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Spécial Régions 2017 : 13 statégies régionales à l’international

Avec leurs Schémas régionaux de développement économique, d’innovation et d’internationalisation, les Régions se sont dotées d’une feuille de route. Reste à en préciser toutes les modalités et tous les instruments, au moment où l’État leur demande de piloter la mise en place de guichets uniques de proximité à l’export. Régions par Régions, Le Moci fait le point grâce aux éclairages d’élus et à des fiches sur les SRDEII.

 

SRDEII, tel est le nouvel acronyme pour Schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation. Prévus par la loi Nouvelle Organisation Territoriale de la République (NOTRe) du 7 août 2015 et adoptés au début de l’année dans les 13 régions métropolitaines, les SRDEII sont des feuilles de route que chacune de ces collectivités va suivre pendant cinq ans dans tous les domaines cités. Notamment en matière économique, les Régions se voient dévolu le rôle de pilote sur leur territoire. Traduction sur le terrain : aussi bien l’innovation, l’export et l’attractivité du territoire que des sujets très pointus comme l’investissement immobilier sont de leur ressort.

Dans cette enquête, Le Moci a fait le tour des 13 régions, s’efforçant à chaque fois d’être au plus près des réalités, en interrogeant le plus souvent le vice-président du Conseil régional auquel est délégué le volet international, c’est-à-dire le soutien à l’export et l’investissement direct étranger (IDE), ce qu’on appelle l’attractivité du territoire. Force est de constater que neuf mois n’auront pas suffi et que, si le cadre est fixé, tous les outils ne sont pas encore place. Et pourtant, le temps presse. Au premier semestre, la France affichait un déficit commercial record de 34, 4 milliards d’euros.

De quoi faire réagir le ministre de l’Europe et des affaires étrangères en charge de l’international, Jean-Yves Le Drian, et son secrétaire d’État, Jean-Baptiste Lemoyne, qui ont convaincu l’association Régions de France et son président Philippe Richert, également patron du Grand Est, de signer, le 5 septembre, une déclaration commune, proclamant la « mobilisation » des Régions, avec, comme clé de voûte, l’établissement dans chaque région d’un « guichet unique » à l’export. Les Régions, en s’appuyant sur les SRDEII, vont ainsi devoir retrousser leurs manches.

Ancien ministre de la Défense sous la présidence de François Hollande, Jean-Yves Le Drian a démontré sa poigne et contribué au record à l’export de l’armement « Made in France ». Comme ancien président d’une Région, la Bretagne, le ministre de l’Europe et des affaires étrangères a aussi réussi la fusion agence régionale-CCI dans une structure unique, Bretagne Commerce International (BCI), ce qui lui donne un poids certain auprès des exécutifs régionaux. Pour autant, la méthode reste à établir et devrait varier selon les collectivités.

Pour Jean Rottner, vice-président Grand Est, en charge de la Compétitivité des territoires (dont l’international) et du numérique, « il faut voir le guichet unique voulu par le ministre moins comme un guichet physique qu’une méthode de travail à mettre en place ».

À suivre, d’autant que si la personnalité de Jean-Yves Le Drian fait plutôt consensus auprès des présidents de Régions, en revanche, un bras de fer, qui ne dit pas tout à fait son nom, est engagé par les collectivités avec l’État, sur fond d’économies décrétées par les gouvernements successifs depuis plusieurs années. « L’État veut prendre aux collectivités locales 13 milliards d’euros. C’est beaucoup, c’est trop. Jean-Yves Le Drian sait ce qu’est une région », veut croire Renault Muselier, le patron de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca). « Je fais confiance, mais on va discuter », prévenait, à son tour, Philippe Richert, lors d’une conférence de presse à Paris, le 30 août.

Il n’est pas certain que les deux élus soient aujourd’hui rassurés. « On ne veut pas continuer la logique du passé », expliquait alors Philippe Richert, en faisant allusion au plan d’économie de 50 milliards du gouvernement Valls, réalisé dans les faits, à hauteur de 28 milliards. Or, si l’État y a contribué à hauteur de 5 milliards, les collectivités sont parvenues à un chiffre de 9,5 milliards. Une pause s’impose, assure-t-il, surtout en plein réaménagement des territoires depuis la loi NOTRe.

Cette réforme, voulue à l’époque par le président de la République François Hollande, n’était pas la première au demeurant, puisque la loi de modernisation de l’action publique territoriale, en date du 27 janvier 2014, avait consacré 14 métropoles (Rennes, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Brest, Lille, Rouen, Grenoble, Strasbourg, Montpellier, Nice, Lyon, Paris et Aix-Marseille), rejointes par Nancy le 1er juillet 2016, avec des compétences en matière, notamment, d’attractivité. S’agissant des investissements directs étrangers (IDE), qu’il s’agisse de promotion, d’accueil, de traitement et d’ancrage, les deux lois successives ont confirmé que les métropoles et les Régions, toutes deux connaissant le métier de l’attractivité, étaient légitimes à opérer en se coordonnant avec le représentant de l’État, en l’occurrence, Business France, à la fois agence nationale d’investissements étrangers et d’accompagnement à l’export. Sans oublier les autres acteurs locaux : départements, intercommunalités.

Selon Nadia Pellefigue, vice-présidente d’Occitanie en charge du Développement économique, de l’innovation, de la recherche et de l’enseignement supérieur, « les départements et les intercommunalités sont très importants pour l’accueil et l’extension d’investissements et donc en matière d’immobilier ou de main-d’œuvre ».

Enfin, il y a la sphère privée : grands donneurs d’ordre – « Airbus est connu, pas le nom d’Occitanie », relève Nadia Pellefigue – pôles de compétitivité ou encore clusters. Un enjeu d’autant plus considérable que l’Occitanie est la deuxième région en matière d’emplois créés grâce aux investissements directs étrangers.

À l’inverse, en Bourgogne Franche-Comté, c’est le nom Bourgogne qui est connu à l’étranger, grâce au vin. Faire que la stratégie du Grand Dijon s’emboîte dans celle de la nouvelle région est donc plus évident. « Nous avons prévu d’aller ensemble sur les grands salons et non pas séparément. Et nous y ajouterons la communauté urbaine de Besançon, quand elle sera officiellement créée, le 1er janvier 2019 », se félicite ainsi Patrick Ayache, vice-président chargé des Fonds européens, du contrat de plan, du tourisme, du rayonnement international et de l’export.

Au passage, tous les partenaires locaux, unanimement, ont apprécié que la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, qui connaît bien le sujet après avoir dirigé Business France, ait su faire passer dans la réforme du Code du travail une mesure réclamée de longue date par les investisseurs internationaux : la possibilité d’engager des licenciements au niveau national, et non plus mondial, en cas de difficultés économiques.

Fin juin 2016, toutes les régions, les 13 issues de la loi NOTRe, possédaient un nom, la dernière à l’annoncer Nouvelle-Aquitaine pour le trio Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin. Il faut bien reconnaître que si l’on interroge les opérateurs privés, le retour est moins favorable aux SRDEII. Chez certains, qui jugent que l’international est « noyé » dans les SRDEII, on regrette les ex-PRIE (plans régionaux d’internationalisation des entreprises), dont Nicole Bricq, alors ministre du Commerce extérieur en 2013, avait confié le pilotage, déjà à l’époque, aux Régions. Il ne s’agissait pas de simples cadrages, mais de programmes stratégiques, exhaustifs, auxquels avaient souscrit tous les acteurs, des réseaux consulaires aux conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF), en passant par Business France, les fédérations professionnelles ou encore les pôles de compétitivité.

Rien de tel dans les SRDEII : les documents publiés sont moins précis, parfois même vagues quand on parle d’export – on ne sait pas toujours qui fait quoi – et, dans chaque région, on semble donner beaucoup plus d’importance à l’attractivité du territoire qu’à l’export. Il s’agit peut-être d’un effet d’optique, mais tant que tous les outils ne seront pas en place et qu’une mesure rationnelle des actions concertées n’aura pas été prise, ce jugement pourrait perdurer.

Selon un opérateur privé ayant une vision globale, « dans les régions, l’international est un petit volet des SRDEII, ce n’est pas la priorité ». Autre explication avancée, « les luttes d’influence » entre nouveaux élus seraient encore fréquentes et ceux-ci ne possèderaient pas forcément la connaissance de l’international. Même constat au sein des Administrations locales : la valse des fonctionnaires générant des frictions, des changements d’affectation plus ou moins pertinentes, la relation serait parfois conflictuelle et le lien nécessaire avec le monde de l’entreprise négligé ou mal coordonné.

Seul progrès notable, selon lui, le volontariat international en entreprise (V.I.E). Les 13 régions, à l’exception du Grand Est, ont adopté ce dispositif national géré par Business France, alors que ce n’était pas le cas de toutes les anciennes collectivités. Ainsi, « alors que le Languedoc-Roussillon ne finançait pas les V.I.E, l’Occitanie a décidé de verser une indemnité représentant 50 % du salaire des V.I.E, plus la totalité de leurs frais de gestion et d’hébergement, à condition que leurs missions dépassent 12 mois », indique Nadia Pellefigue. De même, « Auvergne-Rhône-Alpes, témoigne Philippe Meunier, son vice-président à la Sécurité, aux partenariats internationaux, à la chasse et la pêche, a décidé de financer pendant deux ans, à hauteur de 50 % les douze premiers mois, 25 % les douze suivants, les frais des PME-PMI faisant appel à des V.I.E ». Comme en Languedoc-Roussillon, ce dispositif n’avait pas été retenu par Rhône-Alpes. Mais les nouveaux périmètres régionaux ont fait bouger les lignes. En ce qui concerne les V.I.E, pour le plus grand bonheur des PME françaises.

François Pargny

Pour voir la carte des 13 régions françaises à l’export cliquer ici

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