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Financement : une autre paire de manches

« Il faut trouver 20 milliards d’euros afin de maintenir la compétitivité de l’enseignement supérieur en France. D’où l’argent doit venir, c’est une autre question ! », lâche Pierre Tapie, président de la Conférence des grandes écoles (CGE) et directeur général du groupe Essec.

L’école de Cergy-Pontoise a fait le choix depuis 2003 de lever des fonds et vient de créer la Fondation Essec, dont l’ambition est de collecter 30 millions d’euros d’ici cinq ans. Le fundraisingreprésente d’ores et déjà 6 % des 100 millions d’euros de budget de l’école. Une goutte d’eau par rapport à certaines business schools américaines comme Harvard ou Tuck : 40 % de leur budget proviennent des intérêts de leur dotation.

Parmi les solutions avancées par les pouvoirs publics, le processus de sélection des Initiatives d’excellence (Idex, voir « Glossaire » à la fin du dossier, et www.enseignementsup-recherche.gouv.fr) devrait permettre aux lauréats de se partager une dotation de 7,7 milliards d’euros. Les trois premiers projets ont été sélectionnés en juillet : l’université de Strasbourg, l’université de Bordeaux et Paris Sciences et Lettres (PSL) – dont l’université Paris Dauphine est un des 16 membres – appelé à devenir une des 20 pôles mondiaux d’excellence.

Une deuxième vague de lauréats devrait être connue début 2012. « Les Idex sont une bonne occasion de faire travailler ensemble les différentes composantes des établissements et pour ceux-ci de formuler leur projet stratégique, car c’est sur la base de cette ambition qu’ils vont motiver leurs demandes de financement », souligne Loïc Jouenne, associé secteur public du cabinet Deloitte. Un cercle vertueux peut ensuite s’instaurer, la reconnaissance obtenue par le biais des Idex permettant d’attirer la lumière sur le campus, ce qui peut susciter de nouveaux financements. « Le succès de notre fondation d’université, qui a collecté plus de 8 millions d’euros, traduit la notoriété nouvelle de l’Unistra, aujourd’hui renforcée par l’Idex, et la confiance que nous accordent les particuliers et les entreprises », confirme Alain Beretz, président de l’université de Strasbourg.

Les trois lauréats des Idex attendent le déblocage de leur dotation. « Le versement des fonds devrait intervenir assez rapidement, sans que nous soyons forcés d’attendre que les premières réalisations évoquées dans les dossiers aient connu un début d’exécution. Les établissements ont en effet besoin de rendre des comptes à leur communauté en leur montrant que les efforts entrepris pour concevoir leur projet stratégique ont commencé à porter leurs fruits », estime Loïc Jouenne. Le président de l’université Paris Dauphine, Laurent Batsch, confirme que les discussions sur la dotation de PSL se sont ouvertes le 8 novembre et devraient se poursuivre jusqu’à Noël.

« Les fonds devraient, ensuite, être assez vite disponibles », pense-t-il. Pour Loïc Jouenne, l’apprentissage que les universités font aujourd’hui de leur autonomie dans un contexte économique difficile rend nécessaire pour les établissements de mettre en place un pilotage financier fin, notamment de la masse salariale. « La masse salariale connaît des tendances inflationnistes naturelles. Les effectifs vieillissant, ils coûtent plus cher et les établissements en ont fait l’expérience. Il faut très tôt apprendre à négocier auprès de l’État. Plus généralement, les bonnes pratiques budgétaires se trouvent dans les établissements qui mettent en place un véritable dialogue de gestion », explique-t-il.

Le processus des Idex montre une fois de plus qu’en France, la part des financements publics est très importante (de l’ordre de 85 %). Selon une note de la Conférence des présidents d’université (CPU) d’avril 2011, « seuls les pays scandinaves, l’Espagne et la Belgique ont une structure de financement comparable. À l’opposé, plusieurs pays, notamment ceux où la dépense d’enseignement est élevée, recourent fortement à des financements privés : États-Unis et Japon (66 %), Australie (60 %). Les pays où la part des financements privés est importante sont aussi ceux où les droits de scolarité sont les plus élevés ». 

G. G.

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