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Trois questions à Marie-Cécile Tardieu-Smith, chef du service économique de l’Ambassade de France au Vietnam

Le Moci. La croissance vietnamienne connaît un tassement. Faut-il avoir peur du ralentissement actuel ?

Marie-Cécile Tardieu-Smith. Le ralentissement actuel est lié à une politique d’assainissement qui est bienvenue. La nécessité d’assainissement était importante, notamment dans le secteur bancaire, très fragile. Le Vietnam reste un pays avec un très fort potentiel lié à la fois à une population jeune, qui croît, et puis c’est un pays rural qui va encore se développer vers plus de villes, avec des infrastructures qui vont se construire. Le Vietnam accueille beaucoup d’IDE, 11 à 13 milliards d’investissements par an, notamment en provenance de pays asiatiques. Cette base industrielle que le Japon ou la Corée construisent dans ce pays, elle va contribuer à renforcer, à l’avenir, la croissance.

Cette croissance faible marque une période difficile, et malheureusement la population vietnamienne en souffre, mais c’est un bienfait car c’est un assainissement de fondamentaux qui étaient déséquilibrés.

Le Moci. Le Vietnam veut être un pays industrialisé à l’horizon 2020. Comment y parvenir ?

M.-C. T.-S. Il doit faire un effort dans le secteur de l’énergie. Pour pouvoir développer des infrastructures, il faut un environnement énergétique stable, ne plus avoir de coupures d’électricité. C’est fondamental. Il faudra aussi faire des investissements d’infrastructures pour le développement des filières d’exportation. Il faut que les ports, la logistique puissent suivre. Ces deux secteurs sont des urgences.
La France veut contribuer à ces efforts, par l’implication de nos entreprises sur de l’aide publique au développement déjà mobilisée par les bailleurs multilatéraux, ou par la venue de nos entreprises du secteur de l’énergie sur des projets ici. Nous pouvons apporter de l’expertise.
Enfin, le Vietnam devra s’attaquer à la gouvernance pour avoir un environnement des affaires stable. Pour pouvoir devenir un pays industrialisé à l’horizon 2020 et attirer tous les investisseurs qui peuvent l’y aider, il est impératif d’avoir un cadre réglementaire prévisible et équitable.

Le Moci. Le secteur public est critiqué. Que penser des réformes engagées par le gouvernement vietnamien pour ce secteur ?

M.-C. T.-S. Le secteur public a besoin de renforcer son efficacité. Il a absorbé un grand nombre de financements et n’a pas participé à la même hauteur à la croissance du pays.
Un mouvement est en route. Le gouvernement a demandé à chaque grande entreprise publique de se resserrer sur son cœur de métier, d’abandonner un certain nombre d’activités annexes qui quelquefois n’avaient rien à voir avec le cœur de métier. En fait, c’est en laissant le secteur privé se redéployer sur ce qui était jusque-là phagocyté par les entreprises publiques qu’il va pouvoir respirer. Des efforts vont être faits pour ouvrir le capital des entreprises publiques et permettre l’acquisition par des entreprises vietnamiennes ou par des étrangers d’un certain nombre de leurs actifs. Cette réforme du secteur public, encouragée par le FMI, la Banque asiatique de développement et la Banque mondiale, sera la clé pour renforcer la compétitivité globale du Vietnam.

Propos recueillis par Patrice Belleville

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