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Entreprises : un ticket d’entrée cher mais qui peut rapporter gros

Hong Kong est une destination qui fait rêver. Chaque mois des entrepreneurs français, jeunes et moins jeunes, viennent tenter leur chance dans « l’économie la plus libre du monde ». Ils arrivent pour l’Asie, pour la Chine, pour Hong Kong ou parfois simplement pour la communauté française de Hong Kong qui compte désormais plus de 15 000 personnes. Mais le ticket d’entrée est cher et le succès n’est pas donné à tout le monde… Retours d’expérience.

La Région administrative spéciale de Hong Kong, en vertu de toutes les caractéristiques qui font son ADN – en particulier le système un pays/deux systèmes, qui en fait la première plaque tournante vers la République populaire de Chine –, est souvent considérée comme l’économie la plus libre du monde. On y monte une société en quelques jours, si ce n’est quelques heures. Les frais sont limités. L’impôt est faible. Il se monte à 17 % pour les plus gros salaires et 16,5 % sur le profit des entreprises. Des arguments qui séduisent de plus en plus de jeunes Français qui souhaitent tenter leur chance avec des idées d’entreprises.

Il n’est pas pour autant facile de se lancer à Hong Kong où la vie quotidienne peut vite coûter très cher, à cause du logement, et où les coûts fixes engloutissent une importante partie des revenus. Depuis l’abolition de la taxe sur les vins, 6 000 commerces d’import-export de vin ont ainsi vu le jour… Mais tous ne survivront pas.

Le nombre de Français à Hong Kong est évalué à 16 000. Au comité du « BAG », le « Business Advising Group » de la Chambre de commerce et d’industrie française à Hong Kong (French Chamber of Commerce and Industry in Hong Kong/FCCIHK), quelques femmes et hommes d’affaires aguerris parrainent les projets de jeunes entreprises. « Nous les conseillons tant sur leur implantation, en les incitant à être très vigilants tout autant sur les coûts, notamment immobiliers, que sur les habitudes de consommation locale. Ce qui marche en France ne marchera pas forcément ici, et inversement » indique Philippe Grelon, expatrié à Hong Kong pour Véolia et responsable de ce comité. Outre les coûts importants, la difficulté à trouver et garder sa main-d’œuvre est un souci récurrent de nombre d’entreprises…

Plusieurs structures d’entraide et d’accueil, social et professionnel, existent et sont très actives : Ubifrance, le Service économique, la Chambre de commerce française (FCCIHK), Hong Kong Accueil, Le Fonds d’entraide des Français de Hong Kong, le Fonds associatif de solidarité de l’UFE (Union des Français de l’étranger), le Fonds des amis du lycée (au Lycée français International de Hong Kong). À tel point qu’il est difficile de se sentir isolé en tant que Français à Hong Kong, tant la communauté est visible et audible notamment à Stanley, quartier de prédilection des expatriés français, mais aussi dans les ascenseurs de Pacific Place 3 à Admiralty, où la Société Générale occupe plusieurs étages, ou encore aux abords de l’IFC à Central, adresse de Bnpparibas…

F.d.C.

Parakito : proche de ses fournisseurs et de ses clients

Quand, en 2006, s’est présentée l’opportunité de racheter l’entreprise française Parakito, qui faisait des bracelets anti-moustiques à base d’huiles essen- tielles, Olivier Partrat venait tout juste de décider de partir à Hong Kong, avec femme et enfants, pour y baser sa société de packaging Vega, laquelle produisait en Chine et vendait en France.

À l’époque, la société Parakito vendait ses bracelets dans environ 500 pharmacies en France et en Europe. « Dès le début, nous avons eu l’ambition de développer le produit dans le monde entier. Mon implantation à Hong Kong était cohérente avec notre vision de distribution globale » indique Olivier Partrat, associé à deux amis, l’un basé à Paris, l’autre à Singapour.

Chacun a d’abord gardé son emploi. « Vivre à Hong Kong, surtout en famille est extrêmement cher : loyer, écoles, mutuelles de santé. On ne survit pas longtemps sans revenus ». Quant aux salaires des personnels, ils sont comparables à la France, mais il n’y a aucune charge sociale, hormis les 1 000 dollars de Hong Kong (HKD, environ (100 euros) de contribution obligatoire au fonds de pension, le MPF (Mandatory Provident Fund).

S’ensuivirent les travaux de développement pour mettre au point un bracelet plus attrayant, qui serait désormais fabriqué en Chine, au gré de 17 étapes d’assemblage et de couture, alors que la plaquette détentrice des huiles essentielles serait toujours faite en France, dans une usine en Normandie avec des huiles fabriquées à Avignon. Le secret de fabrication permet à la plaquette de diffuser l’effet actif de l’huile essentielle pendant 15 jours, contre quelques secondes seulement quand elle est appliquée directement sur la peau ou diffusée dans l’air. Le produit, avec un nouveau bracelet et un nouveau packaging, est lancé en janvier 2008 en France et en Espagne, où il avait déjà les autorisations de distribution. L’entreprise est alors à la limite de sa survie. Mais le marché répond. Et au gré des recettes, les trois dirigeants choisissent d’automatiser et de robotiser l’usine française, située dans le Perche, où se fait la fameuse injection plastique. Cinq ans plus tard, en janvier 2013, le cap des 10 millions de plaquettes a été franchi avec succès. Le produit est en vente dans 40 pays. Des 500 points de vente d’origine en France, Parakito est passé à 20 000. L’Australie vient de lui ouvrir ses portes après deux ans de négociations. Les deux prochains marchés convoités sont les États-Unis et le Brésil.

« L’implantation à Hong Kong a beaucoup aidé notre prospection régionale et mondiale. Tous les distributeurs sont ici car c’est un énorme carrefour » affirme Olivier Partrat. Pour le moment, l’entreprise assemble et emballe ses bracelets chinois avec la plaquette faite en France, à Shenzhen, à la frontière de Hong Kong du côté chinois. Mais une relocalisation en Tchéquie est à l’étude. « Pour un produit global, avoir un pilier de son dispositif général à Hong Kong est idéal » conclut Olivier Patrat.

La proximité de la Chine peut aussi servir pour d’autres raisons, que Parakito avait mal anticipées : la contrefaçon. Dès 2009, à peine le nouveau Parakito était-il sorti qu’une copie était en vente sur AliBaba. En Grèce, on trouve de l’« antikito », en France du « No piqûres », présenté de manière rigoureusement identique au Parakito. Pour cela, Hong Kong dispose d’un arsenal d’avocats spécialisés dans la propriété intellectuelle et de services divers de lutte contre la contrefaçon.

F.d.C.

Delabie : une base à Hong Kong pour accélérer ses développements en Asie

La PME Delabie, fondée dans les années 1920 en Picardie et spécialisée dans les équipements sanitaires pour collectivités, a fait le pari, depuis janvier 2013, d’ouvrir un bureau à Hong Kong et d’y envoyer un expatrié, Sebastien Jeux, lequel a depuis embauché un commercial local, Ho Siu Ming.

« C’est avant tout pour se rapprocher de nos clients » explique Loïc Piquard, directeur des ventes export. Delabie vend déjà dans 70 pays et dispose de bureaux ou de filiales commerciales en Europe (en Angleterre, Allemagne, Pologne, Benelux, Portugal, Moyen Orient). Mais les longs trajets –13 heures de vol pour Hong Kong, plus de 22 heures pour l’Australie –, la fatigue du décalage horaire, les contraintes de temps, autant d’éléments qui nuisaient à la nouvelle phase de développement en Asie que l’entreprise souhaitait.

Delabie était déjà présente en Australie et en Nouvelle Zélande depuis une vingtaine d’années et elle est également établie en Malaisie et en Indonésie. Mais avec des marchés plus mûrs et davantage sensibilisés à la qualité, Delabie a voulu « envoyer un message fort » sur son engagement vis-à-vis de cette région. L’équipement sanitaire destiné aux collectivités est un marché pointu et en même temps relativement hétérogène. Les contraintes d’utilisation intensive, d’économies d’eau, d’hygiène et de contrôle des bactéries, de sécurité (eau chaude), de même que les problématiques de vandalisme, ne sont pas les mêmes dans un hôpital, un aéroport ou une prison. D’un pays à l’autre, on retrouve des demandes similaires mais chaque pays a ses particularités. « À Hong Kong, les chasses d’eau utilisent de l’eau de mer et les gens sont très soucieux de ne pas avoir de contacts manuels… » indique Sébastien Jeux, directeur des ventes Asie.

« Je pense qu’en Asie, le label France est reconnu, même dans l’industrie, poursuit-il. Bien qu’on ne soit pas dans les produits de luxe, dans notre petit marché, les professionnels savent que l’on a un savoir-faire historique, par exemple en robinetterie à fermeture automatique. »

C’est donc parce qu’elle croyait au potentiel de cette zone pour leurs produits, et parce qu’elle a estimé que pour un Européen il est bien plus facile de s’installer à Hong Kong qu’en Chine continentale, que l’équipe dirigeante de Delabie a fait le choix de Hong Kong. « On a reçu une très bonne assistance de la Chambre de commerce. Ils nous ont aidé dans le choix du statut d’entreprise, des partenaires pour notre comptabilité. Étant une PME, nous souhaitions travailler avec des partenaires à notre dimension » indique Loïc Piquard.

Les coûts supplémentaires que représentait cette décision ont été analysés : contrat d’expatriation intégrant un logement, location de bureaux, embauche d’un commercial local. Mais pour l’entreprise, il s’agit d’une nouvelle organisation et elle ne s’attend pas à un retour sur investissement immédiat. « Dans un an, il sera temps de faire le bilan. Mais on a déjà des signes positifs » affirme Loïc Piquard, qui indique que Delabie a mis en place une petite unité dans l’usine française pour adapter certains produits à la demande asiatique. « Il s’agit de faire tout ce qu’il faut pour réussir ».

F.d.C.

Stan Café : un avant-goût du terroir français pour les gastronomes hongkongais

Emmanuel Vallier est arrivé pour de bon à Hong Kong en 2010, pour la première fois en famille. Car cela faisait déjà douze ans qu’il y venait une dizaine de fois par an.

À l’époque, il dessinait des semelles et des chaussures pour des marques françaises et italiennes. Aujourd’hui, il dirige le bistrot, épicerie fine, boulangerie et traiteur « Stan Café », où l’on sert « de la vraie cuisine de tradition », du confit de canard gras à l’andouillette, où la baguette est cuite 5 à 6 fois par jour et où le beurre vient des barattes de Pascal Beillevaire… La haute couture du terroir. Ses produits ne viennent que de petits producteurs qu’il connaît directement ou indirectement. Il se fait livrer une fois par semaine de Rungis. « On achète tout comme si c’était en France » explique-t-il, y compris la farine de son pain. Seules exceptions, les fraises et les framboises, « meilleures en France mais trop fragiles pour le voyage ».

Il a claqué la porte de la France sur ce qui ressemble à un coup de tête et qui d’après lui était un grand ras-le-bol : « ras le bol de se tuer au travail pour payer trop d’impôts, ras le bol des mentalités aussi… ». Il a fermé son entreprise française « tout vendu » et a voulu tenter sa chance à Hong Kong, dans un environnement différent. Avec son associé hongkongais de longue date, il lance d’abord « L’estafette », de la vente en ligne de fromages et charcuterie. « Les gens ont été séduits » dit-il. En mai 2012, il ouvre le Stan café, 200 m2 sous des hauts plafonds et une belle vue dégagée sur les hauteurs de Stanley, un village touristique du sud de l’île de Hong Kong, entouré de plages et peuplé par une concentration particulièrement élevée de Français. « Ce fut un très gros investissement », admet Emmanuel Vallier qui a pu s’assurer un bail de 5 ans, une rareté à Hong Kong. Il passe vite sur les déboires mais il en a eus. Et pas de vacances pendant deux ans.

La plus grosse difficulté qu’il a rencontrée dans son entreprise ce fut le personnel : hyper mobile, peu qualifié et parlant mal l’anglais. « Certains démissionnent pour partir en vacances. Après ils reviennent. Ils savent qu’ils retrouveront du boulot ». Un jour toute son équipe est partie en bloc. Il a failli jeter l’éponge. D’autant que les coûts fixes sont très élevés. « La pression des loyers pousse beaucoup de restaurateurs à faire des coupes dans la qualité des produits mais moi je ne fais pas de concession sur la qualité. » Le transport froid de la marchandise est un autre poste lourd. Ce qui le motive, c’est de voir que petit à petit, les Hongkongais, curieux de nature, apprécient de plus en plus ce qu’ils découvrent chez lui. « Aujourd’hui 80 % de notre chiffre, ce sont des Asiatiques, c’est bon signe ». La concurrence ne lui fait pas peur mais elle est tout de même rude. Dans le centre commercial où il opère, on peut trouver 6 baguettes de pain différentes… « Je n’ai jamais autant travaillé de ma vie mais je ne suis pas venu ici pour me tourner les pouces. Je suis venu à Hong Kong pour partager ma passion, gagner de l’argent et payer des impôts à un taux raisonnable. Mais c’est un challenge et il ne faut jamais crier victoire trop tôt. »

F.d.C.

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