fbpx

Dossier États-Unis 2016 : trois questions à Paul Bensabat, président de la Commission Amérique du Nord des CCEF

Le Moci. La forte présence de la France au Consumer Electronics Show, deuxième pays exposant depuis des années, et l’ouverture de French Tech à New York, San Francisco et Boston, ont mis en lumière la richesse des start-up tricolores. L’image de la France, liée traditionnellement au luxe, à la gastronomie, au bon vin, est-elle en train de changer ?

 

Paul Bensabat. Incontestablement, il y a une évolution, avec une French Touch plus tech, ce qui est très bien perçu par les milieux d’affaires sophistiqués aux États-Unis. Il y a dans ce pays une prise de conscience que les nouvelles générations en France sont très branchées et que les techniciens et ingénieurs y sont très actifs. Et comme elles sont très bien formées et moins chères que dans la Silicon Valley à San Francisco ou la Silicon Alley à New York, les grandes et moyennes entreprises sont intéressées à les recruter. Les start-up françaises, elles, après avoir réussi sur leur marché domestique, n’hésitent pas à se délocaliser ici pour lever des fonds, tout en conservant l’ingénierie et la recherche et développement en France. Aux États-Unis, c’est plutôt le commercial qui est établi, parce que c’est sur place que se trouve le marché.
Maintenant, dire que la perception auprès de la population moyenne a changé, non. Encore dernièrement, lors des inondations en France, le Wall Street Journal présentait une photographie d’un Français les pieds dans l’eau mais avec sa baguette de pain à la main. Et comme les Américains sont très tournés vers eux-mêmes et ont pour beaucoup une faible connaissance de ce qui se passe à l’extérieur, une véritable évolution en dehors de l’univers des têtes pensantes et du monde des affaires prendra beaucoup de temps. À cet égard, il faudrait que nos gouvernements successifs s’appliquent à des campagnes de promotion régulières de l’image de la France, et non pas par à coups comme cela est le cas depuis très longtemps, ce qui veut dire chaque année sans discontinuer. À noter que les médias sociaux sont des relais importants de cette nouvelle image tech de la France et de la prise de conscience aux États-Unis. Pour eux, la France devient un serious player dans le tech World.

 

Le Moci. Est-ce que cette image d’une France créatrice et innovante profite à d’autres secteurs d’activité ?
P. B. C’est difficile de le dire, mais on ne peut ignorer que tout un chacun réfléchit aux nouveaux modes de distribution et de pensée. Certaines entreprises françaises, et pas seulement les grandes, ont réalisé de belles percées ces dernières années, comme Zannier dans le prêt-à-porter enfant, Lacoste ou Solstiss dans la dentelle de luxe, ou L’Oréal et l’Occitane dans les cosmétiques. Il y a également les fournisseurs d’ingrédients comme Mane qui approvisionne en ingrédients très pointus l’agroalimentaire, les cosmétiques et partiellement la pharmacie ; dans le luxe Chanel, Hermès, Céline, Lalique, LVMH ou encore, de façon un peu différente, Bénéteau. Et que dire dans les technologies de Dassault Systèmes, dans la communication, de Havas et Publicis, mais aussi de jeunes entreprises comme Datawords dans la communication transculturelle ; dans la pharmacie, de Sanofi ou Gattefossé, dans l’aéronautique, d’ATR, d’Airbus, de Dassault Falcon Jet ou Safran ; dans les transports, d’Air France et de SNCF (Rail Europe) ; dans l’industrie, de Poma et Suez ; dans les assurances, d’Axa (leader mondial) ; dans la banque, de Crédit Agricole, BNP Paribas et de plus petites, comme CIC et Banque Transatlantique, et dans les équipements ménagers, de Seb, et encore dans l’agroalimentaire, de Moët Hennessy, Lactalis, Bel, Maille ou Michel & Augustin et encore de bien d’autres.

 

Le Moci. Danone va avaler WhiteWave, spécialiste du bio aux États-Unis. Que vous inspire cette grosse opération de croissance ?
P. B. Notre pays dispose de beaux fleurons qui savent penser global. Danone en s’engageant dans le bio qui n’est pas une mode mais un investissement sûr dans la durée s’offre une belle valeur ajoutée sur un marché sûr et stable, au moment où l’Asie souffre. Nombre d’entreprises découvrent, parfois trop tard, que les Brics et l’Europe de l’Est présentent, certes, des atouts, mais aussi beaucoup de problèmes. Elles reviennent maintenant vers les valeurs sûres que sont la grande Europe et l’Amérique du Nord. Danone est un gros joueur sur le marché américain, qui se recentre ainsi sur des valeurs sûres. Beaucoup trop de sociétés françaises ont crû au développement vertigineux d’autres pays et en reviennent.

Propos recueillis par François Pargny

Dernière édition

Bienvenue !

Connectez-vous

Créer un compte

Merci de compléter le formulaire

Réinitialisez votre mot de passe

Veuillez saisir votre nom d'utilisateur ou votre adresse e-mail pour réinitialiser votre mot de passe.