fbpx

Trois questions à Samir Hadj Ali, associé directeur du cabinet d’audit et de conseil Mazars Algérie

Le Moci. Depuis 2009, la réglementation sur l’investissement a fait l’objet de nombreux ajustements. Comment réagissent les acteurs privés ?

Samir Hadj Ali. En fait, les premières réformes ont été introduites très rapidement, si bien que les opérateurs, locaux comme étrangers, ont été un peu surpris. En France, on s’est beaucoup concentré sur la règle du 51/49, qui oblige tout opérateur étranger à céder la majorité d’un projet d’investissement à des intérêts algériens. Faute d’explications suffisantes, elle a été mal comprise et donc critiquée. 

Mais aujourd’hui que le principe est accepté par les investisseurs, les opérateurs étrangers se recentrent sur l’essentiel, c’est-à-dire la recherche d’un ou de partenaires algériens fiables. Parallèlement au 51/49, d’autres mesures, parfois assez lourdes pour les PME étrangères ayant investi sur place, comme le crédit documentaire, ont été introduites. Au point que certaines PME ont réduit ou gelé leur activité et que d’autres ont quitté l’Algérie. Pour financer leurs crédocs, les PME ont eu recours à des emprunts auprès de leurs maisons mères. Très rapidement, la Banque d’Algérie a interdit les prêts d’actionnaires, comme ceux d’une filiale auprès de sa maison mère et a incité les filiales à augmenter leur capital, au risque d’être surcapitalisées. Les remboursements d’emprunts ont été assouplis pour certains dossiers, étudiés au cas par cas, mais les montages financiers pour le support des activités restent élaborés et parfois complexes.

Le Moci. Le Code des marchés publics a aussi fait l’objet de plusieurs ajustements. Il semble que les opérateurs étrangers aient été perturbés. Qu’en est-il exactement ? 


Samir Hadj Ali. Il est vrai qu’au départ le Code obligeait le soumissionnaire étranger à un appel d’offres à investir avec un partenaire algérien identifié. Cette règle a été ajustée parce que, dans certains cas, elle bloquait l’investissement. Ce sont les tutelles, c’est-à-dire les services économiques d’appui des ministères, qui décident dorénavant de la nécessité ou non du partenariat. Elles apprécient donc au cas par cas, en fonction de l’utilité du partenariat pour l’économie algérienne. Par exemple, dans le BTP il est relativement facile de trouver des partenaires algériens. 

En revanche, c’est plus difficile dans les nouvelles technologies. De plus, dans certains domaines de forte innovation, les opérateurs internationaux préfèreront investir dans d’autres pays que de livrer leurs droits de propriété et leurs brevets à des partenaires algériens. Aux autorités de tutelle donc d’apprécier. 

Quant à la préférence nationale, qui est aujourd’hui de 25 %, dans la pratique, peut-on vraiment toujours l’appliquer ? Certains appels d’offres vont obligatoirement concerner des domaines sans expertise locale. Il se peut aussi que les entreprises algériennes, pour une raison indéterminée, ne répondent pas à un appel d’offres. C’est la pratique qui compte et il faut aux investisseurs comme à l’administration du temps pour comprendre et assimiler les textes. 

Le Moci. Est-ce que le partenariat public-privé est un modèle très utilisé en Algérie ?


Samir Hadj Ali. Les contrats de partage de production dans les hydrocarbures sont déjà des PPP. Ce modèle est également utilisé pour les grands projets, par exemple pour les unités de dessalement d’eau de mer. Le partenariat entre entités publiques et privées est aussi possible sous forme de joint-venture dans le cadre du 51/49. Dans les assurances par exemple, c’est le cas d’Axa, qui se lance aujourd’hui sur le marché algérien, en partenariat avec le Fonds national d’investissement (FNI) et la Banque extérieure d’Algérie.

Propos recueillis par F. P.

Dernière édition

Bienvenue !

Connectez-vous

Créer un compte

Merci de compléter le formulaire

Réinitialisez votre mot de passe

Veuillez saisir votre nom d'utilisateur ou votre adresse e-mail pour réinitialiser votre mot de passe.