fbpx

Secteurs porteurs : énergie, alimentation, infrastructures de transport…

Les projets publics et privés ne manquent pas. La classe moyenne fait émerger un nouveau type de consommation, l’État essaie de remédier au sous-investissement dans les infrastructures. Exportateurs et investisseurs doivent, toutefois, rester attentifs, évaluer la faisabilité des projets.

Energie : réduire le déficit en électricité

Document stratégique visant à transformer le Cameroun en un pays émergent, la Vision 2035 identifie l’énergie comme le principal goulot d’étranglement de l’économie.
Toutes les entreprises sont équipées de générateurs pour palier aux nombreuses coupures. Toutefois, dans l’énergie, la capacité électrique est passée de 923 mégawatts (MW) à 1 150 MW – ce qui fait que les délestages pour les ménages sont tombés d’une fois par jour à une fois par semaine, dit-on à Ubifrance – avec le lancement en avril-mai de la centrale à gaz de Kribi, d’une capacité de 216 MW. Parmi les réalisations importantes, il faut aussi noter la centrale à fuel de Dibamba, d’une capacité de 100 MW, dont AES Sonel, filiale à 56 % de l’américain AES (en négociation pour la reprise de ses parts avec le britannique Actis), s’est doté il y a déjà quelques années. Par ailleurs, Rodeo Development, filiale du britannique Victoria Oil & Gaz, déploie un réseau d’approvisionnement, comportant un tube d’alimentation pour les entreprises. Une vingtaine de sociétés auraient déjà souscrit à ce projet.
 
Enfin, le barrage de retenue de Lom Pangar est en cours de construction à l’est du pays. De cet ouvrage sur la rivière Sanaga, dépend en aval la réalisation de toute une série de barrages et centrales. Aujourd’hui, il est beaucoup question des barrages de Som Mbengue et Nachtigal. Tous ces ouvrages seraient d’autant plus indispensables, confie un acteur du système, que l’État « s’est engagé, sous peine de pénalités » auprès de Rio Tinto, qui a racheté Alcan en 1997, à fournir « un certain niveau d’électricité » à l’usine d’aluminium. En fait, cette usine absorberait 30 à 40 % de la production électrique actuelle.
 
Outre l’hydroélectricité (90 % de l’énergie), le fuel et le gaz plus récemment, le Cameroun pourrait aussi développer le photovoltaïque, surtout dans le Nord, où le climat et l’ensoleillement sont de type sahélien. On parle d’un grand projet de ferme dans cette région, le matériel provenant d’origines diverses (pas seulement chinoise !). À Yaoundé, Canopy, une société française de panneaux photovoltaïques, s’est installé avec deux Volontaires à l’international en entreprise (VIE). Enfin, Socopalm, filiale de Bolloré dans l’huile de palme, souhaite s’étendre dans la cogénération à base de biomasse. 

F. P.

Alimentation et vin : séduire une classe moyenne émergente

C’était une première : onze producteurs et négociants de l’Union des grands crus de Bordeaux au Cameroun à la recherche d’importateurs et de distributeurs à Douala et Yaoundé. Étonnant ? 
Pas du tout, explique-t-on chez Ubifrance, à Douala : « il s’agit du premier pays importateur de bordeaux en Afrique ». Et même si dans l’agroalimentaire, la Chine se développe et gagne des parts de marché, la France reste numéro un dans le vin ou le blé. « Or, en trois ans, le marché du vin a bondi de 30 % », note Gérald Petit, directeur du bureau Ubifrance pour l’Afrique centrale, qui ajoute : « pour les Camerounais, le vin c’est du rouge. Et le rouge, c’est bordeaux ». La classe moyenne camerounaise, dont une partie a vécu à l’étranger, apprécie aujourd’hui le vin et le fromage. Progressivement, elle grandit et les fournisseurs étrangers (turcs…) se diversifient. D’après une étude interne du Service économique régional (SER) à Yaoundé, la classe moyenne (revenu de 20 dollars par jour, soit plus de 30 à 40 % le revenu moyen) compose une part de 17 %. 

Une part suffisamment importante pour que la distribution évolue. Ainsi à Douala, « un supermarché à l’enseigne Mahima va ouvrir », rapporte Gérald Petit. Toujours dans la capitale économique du Cameroun, le groupe Arno a annoncé le lancement d’un supermarché le 12 décembre prochain, première étape dans la construction d’un mall, et le groupe Sohaing, propriétaire de l’hôtel Akwa, envisage la réalisation d’un complexe commercial et hôtelier dans le quartier Akwa. Enfin, dans le cadre de leur partenariat en Afrique, CFAO et Carrefour pourraient à terme implanter un supermarché à Douala. 

Parallèlement, la transformation locale devrait se développer. Sans doute faut-il penser en priorité à produire plus, mais certaines initiatives, par exemple, dans le lait montre que la transformation est possible. D’autant que la qualité peut être au rendez-vous. L’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (Oapi) vient ainsi d’attribuer au poivre de Penja et au miel blanc d’Oku l’appellation d’Indication géographique protégée (IGP). 

F. P.


Horticulture : transformer un potentiel immense


Tout en hauteur, le Cameroun possède ainsi plusieurs microclimats, ce qui explique qu’on y produise des fruits du 1er janvier au 31 décembre. 

« Les produits phare sont l’ananas, qui est essentiellement exporté, et le manioc, consommé sous forme de bâton ou de tapioca par la diaspora », explique Florent Onguene, président du Réseau de la filière horticole du Cameroun (Rhorticam) et de la section Cameroun de l’Association Afrique Agroexport (Aafex, siège à Dakar, fondé pendant le Sial 2002), qui regroupe une centaine d’entreprises de 17 pays. 

« Aujourd’hui, poursuit-il, les ananas qui possèdent des défauts sont consommés sur le marché local. Mais si demain nous sommes capables d’accroître la production, ce qui est la priorité, comme le fruit de référence au Cameroun est l’orange ou la banane et non pas l’ananas, alors il sera possible de réaliser des jus de fruits ou des conserves ».

Vice-président de la section Cameroun de l’Aafex et directeur général de Rhorticam, Jean-Pierre Imélé est aussi le propriétaire de Biotropical, une PME de 115 salariés, disposant de 250 hectares (ha) en propre pour produire des bananes, des ananas et des espèces tropicales acclimatées, comme la grenadelle et le durian. Aujourd’hui, il cherche à diversifier sa gamme pour fabriquer plus de produits transformés : confitures, sirops, pâtes de fruits, fruits secs.

Biotropical est aussi le principal moteur d’un projet de 100 000 hectares de plantations de mangues dans tout le Cameroun. Plusieurs organismes internationaux, Fondation Grameen Crédit Agricole, Bio Belgium Overseas et Giz (Coopération allemande), souhaitent apporter leur soutien. Des producteurs indépendants sont déjà à la tête de 800 ha. « Peu importe qu’ils livrent ou pas Biotropical, ce qui importe c’est que cette initiative créé de l’emploi direct et indirect, par exemple, dans la chaudronnerie et la mécanique », jure Jean-Pierre Imélé, qui s’est récemment rendu à Paris pour recueillir les conseils en matière de bonnes pratiques et bonnes méthodes auprès du Gret (Groupement de recherches et d’études technologiques) et du Service international d’appui au développement (Siad).
 
L’horticulture camerounaise est une agriculture biologique, ce qui signifie que ses besoins en intrants sont limités au sulfate de potassium. « Aujourd’hui, nous recherchons des financements pour notre outil de transformation », souligne Jean-Pierre Imélé. « Où est la banque agricole dont on nous a parlé ? », interroge aussi Florent Onguene, qui regrette que les banques commerciales « ne soient pas outillées pour apprécier les besoins, évaluer les projets proposés, faute, notamment, d’aller sur le terrain ». Rhorticam a lancé une étude, portant sur la mutualisation des équipements par bassin au profit de ses membres, ce qui a amené ses dirigeants à se déplacer en Allemagne, en Inde, en France, où l’association est en contact étroit avec l’Adepta (Association pour le développement des échanges internationaux et techniques agroalimentaires). En Picardie, une délégation de Rhorticam a pu effectuer, sous l’égide de l’Association Afrique Agroexport (Aafex), une visite en Picardie de la coopérative OPL Vert pour s’imprégner des bonnes pratiques de travail avec l’industriel Bonduelle et en Lorraine de la société OP Vega, qui transforme sa production de mirabelles. 

F. P.

Infrastructures de transport : identifier les bons projets

Le Cameroun disposerait de 50 000 kilomètres de routes, dont 10 % de voies bitumées. D’où l’intérêt des bailleurs de fonds pour des projets d’évacuation des produits agricoles ou à vocation régionale. 
Dans le « rapport combiné de revue à mi-parcours du document de stratégie pays 2010-2014 et de revue de performance du portefeuille pays », présenté le 18 septembre, la Banque africaine de développement (Bafd) se félicitait de la réalisation d’une liaison permanente entre Douala et Ndjamena (Tchad) et entre Douala et Bangui (Centrafrique) et d’au moins 50 kilomètres de routes aménagées et revêtues sur l’axe Bamenda-Ekok, ville frontalière avec le Nigeria, ce qui devrait favoriser les échanges bilatéraux. « La Banque est aussi très active à l’intérieur pour désenclaver le Cameroun, avec par exemple la route Yoko-Ngaoundéré », explique son représentant résident Racine Kane, selon lequel sur un portefeuille de 430 à 460 milliards de francs CFA (650 à 700 millions d’euros), elle consacre 79 % de ce montant au secteur du transport.
 
Dans le rail, le ministère de l’Économie a confié à un cabinet d’études coréen de réaliser le schéma directeur ferroviaire, ce qui devrait générer la construction de voies, comme la liaison entre Edea et Kribi. Un handicap majeur au développement des projets miniers est justement l’absence de liens ferroviaires. Camrail (Bolloré) rénove aussi les voies qu’il gère.

Par ailleurs, le Cameroon Tribune annonçait fin septembre un projet d’extension du chemin de fer camerounais à partir du terminus de Ngaoundéré, avec un prolongement, comme première hypothèse, jusqu’à à la ville tchadienne de Moundou (400 kilomètres), et, comme deuxième hypothèse, jusqu’à la capitale tchadienne N’Djamena, via Garoua et Maroua (voir la carte, page 16). 

Enfin, la perspective d’un tramway à Yaoundé et Douala intéresse Alstom Transport. Quant à doubler la liaison ferrée entre Edea et Kribi avec une autoroute, les observateurs s’accordent sur le fait qu’elle est indispensable, mais pas avant quatre à cinq ans.

Dans le secteur portuaire, comme le port d’estuaire de Douala ne peut pas recevoir les plus gros navires et sera saturé vers 2018-2020, deux projets d’ouvrage en eau profonde sont annoncés. Le plus avancé, en construction au sud à Kribi, nécessite, en outre, la réalisation de voies d’accès, d’un terminal minéralier et d’un chemin de fer de 500 km permettant d’acheminer le fer de la mine de Mbalam que l’australien Sundance Resources veut développer conjointement avec un autre projet minier de l’autre côté de la frontière congolaise. L’investissement global représenterait 10 milliards de dollars. S’agissant des voies d’accès, l’entrée Est du port est dévolue à Razel et les travaux, financés avec un prêt de 60 millions d’euros de l’Agence française de développement (AFD), doivent débuter au début de l’année prochaine. S’agissant de l’accès Ouest, Bouygues, Razel et Sogea Satom vont se disputer un marché doté d’un prêt de 74 millions de l’AFD. L’appel d’offres devrait être lancé fin 2013-début 2014. Reste que la construction du port étant maintenant à moitié achevée, on se rend compte que le constructeur a réalisé un projet à minima et que si le Cameroun souhaite transformer Kribi en hub régional, il faut déjà penser à une extension. Or, de Kribi 2, il n’est pas question. Quant au projet minier de Mbalam, Sundance, n’ayant pas les reins assez solides, s’était associé à une entreprise chinoise, qui, finalement, s’est désistée il y a cinq mois, ce qui rend ce projet, qui constituait dans ce domaine la vitrine du Cameroun, improbable à court terme.
 
Dans le domaine des infrastructures, les interrogations sont nombreuses, comme dans le cas de l’autoroute Douala-Yaoundé attribué de gré à gré à l’entreprise chinoise China First Highway Engeneering Company (Cfhec). Les mauvaises langues affirment que sur un total de 300 km prévus, seul un tiers aurait fait l’objet d’une étude préliminaire sérieuse. En revanche, le terminal à conteneurs semble promis à un meilleur avenir. Bolloré semble le mieux placé pour arracher ce marché, mais Necotrans n’a sans doute pas dit son dernier mot.
Le second projet de port en eau profonde à Limbé, au sud-ouest du Cameroun paraît un peu lointain, tant que celui de Kribi n’est pas réalisé. Le marché a été accordé de gré à gré à un groupe coréen. Afko Cement a prévu d’adosser une nouvelle cimenterie à ce port, où doit être construit un quai minéralier pour importer le clinker. Par ailleurs, l’allemand Ferrostaal devrait s’engager sous peu à investir lourdement dans une usine d’engrais sur place. 

F. P.

Sécurité informatique : un marché encore vierge
À mesure que le marché informatique migre du matériel vers les solutions logicielles, la sécurisation des droits est devenue une préoccupation majeure. « Le marché est vierge, il faut venir tout de suite », explique-t-on à Ubifrance. 
La langue étant importante dans les logiciels, les Français disposent ainsi d’un atout majeur. À condition évidemment de le jouer. 

F. P.

Les priorités sectorielles de la Vision 2035
Dans le cadre de son document stratégique Vision 2035, qui vise à transformer à cet horizon le Cameroun en une économie émergente, le ministère de l’Économie et de l’aménagement du territoire (Minepat) fixe comme première priorité sectorielle l’alimentation. D’après le Minepat, la révolution agricole doit aboutir à l’autosuffisance alimentaire, à la création d’une classe moyenne « nécessaire à la relance de la demande interne ». « Mais pourquoi faut-il attendre 2035 ? », s’étonne Florent Onguene, qui préside le Réseau de la filière horticole du Cameroun (Rhorticam) Selon lui, s’il y a « une volonté politique » en matière de « gestion du foncier, des infrastructures, de transformation et conservation et un volet financier dédié, alors l’autosuffisance peut être atteinte en dix ans ». Deux autres priorités sectorielles sont clairement affichées : « le développement des industries extractives », avec « au départ » les filières « hydrocarbures (pétrole et gaz), bauxite – alumine-aluminium, fer-acier et nickel-cobalt ; et « la compétitivité des filières à fort potentiel de croissance et de création d’emplois », qui doit faire l’objet de « programmes spécifiques ». Seront concernés, « au départ », le bois, le tourisme, les technologies de l’information et de la technologie, industries auxquels pourront s’ajouter, « en fonction des opportunités », l’agroalimentaire, le textile, le cuir ou les matériaux de construction. 

F. P.

Dernière édition

Bienvenue !

Connectez-vous

Créer un compte

Merci de compléter le formulaire

Réinitialisez votre mot de passe

Veuillez saisir votre nom d'utilisateur ou votre adresse e-mail pour réinitialiser votre mot de passe.