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Dossier États-Unis 2016 : comment est-on passé de la « French Touch » à la « French Tech »

En l’espace de quelques années, la France a modifié son image outre-Atlantique. Elle n’est plus le pays où les seuls savoir faire et talents sont la gastronomie et le bon vin. La French Touch s’impose aujourd’hui avec la French Tech, une présence remarquée tant sur la côte Est que sur la côte Ouest.

 

La France n’est plus seulement ce merveilleux pays pour les touristes et les gastronomes, l’Hexagone est aussi devenu aux yeux des milieux d’affaires américains un pays de haute technologie. À cet égard, l’année 2014 aura marqué un tournant, avec la première participation française au Consumer Electronics Show (CES), vitrine mondiale de l’électronique grand public à Las Vegas, et la création du French Tech Hub de San Francisco.

Lors de Vivatech, le Salon mondial des start-up, qui s’est installé à Paris il y a à peine un mois (30 juin-2 juillet), John Chambers, président exécutif du conseil d’administration de Cisco Systems, qui accueillait plusieurs start-up françaises sur son espace, rapportait avoir été impressionné quand il y a deux ans une délégation de 90 entreprises françaises innovantes avait exposé pour la première fois au CES, emmenée par la ministre de l’économie numérique, Fleur Pellerin, et le numéro un du Medef, Pierre Gattaz. Par la suite, le patron du groupe américain a décidé d’investir 150 millions de dollars dans les start-up tricolores, contre l’avis de la majorité de son conseil d’administration. Cerise sur le gâteau, John Chambers n’a pas hésité à louer les start-up de l’Hexagone, déclarant même, à la surprise générale lors de Vivatech, que Paris pouvait devenir la capitale européenne des start-up.

« Au CES, la France est devenue la deuxième représentation de la planète », se félicite ainsi Christian Pineau, P-dg de la société d’accompagnement international (SAI) International Boost, qui est implantée à San Francisco. Au départ, se rappelle-t-il, « il nous a fallu persuader Ubifrance (aujourd’hui Business France) de monter un Pavillon France, il a fallu batailler. Et dès que cette participation collective est entrée dans le programme France Export, alors ce label a permis aux Régions d’accompagner leurs entreprises en les finançant. Vous pouvez imaginer comme il est important pour une start-up de Rhône-Alpes, par exemple, de bénéficier d’une subvention de 40 % », se réjouit Christian Pineau. Depuis, assure-t-il, la France a ajouté à son arc la flèche de haute technologie et « quand les Américains pensent high-tech et innovation, ils ne pensent plus seulement au Royaume-Uni et un peu à l’Allemagne, mais à la France ».

On ne penserait donc plus seulement French Touch, mais aussi French Tech ? « Incontestablement, répond Marie Buhot-Launay. La participation collective française au CES a été un accélérateur, mais certains capital-risqueurs avaient déjà observé une ébullition de start-up en France », tempère la directrice des Ventes et du marketing de French Tech Hub, filiale de Paris Région Entreprises, l’agence de développement économique d’Ile-de-France, qui accompagne les start-up françaises à San Francisco et Boston depuis 2012.

Deux ans plus tard, en 2014, la Région Ile-de-France ouvrait la première Maison de l’international à San Francisco, French Tech expérimental centré sur l’accompagnement des entreprises du numérique. Elle créera ensuite une antenne à Boston, dédié aux sciences du vivant. Ainsi, depuis 2012, French Tech Hub a accompagné au total 155 sociétés aux États-Unis, dont un tiers a créé une filiale et une vingtaine a levé des fonds pour un total de 90 millions de dollars, et gère 33 d’entre elles (comptabilité…).

La Mission French Tech au secrétariat d’État en charge du Numérique (ministère de l’Économie, de l’industrie et du numérique) a également joué son rôle en soutenant d’autres initiatives, celles-ci totalement privées au départ, visant à former des écosystèmes d’innovation structurés. De façon concrète, elle a tour à tour accordé le label French Tech aux communautés d’affaires françaises de New York et San Francisco, avec, pour objectifs, de leur permettre d’animer, d’organiser des relations avec les acteurs américains, privés et public, et d’accueillir ses start-up françaises sur place. De par leur mission, les French Tech de New York et San Francisco sont généralistes. À New York en particulier, l’écosystème d’innovation est étoffé et varié. Plus d’une centaine de start-up y sont pilotées par des Français dans les technologies avancées (AdTech), l’e-commerce, les medias et le logiciel en tant que service (software as a service/Saas). Pour les trois quarts, elles conservent la recherche et développement sur le territoire national et établissent à New York les activités commerciales ou de marketing.

Fait notable, le French Tech Hub numérique de San Francisco correspond parfaitement à la famille prioritaire du commerce extérieur français « mieux communiquer », comme le French Tech biotechnologies à Boston à la famille « mieux se soigner ». Rien de plus logique, en fait, puisque la filiale de Paris Région Entreprises est associée à Bpifrance et Business France, au secrétariat d’État au Commerce extérieur et à la Mission French Tech, ainsi qu’aux Régions Aquitaine et Paca avec lesquelles elle a aussi signé des accords de coopération. « Nous avons beaucoup de sociétés françaises dans le logiciel et le cloud, mais aussi dans l’optique, un secteur où il y a des pépites en France pour des marchés d’application comme l’électronique grand public ou la filière médicale », souligne Marie Buhot-Launay.

French Tech Hub a encore conclu un partenariat avec Medicen Paris Région, pôle de compétitivité mondiale des technologies innovantes dans la santé et les nouvelles thérapies. Les deux associés viennent ainsi de choisir deux sociétés innovantes, Archimej Technology et Biomodex, pour représenter la région au Salon des investisseurs en MedTech, organisé par MassMEDIC, la prestigieuse alliance industrielle des dispositifs médicaux du Massachusetts, qui compte plus de 350 membres (hôpitaux, fabricants, grands groupes). Le choix des deux lauréats s’inscrit dans le cadre du programme Soft Landing, visant à créer des opportunités de financement et des ponts technologiques entre la région francilienne et Boston.

2014 a encore été l’année du lancement de La French Touch Conference (LFTC), un événement créé par Gaël Duval, fondateur du site comparateur de services Jechange.fr, et visant à promouvoir les talents français dans le numérique et à multiplier les ponts avec l’écosystème de l’innovation de la côte Est des États-Unis. En 2016, des ateliers ont concerné le luxe, l’e-commerce, les FinTech, la ConstructionTech, les médias et la vidéo et l’intelligence artificielle. Après trois éditions organisées à New York, la version 2017 pourrait se tenir à San Francisco au même moment que le Consumer Electronics Show à Las Vegas. Tout comme également une nouvelle manifestation dédiée à l’Afrique, Africa Tech Now, qui se déroulera du 5 au 8 janvier à Las Vegas, avec le soutien de la Consumer Technology Association (CTA), organisateur du CES, qui abritera en 2017 un Pavillon Afrique avec des start-up. Cheville ouvrière du projet, International Boost prévoit aussi un programme de rendez-vous B to B.

L’émergence de la French Tech outre-Atlantique ne doit pas faire oublier que la French Touch brille par bien d’autres aspects. Les statistiques du commerce extérieur en apportent la preuve. Les analyses de l’assureur-crédit Euler Hermes démontrent également la part énorme des biens d’équipement dans la demande adressée par les États-Unis à la France. En 2015, les machines et produits mécaniques et l’aéronautique se sont ainsi envolées. D’après la base de données GTA (groupe IHS), les achats américains à la Fance ont progressé de 18 et 19 % respectivement. Il s’agissait des deux premiers postes d’importation, le podium étant complété par les boissons (champagne, cognac notamment), avec également une hausse très importante, de 22 %. À eux trois, ces secteurs représentaient 40 % des importations américaines de produits français.

En 2015, les acquisitions de biens français, boostées par la reprise américaine et la dépréciation de l’euro, ont globalement crû de 21,5 % à 43,14 milliards d’euros, plaçant l’Hexagone au 8e rang des fournisseurs, derrière le Royaume-Uni et devant l’Inde et l’Italie, mais loin de la Chine (dix fois plus !) et du Mexique (plus de six fois plus). Alors que les achats des États-Unis dans le monde avaient progressé de près de 14,1 %, la France avait donc fait mieux, se situant même dans le peloton de tête en terme de croissance. Au regard des statistiques des quatre premiers mois de 2016, la France semble poursuivre sur une voie ascendante. Le début d’année confirme les prévisions d’Euler Hermes, avec une progression constante des biens d’équipement, grâce à l’aéronautique (+ 40 %), et un poste boissons toujours en bonne santé (+ 12 %).

À noter que la pharmacie, un point fort de l’offre française, en forte hausse en 2015 (+ 35 %), a subi une légère érosion de janvier à avril 2016 (- 4 %). Mais c’est l’ensemble des achats des États-Unis dans le monde qui a chuté depuis janvier (- 6 %). À cet égard, seules trois nations du Top 10 ont bénéficié d’une hausse des achats et la France est de loin celle qui a, en croissance, le plus approvisionné les États-Unis, avec + 3,19 %, devançant ainsi l’Italie (+ 0,55 %) et le Mexique (+ 0,22 %). Sa part de marché est ainsi passée en un an de 2 % à 2,13 %, tout en restant modeste par rapport à celles de la Chine (21,5 %), du Mexique et du Canada (près de 13,2 % chacun).

François Pargny

Les chiffres clés

Superficie : 9 631 420 km2
Population (millions, 2015) (1) : 321,6
Taux de croissance du PIB réel (1) : 2016 : 2,4 % (estim.) ; 2015 : 2,4 %
Revenu national/hab. en parité de pouvoir d’achat (USD, 2014) (2) : 55 900
Échanges de marchandises (2015, Mds EUR, évolution sur 2014) (3) :
– Export : 1 356,254 (+ 11,01 %)
– Import : 2 021,038 (+ 14,17 %)
(Exportations françaises 2015 : 32,636 Mds EUR, +19,19 %)

Sources : (1) FMI. (2) Banque mondiale. (3) Global Trade Atlas (Groupe IHS).

La France, dauphin des États-Unis au CES

190 entreprises françaises ont participé au Consumer Electronics Show, le Salon international de l’électronique grand public à Las Vegas en 2016, dont 128 dans l’Eureka Park, espace réservé aux jeunes pousses, et 62 à l’extérieur. Des chiffres que l’on espère égaler sinon dépasser l’année prochaine, pour l’édition qui se tiendra du 5 au 8 janvier, tant la France brille depuis sa première participation en 2014. Dans l’Europark, sur les 457 entreprises recensées, la France prenait la seconde place, après les États-Unis (193 start-up), devançant largement Israël (17). Seize d’entre elles ont reçu un CES Innovation Awards cette année : Ubiant, Visiomed, Enko, 3D Rudder, Enlaps, Sensor Wake, De Rigueur, NodOn, Ween, Lima, Prizm, Klaxoon, Hydrao, eSensor, In&Motion, Airspek. Un an plus tôt, la French Tech ne comptait que 66 start-up au total au salon de Las Vegas. Dans cette montée en puissance, fait-on valoir à Business France, qui monte le Pavillon France, les entreprises font de plus en plus montre de qualité et de créativité. Ne serait-ce que dans les objets connectés, secteur dans lequel la France est le dauphin des États-Unis sur un marché estimé à 235 milliards de dollars en 2016 par le cabinet Gartner.     F. P.

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