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Entretien avec Alain Rousset, président du conseil régional d’Aquitaine et de l’Association des Régions de France (ARF)

« Le bon modèle, c’est le Nord Pas-de-Calais »

Le Moci. Le nouveau partenariat Etat-Région en matière de commerce extérieur suscite des inquiétudes de la part de certains de vos partenaires traditionnels comme les chambres de commerce, qui avaient travaillé avec les Régions à créer des « guichets uniques ». Tous ces efforts sont-ils remis en cause ?

Alain Rousset.
Non, pas du tout. Au contraire, on va dans le sens d’un guichet unique, mais avec un pilotage des Régions, car ce sont les Régions qui financent beaucoup, avec l’Etat et ses organismes (Coface, Oséo, Ubifrance), les appuis dans ce domaine. On va renforcer les guichets et la coopération avec les acteurs. Il n’est pas question pour les Régions de doublonner les équipes qui existent déjà dans les chambres de commerce. Il s’agit au contraire de faire en sorte qu’on travaille bien ensemble et qu’il y ait un réel guichet unique.

Aujourd’hui, force est de constater que l’état du commerce extérieur montre deux choses : premièrement que notre système d’accompagnement public étant émietté, il ne fonctionne pas bien, et beaucoup d’entreprises ne poursuivent pas leur effort d’exportation. Il y a en quelque sorte un décrochage d’exportation comme il y a un décrochage scolaire. Et deuxièmement, on sait que la taille de nos PME ne se prête pas à l’exportation. Il faut que nous ayons un accompagnement de la croissance des PME pour leur permettre de développer des services export, comme on leur permet d’avoir des services de R&D, afin qu’elles soient présentes sur le long terme à l’international. Il ne s’agit pas simplement d’organiser un voyage à l’étranger sans qu’il y ait un suivi. Il faut faire croître les PME, et c’est le job des Régions.

Le Moci. Certains doutent de la pertinence du niveau Région. Qu’en pensez-vous ?

A. R. C’est totalement l’inverse. Ce sont les Régions qui accompagnent aujourd’hui les PME dans leur croissance. En Aquitaine, on accompagne 1 300 entreprises par an dans leur développement. C’est le cas dans beaucoup d’autres Régions, comme en Bretagne ou en Midi-Pyrénées, cela dépend de leur taille. Dans tous les pays du monde, ce sont elles qui sont à la manœuvre. Si la France a un retard et une désindustrialisation, c’est bien parce que les Régions n’ont pas les moyens ou ne sont pas suffisamment titulaire du rôle de chef de fil du développement économique. Elles ne vont pas faire le travail toutes seules, mais il y a une stratégie à fixer, on le fera sous l’autorité de la Région avec tous les partenaires.

Le Moci. Et pour l’accompagnement à l’international, comment voyez-vous les choses ?
A. R. On a beaucoup de chargés de missions des chambres de commerce dont c’est la spécialité. Nous ne voulons pas recréer des services car a redondance est une des causes du surcoût public et les chambres de commerce aussi prélèvent l’impôt. Donc on ne va pas doublonner. On va coordonner et animer.

Le Moci. Qu’est ce qui se dessine pour la participation des Régions à la Banque publique d’investissement (BPI), en particulier dans ses centres régionaux ?

A. R. Les Régions doivent créer des plateformes uniques d’accueil des PME qui réorienteront ensuite les dossiers selon les besoins, vers des aides en fonds propres, garanties, etc. Lorsqu’elles mutualiseront leurs fonds propres, les Régions présideront le comité d’engagement de la BPI au niveau régional.

Le Moci. Quel est le bon modèle ?

A. R. Je crois que le bon modèle, c’est le Nord Pas de Calais. La Région a regroupé sur une même plateforme l’ensemble des outils chargés de cette action (Ndlr : “L’Espace International”, voir article plus loin).

Le Moci. Ce n’est pas Rhône-Alpes, avec sa puissante agence dédiée, Erai ?

A. R. Toutes les régions n’ont pas les moyens de créer ce type de dispositif qui est un peu exceptionnel.

Le Moci. Quelle est la prochaine étape ?

A. R. Il faut mettre les plans export en route et en place, il faut organiser ces plateformes d’accueil des PME, échanger les bonnes pratiques, surtout ne pas recréer des compétences et des postes qui existent déjà. La Région prend le pilotage. Je comprends volontiers que certaines chambres se disent “mais je vais voir mon pré carré occupé”. Mais il faut qu’on travaille ensemble. Les Régions ne peuvent pas continuer à simplement signer des chèques et ne pas apporter leur pierre à l’édifice.

Le Moci. Que deviennent les projets de “guichets uniques” mis en place dans le cadre des précédentes chartes régionales ?

A. R. Dans les précédentes chartes, Monsieur Lellouche avait commencé à dire : “il appartient aux Régions de prendre le leadership dans le domaine des plateformes export, à chacun ensuite de le formaliser”. Madame Bricq souhaite aller plus loin et elle a raison. C’est ce que nous allons faire. Mais il ne faut avoir aucune crainte : on va rassembler, coordonner toutes les bonnes volontés. J’insiste vraiment, c’est un souci d’efficacité qui nous anime.

Propos recueillis par Christine Gilguy

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