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Guide business Côte d’Ivoire 2018 : questions à Stanislas Zézé, P-dg de Bloomfield Investment

 

 

 

 

 

 

Le Moci. La Côte d’Ivoire est encensée pour sa croissance économique retrouvée et son environnement des affaires amélioré. Est-ce justifié ?
Stanilas Zézé. Oui, si on prend en compte les agrégats économiques, financiers et un certain nombre de réformes effectuées. Depuis 2012, la Côte d’Ivoire jouit d’un taux de croissance qui figure parmi les plus élevés au monde avec une moyenne de 8 % par an. L’environnement global des affaires est attractif, même s’il y a encore beaucoup d’efforts à faire du point de vue de la gouvernance et l’état de certaines infrastructures économiques et sociales. Je pense que si toutes les propositions de réformes en cours sont effectivement concrétisées, on pourrait anticiper dans les années à venir un autre miracle économique ivoirien. Mais pour cela, il faut une vraie volonté politique et une planification à long terme dans un cadre sociopolitique apaisé et équilibré. Il existe deux autres limites aux conséquences positives de cette croissance économique ivoirienne. La première, c’est qu’elle ne semble pas être inclusive et profite surtout aux grandes entreprises. Elle ne profite qu’à la classe moyenne et au-dessus. La seconde est que l’activité économique est concentrée dans la capitale économique qui représente près de 60 % du produit intérieur brut. Donc, les répercussions de cette croissance ne se font pas ressentir à l’intérieur du pays. Le gouvernement ivoirien gagnerait à décentraliser cette économie de sorte à créer des centres économiques dans les villes majeures du pays par le biais d’une décentralisation effective de l’administration centrale et du dispositif économique.

 

Le Moci. Quels sont les problèmes des PME ivoiriennes ?
S. Z. Elles ont trois problèmes majeurs. Le premier se résume à leur structuration, leur gouvernance et leur performance qui souffre généralement d’une certaine faiblesse. Le second concerne leur accès aux marchés publics et le troisième c’est l’accès au financement. Le paradoxe des PME ivoiriennes c’est qu’elles sont faibles dans une économie forte et résiliente. La majorité des PME ne se donnent pas les moyens de réussir, car elles sont encore dans une logique et une culture d’assistance. Elles n’essaient pas d’influencer leur écosystème mais le subissent plutôt. Il y a un gros travail de changement de mentalité à opérer pour que les PME deviennent plus performantes et plus efficaces et, par voie de conséquence, plus compétitives et aussi plus attractives pour les investisseurs. L’environnement des affaires peut aussi malheureusement être un handicap au développement des PME. Entre lourdeurs administratives et système judiciaire qui, malgré des avancées appréciables, demeurent un maillon faible dans le dispositif de l’environnement des affaires, les PME ont du mal à se retrouver. Je pense que la dématérialisation effective de l’administration et une indépendance plus affirmée de la justice pourraient certainement contribuer à renforcer l’efficacité des PME.

 

Le Moci. Les acteurs économiques s’inquiètent des tensions politiques qui ne cessent de monter. Qu’en pensez-vous ?
S. Z. Cette inquiétude est légitime vu la dégradation de l’environnement sociopolitique auquel nous assistons. Cela dit, il est important de relativiser les choses et d’avoir une autre lecture des évènements. Il me semble que nous assistons à une transformation profonde de la mentalité politique des Ivoiriens et de l’environnement sociopolitique. Pour rappel, aux dernières élections législatives, les indépendants ont raflé le tiers des sièges au parlement. Cela est une situation inédite dans un pays ou la politique est dominée par des partis politiques. Les électeurs ont bien montré que désormais ils feront leurs propres choix en prenant en considération leur propre opinion des candidats et non pas en suivant ce que leur disent les partis politiques. Cet état de choses se manifeste également dans la configuration de l’environnement politique dans lequel nous avons trois grands partis qui se partagent la majorité des électeurs. Aujourd’hui, il faut absolument la combinaison de deux partis pour former une majorité. En 2020 c’est bien une coalition de deux des trois partis qui aura la majorité. Donc en ce moment on assiste à une redistribution des cartes et ce jeu va durer jusqu’en 2020. Les alliances se font et se défont. À Bloomfield nous n’anticipons pas de conflit militaire dans le moyen terme même si la tension politique va certainement s’exacerber. Nous mettons tout ceci sur le coup du processus de mutation de la culture politique en Côte d’Ivoire. Sur le plan sécuritaire, il me semble que la Côte d’Ivoire a montré sa capacité de résilience et sa réactivité vis-à-vis d’attaques terroristes extérieures. L’indice des Nations Unies la place dans une catégorie plutôt acceptable.

Propos recueillis par François Pargny

 

 

 

 

 

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