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Guide business Côte d’Ivoire 2018 : Gilles Cardona, président du comité Côte d’Ivoire des CCEF

 

 

 

 

 

 

Le Moci. La Banque mondiale a annoncé, le 31 octobre, que la Côte d’Ivoire avait gagné 17 places dans le rapport Doing Business 2019, en occupant la 122e place sur 190 économies classées. Êtes-vous surpris ?
Gilles Cardona. Non, le progrès est réel. La Banque mondiale a même classé la Côte d’Ivoire dans le Top 10 des pays les plus réformateurs. C’est la volonté du président et du gouvernement ivoiriens. La proportion de marchés de gré à gré a diminué, il y a de plus en plus d’appels d’offres qui sont bien structurés, l’outil administratif se modernise et l’accès de l’entreprise est facilité, grâce au travail du Cepici (Centre de promotion des investissements en Côte d’Ivoire). Pour autant, il y a toujours mieux à faire : rendre des appels d’offres plus clairs ou lancer des appels d’offres dans les infrastructures plus classiques. Avec l’ambassade de France, le Service économique et l’Équipe de France en général, nous sommes très vigilants à cet égard. Pour le C2D (contrat de désendettement et de développement), il peut arriver qu’il n’y ait pas de soumissionnaires français, surtout pour des raisons de localisation, quand les chantiers sont éloignés et n’intéressent pas les majors. Il faut se mobiliser pour que les affaires ne nous échappent pas.

 

Le Moci. Patron d’une PME de matériels et d’équipements industriels, Soudotec, vous avez pu constater le renforcement de la concurrence ? En a-t-on pris pleinement conscience côté français ?
G.C. On est un peu resté sur des modèles anciens et on a du mal à parler le langage attendu. On demande aux entreprises françaises d’être plus dynamiques, donc plus conquérantes, car il n’y a plus de chasse gardée. La concurrence est réelle. Elle n’est pas forcément efficace, mais leur offre l’est. La Chine arrive avec des projets structurants déjà financés. La France en prend conscience et c’est ce qu’elle a fait dans le cas du train urbain (ou métro) d’Abidjan. C’est important, car il y a beaucoup de projets à l’heure actuelle, alors que c’était moins vrai fin 2017, dans l’énergie – solaire, biomasse – et les infrastructures. Pour les entreprises françaises, il faut penser à faire des partenariats, comme je l’ai défendu auprès de Jean-Yves Le Drian, lors d’un petit-déjeuner avec une cinquantaine de représentants économiques, lors de son passage à Abidjan, du 17 au 19 octobre. Je disais alors au ministre de l’Europe et des affaires étrangères que je me trouvais dans une position un peu schizophrénique, puisqu’en tant que CCEF je dois aider nos PME à s’implanter, mais que comme patron d’une PME sur place, je faisais alors entrer la concurrence.

 

Le Moci. En définitive, est-il difficile pour une PME française de faire des affaires ici ?
G.C. Quand il y a des missions régionales ici, sauf s’il y a un marché bien identifié, nous prévenons nos interlocuteurs français que c’est dur. Pour le train urbain, la France va être gagnante avec ses technologies. Mais je pense aussi qu’il faut s’appuyer sur les équipes et compétences locales. C’est pourquoi nous avons prévu d’organiser une réunion à Abidjan avec des sociétés locales, qui pourront faire part de leurs compétences et leurs intérêts pour ce chantier. Il faut que les bénéfices ne soient pas seulement pour les entreprises étrangères, mais aussi les sociétés locales. La Côte d’Ivoire dispose d’un tissu industriel très large, extrêmement dynamique, avec beaucoup de volonté, et il y a un foisonnement de nouvelles entreprises. Avoir une tête de pont sur place, c’est plus simple, car on gagne du temps sur le plan commercial, administratif et sur les pratiques locales.

 

Le Moci. La Banque mondiale a sorti en janvier un rapport intitulé « Aux portes du paradis. Comment la Côte d’Ivoire peut rattraper son retard technologique ? ». Qu’en pensez-vous ?
G.C. C’est vrai que pendant les 15 dernières années beaucoup de jeunes Ivoiriens sont partis étudier en Europe et aux États-Unis. Ils y sont restés et les faire revenir, c’est difficile, surtout dans les nouvelles technologies. C’est vrai aussi que dans ce grand pays agricole, la transformation est faible. Une seule usine de transformation du cacao, française en l’occurrence, Cemoi, c’est peu quand on est le leader mondial du produit. Dans l’anacarde, il y a quand même des projets, y compris français, de valorisation de la noix de cajou, de la récolte à l’ensachement. Cela dit, je travaille dans sept pays autour et je puis vous assurer qu’en termes de qualifications et de technologies, la Côte d’Ivoire est en avance.

Propos recueillis par François Pargny

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