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Trois questions à Pierre-Louis Bertina, président de la section Italie des conseillers du Commerce extérieur de la France (CCEF).

Le Moci. Y a-t-il un intérêt pour les PME et ETI françaises à se rendre à l’Exposition universelle de Milan ?

Pierre-Louis Bertina. Pour des entreprises qui ont des doutes ou qui veulent mettre le pied en Italie, c’est une opportunité. Il faut, bien sûr, faire des tests pour bâtir une politique cohérente sur ce marché qui reste important, mais qui fait peur. On pense que les règles y sont particulières, l’image est parfois négative. Et pourtant les Italiens sont nos cousins les plus proches. Avec des différences évidemment. L’Italien est plus créateur, innovant, fonceur. Il improvisera plus et plongera plus facilement dans une zone de risque, alors que le Français avance par étapes, fait de la programmation. Des deux côtés, il y a un mélange de respect mutuel, d’admiration et de défiance. Mais finalement Italiens et Français sont complémentaires. Des partenariats peuvent donc être noués.
En Italie, l’Exposition universelle est vécue comme un élément de relance économique. Et je suis persuadé que, malgré les retards accumulés, ils seront globalement prêts le jour J. Nombre d’Asiatiques et de professionnels de pays lointains seront certainement présents. Nous pensons que l’exposition sera un bon outil pour tisser des liens de coopération. C’est pourquoi avec Business France, nous tentons d’organiser des séminaires sur le textile, notamment technique, un segment investi par des sociétés italiennes qui s’y sont reconverties. Avec la région de Lyon et peut-être le Nord, nous allons travailler à des rencontres pour des coopérations diverses, dans les matières premières comme dans les débouchés finaux.

 

Le Moci. Compte tenu de la persistance de la crise économique en Italie, des PME françaises pourraient être plus tentées pour des zones a priori plus porteuses, comme l’Asie du Sud-est, le Moyen-Orient, voire l’Afrique. Que leur dîtes-vous ?

P-L. B.  Ne venez pas en Italie ! S’y rendre sans y avoir jamais posé les pieds n’est pas aisé, car le marché est déjà organisé. Et encore plus en période de crise. A priori, le marché italien n’est donc pas propice. Sauf si l’objectif est de conclure des accords de coopération avec des entreprises italiennes pour leur marché domestique et surtout pour s’ouvrir des débouchés internationaux. Les Italiens qui réussissent ont tous une forte activité dans le monde. Dans le génie civil, par exemple, l’activité est à 80 % planétaire. Il faut penser à nouer des alliances avec elles à l’international. Penser investir en Italie pour reprendre une entreprise, ce n’est jamais évident, sauf si la société en question a comme seule difficulté de manquer des moyens pour se projeter dans le monde. Mais de toute façon il faut au moins une ETI, une entreprise à taille intermédiaire pour intégrer les savoir-faire locaux, les marques et les niches.

 

Le Moci. Le Sommet franco-italien du 24 février à Paris n’a pas abouti à des annonces de coopération ? N’est-ce pas décevant ?

P-L. B. Entre ces deux grands voisins qui se connaissent, il y a sans doute une difficulté à être innovant, coopératif, mais n’attendons pas, nous hommes d’affaires, que nos gouvernants construisent notre business. Le climat politique étant favorable, déjà ça aide. En outre, la France développe une diplomatie économique qui semble efficace. C’est à nous maintenant d’inventer et de travailler sur des projets concrets. Et arrêtons de penser uniquement en termes de concurrence. C’est le sens que nous voulons donner au séminaire sur le tourisme que nous organiserons le 9 juillet. Entre deux grandes nations touristiques, il y a certainement moyen de trouver des complémentarités entre les différentes niches et de coopérer.

 

Le Moci. Originaire du Piémont, vous avez certainement une idée de l’intérêt du grand axe ferroviaire Lyon-Turin qui fait débat et de l’Euro région Alpes Méditerranée ?

P-L. B. Le projet de train à grande vitesse entre Lyon et Turin est structurant, mais c’est à nos politiques de nous dire s’il peut être financé. Je remarque, côté Piémont, que généralement on y est très favorable, car il doit permettre de désenclaver cette région italienne. Quant à la coopération transfrontalière, l’ouverture des régions les unes vers les autres montre à quel point encore nous sommes complémentaires. C’est bien la preuve une nouvelle fois que France et Italie sont proches l’une de l’autre.

Propos recueillis par François Pargny

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