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Secteurs porteurs à Singapour : biomédical, chimie-pétrochimie, jeux vidéo…

La qualité des infrastructures, la présence de talents et la politique publique d’incitations permettent au hub régional de Singapour d’abriter de nombreuses innovations et d’accueillir de grandes entreprises et des PME dans toute une série de secteurs. A l’instar du domaine biomédical, de la chimie et des jeux vidéo. Ce dont profite aussi l’industrie touristique.

 

Biomédical : lutter contre le cancer, les maladies infectieuses, du vieillissement, du mode de vie

Deux milliards d’euros, c’est le montant des investissements prévu par le gouvernement singapourien dans le secteur biomédical entre 2011-2015. Avec pour objectif de positionner Singapour comme plateforme d’innovation et de recherche en Asie.
En matière de recherche, plusieurs axes prioritaires sont identifiés « le cancer, les maladies infectieuses, celles développées par une population vieillissante ou liées au mode de vie actuel, sont les sujets qui préoccupent le gouvernement, car ils touchent directement au bien-être et à la santé des Singapouriens. Dans tous ces domaines, l’objectif affiché est de trouver des débouchés « utiles, donc commerciaux », souligne Adeline Martin, chargée de Mission scientifique à l’ambassade de France à Singapour.
Créé par le français David Picard, le laboratoire Moléac a ainsi centré ses recherches sur les troubles neurologiques et cardio-vasculaires pour fabriquer son médicament phare, le NeuroAiD™, à partir de produits de la médecine traditionnelle chinoise. « En un an et demi, l’essai clinique était autorisé à démarrer dans les hôpitaux. Aux États-Unis et en Europe la connaissance de ces produits est très faible, et je doute que nous ayons obtenu les autorisations de la même manière », fait remarquer le fondateur.

Autre domaine d’expertise de la cité-état, les essais cliniques. Grâce à sa diversité ethnique, les laboratoires peuvent tester les médicaments sur différentes populations. « Réputée pour ses excellentes infrastructures et compétences dans la recherche clinique, elle joue un rôle stratégique dans le développement des bonnes pratiques cliniques en Asie », affirme Christophe Tournerie, directeur de Clinactis, société d’essais cliniques basée à Singapour.

Encore un segment en pleine expansion : les « Medical Technologies », Singapour cherchant à insérer toujours plus d’innovation dans les protocoles de recherche et, plus largement, dans tous les secteurs liés à la santé. « À côté d’un marché américain très fermé, la zone Asie est beaucoup plus facile d’accès, et Singapour en est aujourd’hui la tête de pont », explique Luc Talini, directeur d’Alvéole, une start-up des Med Tech spécialisée dans la biologie cellulaire, dont la technologie sera bientôt utilisée à Singapour par une unité de recherche du CNRS.
Le gouvernement a su réunir les conditions nécessaires à l’essor du domaine biomédical : investissements massifs, excellente protection de la propriété intellectuelle, main-d’œuvre qualifiée, incitations et appuis aux partenariats privés-publics (PPP). La recherche publique est ainsi soutenue par A*Star, l’agence nationale dédiée à la recherche scientifique, National Research Foundation et National Medical Research Council. L’organisme d’État Spring encourage les investisseurs, locaux ou étrangers, et les entreprises basées à Singapour à financer des projets de R&D, grâce à une panoplie de mesure fiscales et d’aides : le programme RISE permet ainsi aux startups de recevoir jusqu’à douze mille euros d’aide sur trois ans pour leurs dépenses en R&D, alors que le programme RISC dédié aux PME et aux ETI, permet le remboursement de coûts liés à la R&D, par exemple 50 % de la main-d’œuvre utilisée et 30 % des frais de protection de la propriété intellectuelle.

Publique ou privée, cette recherche est essentielle à Singapour pour tenir son rang dans la compétition régionale, face à des pays comme le Japon, la Corée du Sud, Taïwan et la Chine notamment. « Singapour a constitué un écosystème unique et intégré d’innovation, qui permet aux entreprises de collaborer avec différents partenaires de recherche (…) [C’est pour] développer ces collaborations qu’a été mis en place le Bureau des partenariats pour l’industrie du biomédical », explique Kevin Lai, directeur du pôle biomédical au sein de l’Economic Development Board (EDB), l’agence gouvernementale en charge du développement économique. Parallèlement à la mise en place de l’EDB, la cité-Etat a développé des infrastructures de pointe, comme Biopolis. Ce cluster qui fête ses dix ans, devenu le symbole du rayonnement de la Cité-Etat en matière de recherche biomédicale sur la scène internationale, héberge plus de 40 sociétés et laboratoires internationaux ainsi que des unités de recherche publique. Côté français, le CNRS vient d’y relocaliser son bureau régional. « Une implantation qui constitue une très belle vitrine pour la France et qui permettra de créer de nouveaux ponts entre les deux pays », selon Adeline Martin.

 

Chimie-pétrochimie : se diversifier avec de nouveaux produits

Disposant déjà d’une plateforme chimique et pétrochimique dans l’île de Jurong, Singapour cherche aujourd’hui, avec l’initiative Jurong 2.0, à introduire de « nouvelles » matières premières dans son industrie chimique, comme le gaz de pétrole liquéfié (GPL) ou la biomasse, avec la canne à sucre ou l’huile de palme, explique Terence Koh, vice-président du Singapore Chemical Industry Council. Selon ce dirigeant, « l’innovation dans les processus et le développement des produits est une évidence dans l’industrie chimique ».
Alors que la chimie et pétrochimie constituent déjà un tiers de l’industrie manufacturière à Singapour, la cité État veut ainsi continuer à capter la forte demande en provenance d’Asie, dans des secteurs clés comme les produits de consommation et le transport. « Nous avons l’intention de développer le secteur de l’énergie et des produits chimiques en tandem pour répondre à cette demande sur la zone Asie et même au-delà », explique Terence Koh.
Les derniers investissements privés, réalisés ou annoncés, laissent penser que Singapour va conserver un rôle de hub régional. Exxon Mobil a ouvert en janvier une méga-usine de raffinage et de pétrochimie, qui représente le plus gros investissement jamais réalisé dans l’industrie à Singapour. De leurs côtés, Shell, Total et Sinopec construisent conjointement un grand complexe de fabrication de lubrifiants, le Lube Park, dont l’ouverture est prévue en 2015.
Ces projets d’envergure sont autant d’opportunités pour des sous-traitants. « Mais on est loin de l’eldorado, tempère Quentin Pubellier, responsable commercial de la zone Asie-Pacifique chez Petroval (ingénierie, études techniques). « La concurrence asiatique est souvent bien établie et se démarque par son faible coût ».

 

Jeux vidéo : la formation au centre de l’écosystème

Installé depuis 2008 à Singapour, Ubisoft y fut l’un des pionniers de l’industrie des jeux vidéo. « L’industrie s’est développée très vite ces dernières années, notamment grâce à l’action et la ténacité du gouvernement. En cinq ans, nous avons vu de nombreuses entreprises s’installer, et des programmes de formation spécialisée se mettre en place dans les universités », raconte Olivier de Rotalier, directeur d’Ubisoft à Singapour. Des entreprises comme Electronic Arts, Tecmo Koei, Gameloft ou Ankama chez les Français ont ainsi posé leurs valises dans la Cité-Etat. « Notre industrie des jeux vidéo est en plein essor, avec un taux de croissance annuel de 19 % entre 2007 et 2012 », indique Angeline Poh, de la Media Development Authority of Singapore (MDA), l’agence gouvernementale en charge de ce secteur émergent.
L’une des raisons majeures de l’attractivité de Singapour est l’excellent niveau d’éducation. « Notre industrie repose sur les talents et on trouve à Singapour un vivier de jeunes très bien formés », explique le dirigeant d’Ubisoft. Outre ce pool de talents, la forte protection de la propriété intellectuelle est un argument de poids pour ces producteurs de contenu. Autre atout de Singapour : le taux d’équipement en smartphones et la qualité de connexion qui facilite l’accès aux jeux mobiles et en ligne. « Nous organisons de nombreux playtests pour des jeux qui sortent mondialement », confie Olivier de Rotalier.
Pour favoriser la création d’un écosystème, la MDA a créé le « Game Solution Center », incubateur pour les startups du jeu vidéo, qui facilite le développement et la commercialisation des jeux et les collaborations avec les grands studios. À cela s’ajoutent les actions du Game Alliance Exchange, fédération des professionnels du secteur, qui a signé un accord de partenariat avec l’association professionnelle française The Game, lors de la dernière
édition des French Singapore Innovation Days (FSID) en 2013, organisés chaque automne par Ubifrance (voir encadré). Si aujourd’hui, Singapour n’est pas encore au niveau du Canada*, tous les éléments sont réunis pour que la Cité du Lion devienne demain un hub mondial des jeux vidéo.

* Pour en savoir plus : dossier spécial Québec n° 1954 du 9 au 22 janvier 2014 et Guide Business Canada n°1960 du 3 au 16 avril 2014.

 

Trente entreprises françaises au BroadcastAsia CommunicAsia

Parmi les grands rendez-vous dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), le salon BroadcastAsia (http:// www.broadcast-asia.com/) CommunicAsia (http:// 10times.com/communic-asia) réunit chaque année tous les acteurs de la zone. La Chambre de commerce française à Singapour (FCCS) et Ubifrance viennent ainsi d’y accueillir une trentaine d’entreprises cette année (17-20 juin). Ubifrance organise également les French Singapore Innovation Days (FSID) chaque automne. « Ce rendez-vous annuel permet aux entreprises de venir tester leurs idées devant des partenaires locaux. Il reflète une image dynamique et innovante de la France et de ses startups », explique Thomas Vial, directeur du pôle NTIC chez Ubifrance. La prochaine édition des FSID (www.fsid.sg), en octobre ou novembre 2014, sera consacrée aux éditeurs de solutions pour les services de l’e-gouvernement, la gestion des fournisseurs-clients et de management.

 

Tourisme : les plages de l’hôtellerie d’affaires et du monde de la culture

En 2013, Singapour battait un record en atteignant 15,7 millions de touristes, une belle performance pour une ville qui compte 5,3 millions d’habitants.
L’un des axes forts de développement est le tourisme d’affaires. Depuis cinq ans, Singapour rafle le prix de la première ville d’Asie dans cette catégorie. Cela, « grâce à un écosystème dynamique, des secteurs économiques porteurs, une offre de loisirs diversifiée et une situation géographique stratégique au cœur d’une Asie en pleine expansion », résume Andree Phua, en charge des salons et des conférences au sein du Singapore Tourism Board (STB), l’office du tourisme de la Cité-Etat.
Cette affluence de touristes fait le bonheur des acteurs de l’hôtellerie : le nombre de chambres d’hôtel va augmenter de 20 % d’ici 2015, et les ouvertures d’hôtels se multiplient. Sofitel vient ainsi d’ouvrir un hôtel au cœur du centre d’affaires, et prévoit l’ouverture d’un deuxième Sofitel à Sentosa, l’ « île aux loisirs » de Singapour. « Le nombre de visiteurs augmente d’année en année, et c’est le résultat du travail du STB, qui parvient à réinventer Singapour en tant que marque », affirme Tony Chisholm, General Manager de Sofitel à Singapour. Signe que nos concitoyens ne sont pas en reste, c’est le français Olivier Bendel qui a reçu en 2013 le prix de l’entrepreneur de l’année dans la catégorie Tourisme. D’après lui, le tourisme a vraiment explosé depuis la construction des deux casinos en 2010.
En plus du jeu et du sport, avec la Formule 1 et le nouveau stade, Singapour parie sur la culture pour séduire les touristes. « Il y a depuis quelques années une vraie reconnaissance du monde des arts et de la culture. (…) Nous vivons un moment crucial dans l’histoire du marché de l’art à Singapour. », observe Camilla Hewitson, directrice de la foire d’art contemporain Affordable Art Fair (AAF) à Singapour.
Depuis sa création en 2010, l’AAF a vu le nombre de ses visiteurs doubler en quatre ans, pour atteindre près de 18 000 visiteurs en 2014. Cette année est d’ailleurs particulièrement dense à Singapour avec l’organisation de nombreuses foires d’arts et de design, et 2015 verra l’ouverture du Singapore National Gallery, projet sur lequel collabore un cabinet d’architecte français, Studio Milou.
D’autres entreprises tricolores profitent aussi de ce bouillonnement culturel : galeries d’art, agences  de design… En près de 10 ans, le nombre d’entreprises dans le secteur culturel a été multiplié par quatre. « Singapour a investi très massivement dans l’art, avec comme ambition de devenir une plateforme incontournable en Asie. Jouissant d’un développement rapide, l’industrie artistique érige ses fondations », conclut Jérôme Touchard, directeur de la galerie YellowKorner à Singapour.

Héloïse de Menthière

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