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Entretien avec Riadh Bettaieb, ministre de l’Investissement et de la Coopération internationale

Le Moci. L’année 2012 devrait être difficile, avec une montée de l’inflation, des exportations qui pâtiront de la crise de la zone euro, un tourisme qui souffrira toujours. N’est-il pas temps pour le gouvernement de coalition, dirigé par votre parti, Ennahda, de relancer l’économie par l’investissement ?

Riadh Bettaieb. Le gouvernement a ciblé la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption pour que le site Tunisie demeure attractif et compétitif aux yeux des investisseurs étrangers. Nous voulons leur donner des garanties, établir un environnement sain et rétablir un climat de confiance. Je constate que les Italiens reviennent déjà, que des investisseurs de nouveaux pays s’intéressent à la Tunisie, comme Singapour et la Russie. Sans oublier le Royaume-Uni, l’Australie, l’Inde dans l’exploitation minière, les États du Golfe, la Malaisie, les États-Unis avec lesquels la Tunisie a constitué un fonds d’investissement pour soutenir les PME ou la Turquie qui recherche des terrains pour constituer une grande zone industrielle pour ses entreprises. 

Le Moci. C’est sans doute encourageant, mais faute de lancer des projets, la Tunisie ne relancera pas son économie et ne pourra établir solidement la confiance…

Riadh Bettaieb. Le 16 mai à Tunis, le gouvernement présentera des projets aux bailleurs de fonds. Et, les 14 et 15 juin, il fera de même lors du Forum de l’investissement, à Tunis. Un programme d’investissements publics existe, avec, entre autres, la création de 30 000 logements sociaux, le développement de la santé et de la distribution de gaz dans les régions intérieures, le dessalement d’eau à Djerba, Gabès, Sfax et Kerkennah, la formation professionnelle des jeunes diplômés ou encore la construction d’infrastructures, par exemple, la finalisation de l’autoroute transmaghrébine. Pour autant, l’État ne peut pas tout financer. Comme la contribution du secteur privé à l’investissement est relativement faible – 65 % en Tunisie, contre 78 % notamment au Maroc – nous devons l’encourager, par exemple avec un programme de privatisations comprenant la vente des biens confisqués après la chute de l’ancien régime ou l’augmentation du capital de sociétés publiques au profit de la sphère privée. Par ailleurs, le gouvernement prépare un projet de loi sur les partenariats privé-public (PPP), qui sera prêt d’ici deux à trois mois.

Le Moci. Prévoyez-vous de revoir le Code d’investissement ?

Riadh Bettaieb. Oui, le Code d’investissement doit être révisé. Depuis 1972, la Tunisie n’a pas de stratégie claire d’investissement. Il faut à la fois une stratégie, un cadre et des réformes structurelles pour faciliter les procédures administratives, rendre la liberté à l’entreprise et axer notre économie sur les secteurs à valeur ajoutée et créateurs d’emplois. Le 23 mai, la Tunisie adhérera officiellement à la déclaration de l’OCDE sur l’investissement international. Le Code d’investissement date de 1993 a été amendé 64 fois et comprend une vingtaine d’exceptions. Il nous faut maintenant un Code simple, avec des priorités : la valeur ajoutée, le développement régional, l’agriculture, la diversification du tourisme (tourisme culturel, thermal, médical, de montagne…), les énergies renouvelables, l’environnement. Mais aussi l’agroalimentaire, le textile technique, les plastiques, la chimie ou la pharmacie. Sans oublier la grande distribution et la franchise, sans lesquelles il ne peut y avoir de grandes enseignes et un tourisme haut de gamme. Bien sûr, il nous faudra soutenir parallèlement le petit commerce. Sur ces bases, nous allons établir une véritable cartographie des régions avec des filières à développer, comme les matériaux de construction dans la région du marbre de Kasserine, l’élevage intensif à Sidi Bouzid et Beja, la pétrochimie près de Skhira, etc.

Le Moci. On vous prête l’intention d’utiliser le grand bâtiment en verre de l’ancien parti unique au centre de Tunis pour installer une nouvelle agence de l’investissement. Qu’en est-il exactement ?

Riadh Bettaieb. En fait, je veux y créer une instance d’appui, complémentaire de l’Agence de promotion de l’investissement extérieur (Fipa) et de l’Agence pour la promotion de l’industrie et l’innovation (Apii), pour assister les entreprises locales et étrangères. Sa mission sera de supprimer les entraves les plus lourdes, comme la recherche du foncier. 

Propos recueillis par F. P.

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