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La France veut défendre ses atouts au cœur de l’Asie

Cette année du serpent d’eau, marquée par le quarantième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre le Vietnam et la France et les célébrations de l’année France-Vietnam, peut insuffler une nouvelle dynamique favorable aux entreprises françaises.
Malgré une farouche concurrence asiatique.

« Les acteurs économiques français veulent faire de cette année une grande année économique, montrer l’excellence de l’offre française et du savoir-faire économique français au Vietnam », affirme avec conviction Marc Cagnard, directeur d’Ubifrance Vietnam. Cette ambition s’appuie sur un contexte propice. « Nos liens économiques sont très denses, nous sommes dans une phase de renforcement de nos relations bilatérales », complète Marie-Cécile Tardieu-Smith, chef du service économique de l’Ambassade de France.
Au niveau diplomatique, les relations sont très bonnes et se concentrent sur les perspectives économiques et l’aide au développement. La rencontre, le 4 février dernier à Phnom-Penh, entre le Premier ministre vietnamien Nguyen Tan Dung et son homologue français Jean-Marc Ayrault est ainsi porteuse de promesses. Les deux chefs de gouvernements ont souligné les relations d’amitié et la coopération mutuelle qui existent entre les deux pays, et Nguyen Tan Dung a exprimé le souhait de voir la France et le Vietnam intensifier leur coopération économique dans des domaines prioritaires comme l’énergie, l’aérospatiale, le transport et les infrastructures. Il a même invité le président François Hollande à effectuer une visite officielle, qui devrait avoir lieu cette année.

Comme le rappelle Aymeric Pons, directeur d’Erai Vietnam, la coopération est à plusieurs niveaux et touche de nombreux domaines : « Elle se fait au niveau national avec l’AFD mais aussi plus localement au niveau institutionnel et économique comme entre la région Rhône-Alpes et celle d’Hô Chi Minh-Ville, par exemple. Sans parler de la coopération en matière de solidarité, de culture, de francophonie, d’enseignement supérieur… Vraiment, la coopération est très active ! ». Il existe aussi un grand nombre de programmes de formation et d’échanges, « notamment des bourses françaises qui permettent d’appuyer le Vietnam », note Marie-Cécile Tardieu-Smith. Prochainement, l’AFD lancera de son côté des écoles de formation pour des ouvriers peu qualifiés.
Autre point positif, les entrepreneurs français sont reconnus sur place. « Les investisseurs français disposent d’une bonne image et réputation au Vietnam, notamment pour leurs compétences et la qualité de leurs services et technologies. Ils sont généralement considérés comme des investisseurs sérieux », décrit Nicolas Audier, Conseiller du commerce extérieur de la France, par ailleurs avocat chez Audier & Partners. Les partenaires locaux ont envie de travailler avec la France.

Malgré ces signaux clairement encourageants, les liens historiques entre les deux pays ne suffisent pas à faire de la relation franco vietnamienne une relation privilégiée ou exclusive : « Certes il n’y a pas de poids négatif lié à notre passé colonial, mais cela ne nous donne pas d’avantage particulier non plus » tempère Marie-Cécile Tardieu-Smith. Autrement dit, la France n’est pas en terrain conquis. « Ici, on joue dans la cour asiatique, et ça, c’est difficile pour les entreprises françaises », rappelle-t-elle, prudente. Car si aujourd’hui encore, comme le souligne Nicolas Audier, « il existe de grands projets d’infrastructures ouverts aux entreprises privées, notamment sous forme de partenariats publics privés (PPP), et que l’État vietnamien cherche à améliorer le cadre juridique des investissements sous cette forme afin d’attirer les investissements étrangers », dans les faits les entreprises françaises ont du mal.

Sur les appels d’offres notamment, il est souvent difficile pour elles de s’aligner sur les prix pratiqués par les concurrents coréens, japonais, ou taïwanais. « Leurs entreprises sont partout et extrêmement compétitives ! On les retrouve sur les grands chantiers d’infrastructures, les routes, les autoroutes, les ponts, les chemins de fer, les ports, les aéroports… », remarque Jean-Marc Gravellini, directeur de l’AFD au Vietnam. Marie-Cécile Tardieu-Smith regrette cette position dominante : « la question du respect des règles du jeu, des règles de bonne gouvernance, qui font que nos entreprises puissent jouer à la loyale se pose beaucoup plus avec les entreprises asiatiques, qui viennent avec des financements ou des conditions de réponse à des appels d’offres sur lesquelles nos entreprises ne peuvent s’aligner ».

La France doit donc jouer sur un autre créneau : la qualité. Selon Marc Cagnard, « la plus-value française, c’est son savoir-faire, son caractère innovant. Il faut montrer qu’on apporte un plus, et rendre sensible l’acheteur vietnamien à d’autres arguments que le prix ». Le message n’est pas forcément évident à faire passer : « les Vietnamiens sont très pragmatiques dans l’approche et ce qui détermine vraiment la relation commerciale, c’est souvent le financement. Beaucoup d’appels d’offre favorisent le moins-disant », indique Marie-Cécile Tardieu-Smith. Pour essayer de changer cela, les acteurs français comptent bien se mettre en valeur du 7 au 11 avril prochain à l’occasion du forum d’affaires France-Vietnam d’Hô Chi Minh-Ville, auquel participent 90 PME françaises et plus de 500 entreprises vietnamiennes. Par le biais d’un programme de rendez-vous individuels sur mesure avec des décideurs et de tables rondes thématiques, les sociétés françaises ont l’occasion de se positionner et de gagner en visibilité, alors même que se profile la conclusion d’un accord de libre-échange entre le Vietnam et l’Union Européenne à l’horizon 2015. Le troisième tour des négociations doit débuter en avril 2103.

P. B.

Le top 5 des exportations françaises au Vietnam

Cinq grands secteurs dominent les ventes françaises au Vietnam : pharmacie, mécanique, matériel électrique, lait, produits de la mer. Le Top 5 représente ainsi plus de la moitié des livraisons de l’Hexagone au Vietnam. La pharmacie constitue à elle seule une part de 22,8 % En l’occurrence, la vente de médicaments ne cesse de progresser.

Si le premier poste d’exportation, la pharmacie, en progression régulière depuis 2010, a gagné 9,4 % l’an dernier, représentant ainsi 22,8 % de l’ensemble des exportations de l’Hexagone, à l’opposé, le deuxième poste de vente, les machines, chaudières et produits mécaniques, ont chuté de 29,3 %, ne comptant plus ainsi que pour 9,9 % du total des livraisons tricolores au Vietnam. Dans le détail, les expéditions françaises concernent des médicaments à fins thérapeutiques, mélangés et non mélangés, des centrifugeuses, appareils pour la filtration et l’épuration, des machines automatiques de traitement de l’information et lecteurs magnétiques, des machines à laver la vaisselle, à nettoyer ou sécher les bouteilles ou encore des pompes pour les liquides. En hausse constante également depuis 2010 : les machines et le matériel électrique, + 9,6 % en 2012 ; le lait, les produits laitiers, œufs et le miel naturel, + 149,3 % ; et les poissons, crustacés et mollusques, + 3,5 %. Si les livraisons au Vietnam de pièces pour les émetteurs-récepteurs de téléphonie et télégraphique sont explosé, à l’inverse elles avaient reculé des deux tiers pour les téléphones destinés aux usagers et des quatre cinquièmes pour les appareils de radio détection, radio sondage et de radionavigation et radio télécommande, comme pour les appareils de signalisation, sécurit, contrôle ou commande pour les voies ferrées. Les expéditions de lait, crème de lait, concentrés ou additionnés de sucres ou d’édulcorants se sont également envolées. Enfin, les exportations au Vietnam de produits de la mer sont composées essentiellement de poissons. Mais le commerce extérieur connaît des à-coups conjoncturels. Ainsi, après une hausse de 1,1 % en 2011, les exportations françaises au Vietnam ont essuyé une baisse sensible de 18,6 % l’année suivante, tombant ainsi sous le niveau de 2010, avec un montant de 613,5 millions d’euros, d’après les chiffres de la Direction nationale des statistiques du commerce extérieur (Douanes).

François Pargny

Source : Douanes françaises, GTA/GTIS

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