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Belgique 2015 : entretien avec Étienne Rousseau, président de la section Belgique des conseillers du commerce extérieur de la France.

Le Moci. Est-ce que la Belgique demeure un marché test à l’international pour les PME et TPE françaises ?

Étienne Rousseau. C’est naturel que des entreprises françaises qui veulent exporter s’orientent vers un pays qui présente des facilités géographiques et linguistiques. Beaucoup de PME contactent les CCEF et l’ensemble du réseau public – Service économique, Business France, CCI France Belgique – et sont intéressées à ce qu’on les aide. Elles y sont d’autant plus incitées que les échanges économiques des deux côtés de la frontière sont très forts. La Belgique est le troisième client à l’export de la France, qui est elle-même son deuxième client international. Maintenant, il ne suffit pas de se déplacer, de nouer des contacts. La Belgique n’est pas la France. Il y a dans ce pays des spécificités politiques, économiques et sociales qu’on ne peut ignorer. D’abord, l’existence de trois régions, la Flandre, Bruxelles Capitale, la Wallonie, avec une culture, une économie, un pouvoir politique distincts, ensuite, des habitudes, une façon de travailler et une culture en général qui constituent de vraies différences et peuvent devenir des barrières. Par exemple, dans l’alimentation, il faut un double packaging, lisible par les francophones comme par les néerlandophones.

 

Le Moci. Pourtant, la Belgique, c’est un même pays…

E. R. La Belgique, c’est trois pays. Le taux de chômage est faible en Flandre, fort à Bruxelles, moyen en Wallonie. On se dit, c’est facile, ce n’est pas loin, à seulement 1 h 20 de Paris en Thalys. En outre, 240 000 Français habitent en Belgique, dont 80 000 dans la capitale, et 150 000 Belges en France. Ce pays possède aussi une industrie, est stable politiquement et économiquement. Donc, c’est tentant, mais, en vérité, il faut s’investir, ouvrir un bureau, s’implanter durablement sur un marché très concurrentiel, tout en connaissant les règles. Par exemple, ici, il n’y a pas de 35 heures et l’impôt sur le revenu du travail est élevé.

 

Le Moci. Quelque 2 200 sociétés françaises sont implantées en Belgique et pas seulement pour le marché domestique. Pensez-vous que la Belgique puisse être pour des PME un carrefour pour attaquer d’autres marchés européens, voire une base logistique pour attaquer le grand export à travers le port d’Anvers ?

E. R. Oui, la situation géographique est favorable. La Belgique est un vrai carrefour autoroutier et ferroviaire. Elle possède aussi 60 kilomètres de côtes et deux ports principaux, Ostende et surtout Anvers, dix fois l’équivalent de Marseille, bien que situé à seulement 60 kilomètres de Rotterdam. Anvers est le premier port de commerce « français ». L’environnement en Belgique est donc très international. Les Belges maîtrisent les langues étrangères, notamment l’anglais, et une grande partie est bilingue français et néerlandais. Ce mixage est relayé par la fonction très particulière de Bruxelles, capitale internationale, avec la Commission européenne ou l’Otan, où l’on trouve beaucoup de nationalités différentes.

 

Le Moci. Êtes-vous inquiet de l’érosion régulière de la part de marché de la France en Belgique ? Dans quels secteurs les PME et TPE doivent investir ?

E. R. Non, je ne suis pas inquiet. C’est normal, car l’environnement est davantage concurrentiel. Rien n’est acquis pour la France et d’autres pays montent en puissance ou se montrent. Ainsi, Dassault a proposé son Rafale pour remplacer les vieux F16 de l’Armée de l’Air belge, mais tous ses concurrents internationaux sont là, britannique, suédois ou américain. Quant aux secteurs, il n’y en a pas de fermé. Par exemple, récemment dans l’agroalimentaire, Picard est entré sur le marché – avec d’ailleurs une stratégie différente en Flandre et sur la partie francophone. Dans la mécanique, une délégation en provenance de Besançon a été reçue par CCI France Belgique. On a aussi aidé une société spécialisée dans l’affinage du fromage. La Belgique est, certes, un petit Royaume de 11 millions d’habitants, mais avec un fort pouvoir d’achat et le 19e produit intérieur brut au monde.

 

Le Moci. Compte tenu de la proximité géographique et culturelle, est-ce que les salons professionnels en Belgique restent de bons outils de promotion et de connaissance du marché ?

E. R. Oui, les salons sont de très bons démonstrateurs. D’ailleurs, Business France y organise régulièrement des participations. L’agence publique propose également des présentations de produits, comme, avant les vacances, le Week-end à la française, qui a permis de montrer les mouchoirs de Cholet comme les services d’une banque et d’une agence touristique françaises.

Propos recueillis par François Pargny

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