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Des offres complémentaires pour attaquer le marché mondial

Les deux Normandie affichent des profils économiques radicalement différents. Se jouant des frontières administratives, les entrepreneurs normands ont depuis longtemps fait de cette disparité une force en misant sur les synergies.

Difficile d’imaginer deux régions aussi différentes. En Basse-Normandie, région traditionnellement agricole, 35 % des 1,5 million d’habitants vivent dans « un espace à dominante rurale » et seules 15 villes dépassent les 15 000 habitants, selon l’Insee. L’industrie y est donc d’abord agroalimentaire (Lactalis, Nestlé, Danone, Charal, la Coopérative Isigny-Sainte-Mère…). Une spécialisation qui transparaît clairement dans les statistiques douanières de la région dont le premier poste d’exportations est composé de produits laitiers et de glaces (10,8 % des ventes à l’international), juste devant l’industrie automobile (9,3 %). Selon l’Association régionale de l’industrie automobile (Aria) de Basse-Normandie, la filière automobile (équipementiers, sous-traitants, constructeurs, fournisseurs) fait travailler 25 000 personnes dans la région. Ce secteur, très dépendant de la santé économique mondiale, a été durement frappé par la crise. Au niveau national, les équipementiers automobiles ont enregistré une baisse de 22,8 % de leur production entre 2008 et 2009… Autre environnement économique en Haute-Normandie, où une grande partie de l’activité industrielle s’articule autour des raffineries du Havre. Un tiers des salariés français de la cokéfaction (traitement des résidus pétroliers lourds du pétrole) et du raffinage travaillent dans cette région.

L’ensemble de la filière, allant du raffinage à la pétrochimie, est le premier employeur de la région et fait travailler 220 entreprises (Total, ExxonMobil Chemical, Chevron Oronite, Eliokem, United Chemical, Dorlyl, Socabu, Arkema France, BASF…). La pharmacie (Glaxo Smitthkline, Sanofi-Pasteur, Valois Pharm), l’industrie électronique et électronique (Alcatel Lucent), ainsi que l’aéronautique sont également bien représentées.

Une Normandie industrielle et riche. Et une Normandie rurale, plus pauvre. Pourquoi en ce cas réunir ces deux régions ? Que peuvent faire ensemble des entreprises aux intérêts aussi éloignés ? « Il n’y a pas de différences entre la Haute et la Basse-Normandie, nos entreprises sont tout simplement normandes, répond Fabienne Folliot, présidente de Normandie Aerospace (NAE), une association regroupant 80 entreprises du secteur aéronautique depuis 1998. Il y a des spécificités, comme l’électricité en Basse-Normandie ou les matériaux composites en Haute-Normandie. Surtout, les grands donneurs d’ordres sont plus présents dans cette dernière région. Grâce à notre réseau, les entreprises bas-normandes ont autant de chances que leurs collègues de Haute-Normandie de travailler avec eux. » Travailler en filière, tel est le credo qu’adoptent de plus en plus d’entreprises. « La mise en avant de la notion de filière n’existait pas il y a encore 10 ans, constate Pascal Joulain, de la CCI de Rouen. Dans un contexte économique difficile, où l’investissement n’est pas à l’ordre du jour, les PME ont tout intérêt à présenter des offres combinées. Et il y a beaucoup de synergies possibles. La Basse-Normandie est très orientée vers l’agroalimentaire, tandis que la Haute-Normandie s’est spécialisée dans l’emballage. Dans le domaine de l’énergie, la Haute-Normandie possède deux centrales nucléaires et la Haute-Normandie des entreprises spécialisées dans le nucléaire appliqué au médical. Les entreprises de ces deux secteurs ont beaucoup à échanger sur les questions de certification et d’élaboration de cahier des charges. »

Même démarche dans un tout autre secteur, celui des métiers d’art. « Sur notre logo, nous avons mis la carte de la Normandie tout entière », sourit Monique Gouel, présidente d’Artisans d’art de Normandie (AADN), une association regroupant huit artisans, dont un Meilleur ouvrier de France et deux Entreprises du patrimoine vivant (EPV). « Nous sommes souvent oubliés des institutions car nous n’entrons dans aucune case et sommes isolés dans nos ateliers. L’idée était de se réunir pour échanger sur nos pratiques et faire du lobbying », précise son mari, Christian Gouel. Ce maquettiste rouennais est l’un des seuls au monde à réaliser des maquettes de voitures anciennes au 1/8e, qui nécessitent 2 000 heures de travail et qu’il vend partout dans le monde, des États-Unis à la Nouvelle-Zélande en passant par Hong Kong. Mais quand ils cherchent des prestations particulières comme le nickelage de pièces métalliques ou le décolletage, les Gouel écument les entreprises de la région. Haute, Basse, industrielle, agricole, sur le plan économique, la Normandie est bien une seule et même région.

S. C.

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