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Entretien avec Tarak Cherif, président de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect)

Le Moci. Avant de présider la nouvelle organisation patronale Conect, vous pilotiez le Comité France de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica). Vous connaissez donc bien ce pays, d’autant que vous co-présidiez parallèlement le Conseil des chefs d’entreprise France-Tunisie, avec votre homologue au Medef, Eric Hayat. Aujourd’hui, que pensez-vous de l’action de la France pour aider la Nouvelle Tunisie ?

 

Taraf Chérif. La France se doit d’être proche de la Tunisie. Naturellement, nous nous tournons vers elle et lui demandons toujours le maximum. Ceci dit, il est clair que la période des élections présidentielles n’a pas été très propice à des initiatives fortes de la part de la France. Or, il faut absolument que les deux Etats densifient leurs relations. La Tunisie a beaucoup à prendre en France en matière de transfert de savoir-faire, de compétence ou de formation. Et c’est du gagnant-gagnant entre les deux partenaires. Bien sûr, dans cette période d’apprentissage social et démocratique, les entreprises françaises ont raison d’hésiter. C’est à nous de les amener à réfléchir et à réaffecter leurs engagements sur la Tunisie en leur démontrant notre capacité à sauvegarder notre compétitivité, à préserver des coûts de production favorables et à éliminer progressivement les obstacles qui existent encore. Entreprises tunisienne, française ou étrangère, publique et privée, nous devons agir pour leur bien être de la même façon.

Le Moci. Comment renouer des liens qui se sont peut-être un peu distendus ?

Taraf Chérif. Pour jeter des ponts, il faut se rendre dans les régions françaises, faire comprendre que s’installer en Tunisie ce n’est pas délocaliser. Y créer aujourd’hui une société permet souvent de sauver des emplois en France. Pour certaines entreprises, la France n’est plus compétitive. La majorité de celles qui s’implantent en Tunisie y trouvent de nouvelles possibilités de développement alors que leurs activités se dégradent en France et ailleurs. C’est la compétitivité réelle qui compte.

Le Moci. Quelles sont les relations de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect) avec le Medef ?

Taraf Chérif. Les relations sont excellentes. J’ai reçu le vice-président du Medef, Thierry Courtaigne, à qui j’ai fait rencontrer la Troïka, c’est-à-dire les présidents de la République, de l’Assemblée constituante et le Premier ministre de la Tunisie. Conect a aussi associé la CGPME à sa réflexion que la responsabilité sociétale de l’entreprise. Notre confédération a aussi développé ses liens avec les patrons algériens ou libyens et arabes. Je suis aussi vice-président de l’Institut arabe des chefs d’entreprises, à Tunis.

Le Moci. L’Etat négocie toujours avec les organisations traditionnelles, Utica et Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT). Donc Conect n’est pas une institution représentative…

Taraf Chérif. D’abord, Conect n’est pas en compétition avec l’Utica. Nous agissons parallèlement. Avec la révolution, le pluralisme a été revendiqué dans tout le pays. Lors de la journée d’étude, organisée le 10 avril à Tunis, sur la compétitivité du port de Rades, UGTT était représenté, le ministre du Transport est venu. Donc, on ne peut pas dire que nous n’existons pas. Ensuite, Conect compte déjà plus de 600 membres et six des 58 compagnies cotées à la Bourse de Tunis ont adhéré à la confédération, dont le premier groupe privé du pays, Poulina. Donc, on ne peut pas dire que nous ne sommes pas représentatifs. D’ailleurs, nous avons été reçus par le ministre des Affaires sociales et le gouvernement réfléchit à la bonne façon d’opérer pour nous associer. Nous sommes juste entrés dans une ère de démocratie. Il faut un peu de temps. Mais nous sommes connus, sinon déjà reconnus. Par exemple, l’Onudi, une agence des Nations Unies, nous avait confié la présentation de son rapport sur les énergies renouvelables et le ministre de l’Industrie tunisien était venu à cette occasion.

Propos recueillis par François Pargny

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