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Trois questions à Jean-Eric Husson, président de la section Malaisie des CCEF

Le Moci. L’an dernier, la Malaisie n’était que le 32e client de la France qui y a exporté pour moins de 2,6 milliards d’euros de biens…

Jean-Eric Husson. Attention aux chiffres… Par exemple, officiellement, nous livrons directement à ce pays pour grosso modo 60 millions d’euros de vins par an. Mais il faut ajouter un montant équivalent pour ces mêmes produits qui transitent via Singapour. De même en matière d’IDE, une partie non négligeable des investissements tricolores à Singapour est, en fait, destiné à la Malaisie. Dans le luxe, les cosmétiques, la maroquinerie, les ventes françaises ont explosé, parce que les grands noms ayant installé des bureaux régionaux et des stocks à Singapour commencent à établir des représentations directes en Malaisie, à l’instar de Louis Vuitton et plus récemment de Clarins et Dior. En dépit de ces écarts statistiques, la Malaisie offre à notre pays son deuxième excédent commercial (près de 600 millions euros) dans l’Asean et cette fédération de 30 millions d’habitants est aussi notre quatrième client en matière de défense dans le monde, avec un volant d’achats de 300 à 400 millions d’euros par an. Les armements, comme les services, ne sont pas recensés dans notre commerce extérieur. Sur place, sont implantés les Airbus-EADS, Thales ou autres Safran, qui ont choisi la Malaisie au détriment de la Chine et de l’Indonésie pour produire des systèmes d’atterrissage en carbone. Outre des avantages fiscaux, sa filiale Messier-Bugatti-Dowty bénéficie de prix très bas sur le gaz, produit essentiel à la production de ce type de freins. Elle travaille en étroit partenariat avec Technip, qui possède en Malaisie son siège régional, avec près de 4 000 salariés, dont 250 expatriés.

Le Moci. Est-ce que la Malaisie est un marché pour les PME ?

J-E. H. La Malaisie, c’est le capteur des PME. Et depuis deux-trois ans, les entreprises déçues par la Chine choisissent la Malaisie comme siège régional dans l’Asean. Pour elles, Singapour est très cher, la Thaïlande trop instable et l’Indonésie pas assez centrale géographiquement et avec un environnement des affaires assez compliqué. Dans le courant du quatrième trimestre, les conseilleurs du commerce extérieur de la France (CCEF) vont sortir un petit Livre blanc « Affaires et ne pas faire » à l’intention des PME, photographie simple et concise de la Malaisie en dix-douze pages format numérique. Puis en juin 2015, un autre ouvrage sera publié, « La Malaisie hors les murs », recensant tous les investissements en et hors de la Malaisie. Ce sera le premier de ce type, après la Chine, à essayer d’expliquer, notamment, les raisons et les remèdes à la faible proportion d’investissements malaisiens en France.

Le Moci. Est-ce que la Malaisie est un pays de grands contrats ?

J-E. H. C’est fini, depuis que la plupart des grands projets d’infrastructure ont été réalisés, sauf dans le ferroviaire et l’intermodalité. Le grand chantier du futur est le TGV entre Singapour et Kuala Lumpur, projet nécessaire aux relations déjà très étroites – même si elles sont tendues de temps en temps – entre la cité État et la fédération. Quelque 300 000 à 400 000 Malaisiens travaillent à Singapour et, près de sa frontière, la nouvelle zone économique malaisienne d’Iskandar devrait devenir à terme le Shenzen de Singapour, avec un nombre croissant d’usines et de laboratoires de R&D. Maintenant, les chances de la France d’obtenir ce grand contrat de TGV sont compromises par le coût trop élevé de sa technologie et un manque de sérieux dans le suivi du dossier par la SNCF, qui ne se montre pas flexible en matière d’offset. En outre, quand Siemens possède près de 2 000 employés sur place, Alstom division Transport opère à partir de Bangkok. Cette remarque vaut aussi dans le nucléaire pour Areva, qui, basé à Singapour et sans implantation locale, risque de perdre toute chance de décrocher un contrat dans l’énergie nucléaire, alors que la Malaisie est le seul membre crédible de l’Asean à s’intéresser à ce type d’énergie. À l’inverse, le groupe Dassault s’est montré particulièrement efficace et suffisamment flexible en matière d’identification de sous-traitants locaux ou d’envoi de formateurs pour développer un véritable partenariat avec les autorités malaisiennes. Du coup, avec ses Rafale, le groupe français a toutes ses chances de décrocher un contrat d’achats de 16 avions de combat qui pourrait être annoncé d’ici la fin 2015.

Propos recueillis par François Pargny

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