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La région parie sur les filières non-traditionnelles

Six filières stratégiques ont été retenues dans le Plan régional d’internationalisation des entreprises (PRIE) signé le 14 novembre : Aéronautique-spatial-défense, industries agroalimentaires et vins, croissance verte, santé, numérique, optique-laser. Focus sur les dynamiques à l’œuvre pour trois d’entre elles.

 

Aéronautique : construire les champions du futur

Le développement de la construction aéronautique en Aquitaine, qui comprend également le spatial et la défense, est un exemple réussi de la diversification de l’économie régionale.

C’est le premier secteur industriel avec un chiffre d’affaires de 2,2 Mds EUR en 2012. L’activité est spécialisée sur certains segments : moteurs d’hélicoptères, défense, systèmes embarqués, aménagement intérieur, drones et maintenance-réparation principalement. Cependant, les grands groupes jouent un rôle déterminant : les avions civils et militaires de Dassault Aviation représentent plus de 85 % du total des exportations du secteur.

Le PRIE signé le 14 novembre retient ce secteur parmi les six filières prioritaires. La Région ainsi que les autres partenaires de l’export ont une politique active de soutien à ce secteur. « Il y a un vrai partenariat entre notre entreprise et la région » n’hésite pas à affirmer Thomas Naulleau, directeur général d’Ateliers Bigata, une PME spécialisée dans la maintenance des systèmes embarqués. Grâce au soutien financier de la Région, la société a pu mener à bien un plan de prospection et de développement des marchés export, avec des résultats tangibles en termes de prises de commandes. La Région dispose d’un relais efficace : le pôle de compétitivité Aerospace Valley, qui rassemble des entreprises d’Aquitaine et de Midi-Pyrénées. Cette entité met l’accent sur les marchés non-européens et se veut sélective. « Il y a une volonté d’accompagner les entreprises qui ont un réel potentiel de développement à l’international ; il n’est pas question de faire des actions à court terme, nous voulons travailler dans la durée », affirme Thilo Schönfeld, délégué aux affaires internationales d’Aerospace Valley. La mission du pôle n’est donc pas de travailler avec les primo-exportateurs mais de promouvoir de futurs « champions ».

Les pays BRIC, l’Amérique du nord et certains pays européens (Allemagne, Italie) sont les marchés cibles d’Aerospace Valley. Mais le pôle exerce aussi une veille sur des marchés secondaires : Turquie, Japon, pays de l’ASEAN, Afrique du Sud, Mexique, etc. Le pôle dispose de plusieurs outils bien rôdés : c’est ainsi un grand utilisateur de la formule du VIE. Six VIE sont actuellement en poste dans le monde : Canada (2), Inde, Chine, Brésil (2). Le pôle organise régulièrement, avec l’appui financier des deux régions, des missions à l’occasion de gros événements (salons, conventions d’affaires, congrès, etc.). The last but not the least : le renforcement des relations entre les grandes entreprises et les sous-traitants. « L’internationalisation des PME repose aussi sur le soutien des donneurs d’ordres avec l’appui de la Région », note Thilo Schönfeld. L’avenir passe aussi par la diversification des débouchés sectoriels (santé, énergie, agriculture, etc.) comme l’a montré la percée réussie de Dassault Systèmes dans le secteur des hydrocarbures. Cette diversification s’inscrit pleinement dans la démarche de la phase 3 des pôles de compétitivité.

 

Lasers : une vraie success story sectorielle

Moins connu que le bordeaux, le secteur des lasers est pourtant un des points fort de l’industrie high-tech de l’Aquitaine.

Le pôle de compétitivité Route des Lasers a été créé en 2005 dans le sillage de l’implantation du Laser Mégajoule (LMJ) au centre CEA du Cesta près de Bordeaux. Aujourd’hui, il regroupe 115 adhérents, dont 85 entreprises ; 340 projets ont été labellisés à ce jour avec un taux de succès de 50 %. Depuis la création, 25 start-up ont vu le jour et plus d’une vingtaine d’entreprises sont venues s’implanter : au total 1 400 emplois ont pu être créés grâce au pôle dans les différentes activités (industrie, recherche, etc.). C’est une vraie « success story » dans laquelle la Région a joué un rôle clé.

Dans ces conditions, il est n’est pas étonnant que le secteur fasse partie des six filières prioritaires définies par le PRIE. La région dispose d’un véritable avantage comparatif qu’elle entend valoriser à l’international et le pôle est un acteur important. « Une de nos missions est d’accompagner les entreprises membres sur les marchés étrangers », explique Bertrand Viellerobe, directeur de l’activité projets du pôle Route des Lasers qui organise la participation à des salons professionnels (trois par an) en coopération avec la Région et Ubifrance. Il est aussi à l’initiative d’un projet original de mutualisation des moyens en Chine.

Dotées de savoir-faire pointus, les entreprises du secteur sont contraintes de s’internationaliser. À l’instar de la société EDIT Laser, créée en 2000 et spécialisée dans la conception et la fabrication d’instruments de mesure et d’analyse des processus industriels (acier, aluminium, tabac, alimentation animale), qui réalise plus de 80 % de son chiffre d’affaires hors de France. L’Asie et l’Océanie sont une zone prioritaire. « Nous avons l’intention de créer un hub à Singapour en 2014 : l’objectif est d’entreposer du matériel pour la réexpédition dans la zone », explique Yann Franchet, directeur général d’EDIT Laser. Hors Chine, EDIT Laser s’appuie en effet sur un réseau de représentants exclusifs. L’Europe est la deuxième zone d’intérêt mais la société s’intéresse de près également au continent africain, notamment à l’Afrique du Sud, et devrait attaquer le continent américain en 2014.

En Chine, EDIT Laser a fait une percée remarquée. Un bureau de représentation a été ouvert en janvier 2010 et en 2012, une filiale commerciale a été mise en place : EDIT China, basée à Suzhou, près de Shanghai, qui emploie déjà une dizaine de salariés et qui a réussi à gagner plusieurs contrats. « En Chine, nous avons réussi à prendre pied et nous pérennisons notre activité d’année en année. Nous travaillons sur des marchés très importants », fait remarquer Yann Franchet. Autre exemple, celui de Proditec, un fournisseur de machines d’inspection automatique pour le contrôle de la qualité, destinées principalement à l’industrie pharmaceutique.

« Nous exportons dans le monde entier mais actuellement nous mettons l’accent sur l’Asie », affirme Christophe Riboulet, président de Proditec, dont plus de 90 % du chiffre d’affaires est réalisé hors de France et, précise-t-il, créé de l’emploi dans l’Hexagone. La société dispose d’une filiale commerciale à Singapour et a réussi à obtenir des contrats en Inde grâce à un partenariat commercial et industriel avec une société locale. « Ce partenariat nous a permis de démarrer et de devenir leader en Inde », précise Christophe Riboulet. La Chine est une prochaine étape : « Le tri automatique démarre en Chine : les sociétés chinoises sont obligées d’appliquer les normes et de monter en qualité. C’est le moment de se positionner… », explique Christophe Riboulet. « Il va falloir trouver des partenaires, les agents ne suffisent pas ». Le dirigeant va entrer dans le dispositif mis en place par le pôle de compétitivité Route des Lasers.

 

Mutualiser les moyens : une expérience originale en Chine

En Chine, le pôle de compétitivité Route des Lasers a profité de l’existence de la coopération entre la Région Aquitaine et la province du Hubei pour attaquer ce pays. « La Chine est un marché important pour deux raisons : c’est l’usine du monde et par conséquent les fabricants ont besoin de moyens de fabrication performants ; par ailleurs, nos produits sont basés sur une technologie très avancée et il n’y a pas de concurrence locale », souligne Bertrand Viellerobe, directeur de l’activité projets du pôle. Reste que le pays est à la fois immense et complexe : un vrai défi pour les PME.

Le pôle a donc opté pour une approche originale. Dans un premier temps, un VIE a été envoyé à Wuhan pendant deux ans (2009 et 2010) afin d’évaluer les possibilités d’affaires. Puis il a été décidé d’installer un chargé de mission, Balthazar Boyer, employé conjointement par le pôle et la plateforme française Pythagore de Shanghai. Ancien d’Ubifrance, ce dernier maîtrise parfaitement la langue et la culture chinoises.

Au bout de deux ans (2011 et 2012), le pôle a décidé de recruter Balthazar Boyer à plein-temps dans le cadre d’un montage original. Cinq PME du pôle aux produits non concurrents, intéressées par des prestations d’appui, cofinancent la mission (au prorata de la prestation qu’elles sollicitent) qui bénéficie aussi d’une subvention de la Région. Balthazar Boyer a été embauché par la filiale chinoise de la société EDIT Laser, basée à Suzhou, mais dispose aussi d’un bureau à Wuhan. Le projet a démarré en 2013 et a été plébiscité par les entreprises participantes. Résultat, cinq autres PME ont demandé à entrer dans le projet en 2014. « Notre objectif ultime est que les entreprises puissent ensuite voler de leurs propres ailes », souligne Bertand Viellerobe. Le succès de l’expérience a incité le pôle à répliquer l’expérience aux États-Unis : un dispositif similaire sera lancé mais il sera destiné aux startups.

 

Santé : les spécialités informatiques vont être boostées à l’export

« L’Aquitaine est en tête des régions de France en matière d’informatique de santé », explique Johanna Izotte, chargée de mission au Cluster TIC Santé Aquitain.

Selon une étude réalisée en 2008 par le cabinet DMS Conseil pour le compte de la Région, l’Aquitaine réalise 45 % du chiffre d’affaires du secteur et emploie 46 % des effectifs nationaux. L’Ile-de-France arrive en 2e position avec 30 % et 31 % respectivement. L’Aquitaine est leader sur les trois principaux segments de marché de l’informatique de santé avec 52 % du CA de marché des hôpitaux publics, 44 % de celui des cliniques privées et 52 % du secteur ambulatoire. Le Cluster TIC Santé Aquitain est relativement jeune puisqu’il a été créé en avril 2011. « L’objectif du cluster est de structurer la filière, de la faire évoluer vers la e-santé et de renforcer le leadership aquitain » souligne Johanna Izotte. Il est soutenu par la Région et compte 56 adhérents dont 70 % sont des industriels. Le Cluster a fait émerger des projets collaboratifs comme Pelican (Patient Entouré et Liaisons entre Intervenants en Cancérologie) qui met en liaison des acteurs dans le domaine de la cancérologie.

Le secteur est dominé par des grands groupes leaders internationaux de l’informatique de santé (Agfa Healthcare, McKesson France) qui ont leur siège en Aquitaine. On trouve aussi des PME et des start-up Cependant, l’export est encore peu développé et offre un gros potentiel de croissance. Le cas de eDevice dans l’e-santé est un bel exemple de réussite internationale, qui est considéré comme une référence en Aquitaine (voir encadré ci-dessus).


Témoignages

Pierre Dagois, gérant de 2MoRo Solutions
« L’implantation à l’étranger est indispensable pour pérenniser le développement international de l’entreprise »

Pour la société 2MoRo Solutions, un éditeur de logiciels dans le secteur de la maintenance aéronautique, innovation et exportation sont étroitement liées. Le marché français est trop étroit et 2MoRO doit se projeter au niveau mondial. La société travaille avec le réseau de distribution de SAP pour un de ses trois logiciels et a engrangé des contrats dans plusieurs pays d’Amérique du Sud. « Nous avons quatre clients dans le secteur aéronautique au Pérou et on vient de signer un contrat en Colombie. Nous sommes assez actifs sur le Chili », explique Pierre Dagois, gérant de 2MoRo Solutions, qui souligne l’intérêt des pays hispanophones d’Amérique du Sud, plus faciles d’accès que le Brésil. La pérennisation de l’activité internationale repose sur l’implantation à l’étranger. La société va ouvrir un bureau de représentation à Kuala-Lumpur (Malaisie) en 2014. « Le marché de l’Asie du sud-est est très dynamique. Ce bureau aura une portée régionale. Il nous permettra d’accroitre notre présence commerciale et d’animer le réseau de nos revendeurs depuis Kuala-Lumpur », affirme Pierre Dagois.

La société va aussi renforcer sa présence en Amérique du nord. « Nous avons une filiale au Canada depuis 2006. C’est grâce à elle que nous avons pu signer notre premier contrat aux États-Unis en 2013 », souligne le gérant. Cette filiale va superviser également le reste du continent américain. Pour mieux attaquer la Russie et l’Europe centrale et orientale, la société vient d’embaucher une collaboratrice russe.

Cette stratégie d’implantation nécessite des investissements très lourds pour une PME. La société a bénéficié des aides de la Région et des garanties publiques Coface. Et elle tire partie de son appartenance au pôle de compétitivité de sa filière. « La présence sur un stand d’Aerospace Valley nous donne de la visibilité et davantage de crédibilité, conclut son dirigeant. Le pôle permet également des échanges avec des entreprises du secteur ».

 

Stefan Gonnet, directeur de la recherche-développement (R&D) de eDevice
« La e-santé ouvre des possibilités de développement de projets réellement innovants »

Fondée en 1999 aux États-Unis par Stéphane Schinazi, originaire d’Aquitaine, et Marc Berrebi, la société eDevice développe et commercialise des solutions qui permettent de connecter des équipements en utilisant des capteurs. « Nous nous sommes rendu compte que notre produit intéressait le domaine médical, notamment celui de la e-santé. Il est bien adapté notamment au suivi des patients à domicile », affirme Stefan Gonnet, directeur de la recherche-développement (R&D) d’eDevice. Le marché est particulièrement développé aux États-Unis. Les clients de la société sont des équipementiers médicaux comme Honeywell, Medtronic ou Philips qui diffusent les solutions auprès des hôpitaux, des médecins et des maisons de retraite. Actuellement, plus de 100 000 patients dans le monde sont connectés avec des équipements d’eDevice. La société réalise 90 % de son chiffre d’affaires aux États-Unis où le marché est estime à 96 milliards de dollars en 2012 contre 2,4 milliards de dollars en France.
En 2002, le siège social a été transféré à Mérignac. L’effort de R&D est indissociable de la croissance de la société. En 2012, les dirigeants de la société ont présenté la solution « HealthGo ».

Il s’agit d’une solution dédiée à la surveillance médicale pouvant être utilisée à domicile par le grand public pour assurer un suivi post-hospitalisation, ou à plus long terme pour le suivi des maladies chroniques et le maintien des personnes âgées à domicile. Le produit est un boîtier équipé d’un écran et de capteurs permettant d’enregistrer différentes données (tension, glycémie, etc.) qui sont transmises au médecin grâce à un logiciel embarqué via un protocole sécurisé. « C’est un projet important car nous voulons évoluer vers la fourniture de véritables systèmes et avancer ainsi dans la chaîne de valeur », souligne Stefan Gonnet. La Région soutient le projet, qui en est au stade du prototype, grâce à une aide à la R&D.

Daniel Solano

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