financée par l’Union européenne. De façon concrète, il s’agit de favoriser la mobilité durable dans les cités de Napur, Cochn et Ahmedabad et d’y réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au transport urbain.

Porté par la France et l’Allemagne, MobilizeYourCity renforce le champ d’action de l’AFD, qui contribue déjà aux phases I et II du métro de Bangalore et du métro de Cochin et à la construction d’une ligne de métro à Nagpur. L’agence publique délivre également à Cochin et à Chandigarh un programme d’assistance technique à la mobilité.

 

Santé
Soigner la classe moyenne et les hôpitaux privés

Elémentaire, dans un pays de 1,3 milliards d’âmes, qui importe 70 % de ses équipements médicaux, il y a tant à faire. Rien d’étonnant, dans ces conditions, que des Laboratoires Urgo aux Laboratoires Gilbert, en passant par Air Liquide Medical Systems, on soigne un marché en mal de services et de matériel haut de gamme.

Car là est la chance des spécialistes tricolores : de grandes chaînes de cliniques privées à la recherche d’ingénierie, de lits, d’articles jetables et à usage unique (instruments, serviettes, vaisselle…) s’adressent à une classe moyenne de plus en plus attentive à son bien-être, « à l’éducation des enfants, au logement, à l’automobile, mais aussi la santé », précise Thibaut Fabre, directeur pays pour l’Inde de Business France.

Les médias indiens ont témoigné depuis le début de l’année de la faillite de l’hôpital public sous forme de plusieurs drames humains et cas de corruption. Dans un pays où le budget de la santé est faible, la surpopulation des établissements de soins et la défaillance dans les modes d’approvisionnement et d’attribution laissent pantois. Les files d’attente ne sont pas rares dans les établissements d’État, alors que certains hôpitaux privés offrent déjà la possibilité de prendre des rendez-vous en ligne avec un spécialiste. Ces derniers, en raison de leur sophistication, sont aussi capables de développer le tourisme médical, un segment porteur, car la chirurgie, y compris esthétique, y est bien plus abordable qu’en Occident.

 

Technologies et startups
Communiquer et créer des partenariats

Dans le fil de la coopération scientifique et technique, caractérisée par la mise en place d’une commission bilatérale et du Centre franco-indien pour la promotion de la recherche avancée (Cefipra), la France a su impulser une nouvelle dynamique, avec l’organisation, pour la deuxième fois cette année, d’un French Tech Tour, avec sept acteurs de la French Tech, en novembre à Delhi, Bombay, Hyderabad et Bangalore.

« La France est dans le radar des startups indiennes », se félicite Thibaut Fabre, directeur pays de Business France. Un intérêt qui ne doit rien au hasard. L’Inde, forte de ses 4 500 startups, figure aussi parmi les leaders mondiaux, autant en matière de télécommunications que d’audiovisuel, de médias ou encore de services sur Internet, et cherche à se doter de nouvelles technologies en milieu urbain, dans l’Internet des objets, les solutions liées au commerce de détail ou la santé. Son écosystème est, de fait, étoffé : 130 incubateurs et accélérateurs fin 2016, plus de 150 fonds de capital-risque et capital investissement actifs, etc. Aujourd’hui, une cinquantaine d’acteurs de la French Tech sont implantés en Inde.

Enfin, l’Inde s’est révélée la nation la plus réceptive à l’initiative French Tech Ticket, programme visant à encourager les entrepreneurs étrangers à installer leurs startups dans l’Hexagone. Lors du dernier appel d’offres, cette année, la moitié des 1 400 dossiers déposés provenait du sous-continent. Au final, sur les dix projets retenus, 11 étaient indiens.

 

 

 

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